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Critique de nilebeh


Ce livre, écrit par Taha Hussein en 1927 pour la première partie et en 1939 pour la seconde, est publié par Gallimard précédé d'une préface d'André Gide en 1947. Il s'agit d'une autobiographie rédigée à la troisième personne, le narrateur se désignant par « l'enfant », « notre jeune ami », « l'étudiant ».
« L'enfant », donc, vit dans un petit village de la Haute Égypte, au bord du canal. Il écoute « le chant du poète », cet homme errant qui chantait l'épopée de personnages fabuleux à l'époque des Fatimites. Il observe les animaux, les mouvements dans son environnement, il perçoit les parfums, les sons, la chaleur et le vent. « L'enfant est aveugle ». On le fait rentrer le soir pour l'installer sur sa natte, dans un coin de la maison. Son sort va se répéter car plus tard aussi, quand il sera au Caire, dans un immeuble peuplé d'étudiants, on le « posera » dans un coin, vers la fenêtre, tandis que les voyants iront à leurs cours ou partiront à leurs soirées de discussion.
Le héros est un observateur critique du monde, rempli de l'appétit de savoir, de comprendre. Il n'aura de cesse qu'on ne l'envoie étudier le Coran d'abord au village, puis à l'Université du Caire, le célèbre « el Azhar », où se pressent étudiants et enseignants dans une ardente recherche de connaissances sur les textes anciens. On lit, on psalmodie, on chante les textes, on les critique, de vrais combats d'éloquence critique ont lieu, c'est un monde intellectuel plein d'effervescence que découvre l'élève devenu étudiant. Pourtant, il rage devant la médiocrité, la corruption, les rivalités entre professeurs. Sans compter les petites méchancetés dont il est l'objet, lui qu'on appelle « l'aveugle ».
Il y a dans ce livre une dimension humaine très touchante, l'enfant d'abord nous attendrit, nous amuse par ses facéties et sa malice, puis le jeune homme nous impressionne par ses qualités intellectuelles, sa mémoire fabuleuse et l'éclat de son intelligence.
Mais ce livre est aussi une mine de connaissances sur les textes arabes anciens d'auteurs multiples, poètes, exégètes, historiens, savants, érudits de tout le Moyen Orient et du Maghreb. Mais au-delà de la connaissance s'exprime une critique permanente de l'enseignement religieux qui semble se limiter à cette seule question : « Sait-il bien son Coran ? ». Gide reprend cet aspect dans sa préface, regrettant que dans l'Égypte d'alors, « la Science soit emprisonnée dans des sourates dont elle fait de chaque verset un verrou ».
La remarque ne manque pas de modernité...
Taha Hussein est devenu le philosophe et l'écrivain le plus brillant d'Egypte, auteur de nombreuses traductions en arabe (dont Sophocle et Racine). « Le Livre des Jours » est un livre précieux à lire et relire lentement, comme un nectar d'intelligence.
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