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Critique de florigny


Graham Hurley ne se laisse pas apprivoiser facilement. Sans complaisance pour ses lecteurs, il leur demande un effort d'attention pour entrer dans ses intrigues complexes. “Le paradis n'est pas pour nous” n'échappe pas à cette règle, il faut s'accrocher un peu au départ avant que la cartographie des personnages et des chemins de traverse qui les relient se dessine dans toute sa précision. Il faut faire preuve d'un peu de patience pour que la magie opère.


Bienvenue à Portsmouth, Pompey pour les footballeux, que le thatchérisme a plongé dans la récession, la misère, le chômage. Graham Hurley offre à ses lecteurs une galerie de personnages représentative d'une époque troublée, d'une société en soins palliatifs, d'un monde dans lequel la pauvreté galopante du plus grand nombre sert à alimenter la richesse souvent sale de quelques-uns.


Au premier plan, Joe Faraday, policier aux nombreuses heures de vol, désabusé, qui peu à peu perd la foi dans ses missions. Il ne parvient plus à déplorer totalement le meurtre d'une petite frappe de quartier qui semait la terreur parmi ses habitants aidé par son clébard dressé pour tuer. Il a du mal à admettre que les actes d'incivilité soient acceptés comme une petite musique d'ambiance. Faraday appartient à une espèce en voie d'extinction, celle du flic incorruptible. “Il s'habille comme un clochard et conduit une Mondeo qui aurait dû partir à la casse il y a des années déjà. C'est un original. Il se moque sincèrement de toutes les conneries que veut nous vendre la société de consommation”. Il s'adonne à l'ornithologie, aime observer des mésanges à moustaches, des gobe-mouches noirs et des merles à plastron.


Dans cette enquête, Joe Faraday croise Bazza Mackenzie, gloire locale de la pègre, qui a érigé sa fortune sur le trafic de drogue, sur des magouilles immobilières de haut vol, qui a su tisser des liens souterrains avec tout ce que la politique compte de pourris jusqu'à la moëlle. Pour l'heure, le mafieux veut se refaire une virginité en créant une fondation, un truc de voyou pour échapper aux impôts.


Rien n'est blanc ou noir dans cette histoire et c'est bien ce qui génère une intense réflexion, voire un certain trouble. le paradis n'est pas pour nous se lit comme un documentaire, qui mieux que le meilleur reportage montre comment la porosité, le manque d'étanchéité entre deux mondes qui devraient se combattre font prendre l'eau de toutes parts à une société en plein naufrage. Il s'agit d'un roman désenchanté, désillusionné. Mince, j'ai omis de parler de la difficile enquête que doit résoudre Joe Faraday. J'aurais peut-être dû puisqu'il s'agit d'un roman policier. Mais pour moi, c'est surtout un grand roman sociétal.
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