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Critique de xst


Ce récit est divisé en deux parties bien distinctes, le "Carnet Scordatura" et "La Sonate de la résurrection".

Fin XXème à New-York, Nadia, une Américaine d'une cinquantaine d'années, fait de sa vie un bilan négatif qu'elle exprime à travers son journal intime le Carnet Scordatura. le récit se déroule sur une année. Elle vit une crise identitaire qui la pousse jusqu'à modifier son prénom de Nadia en Nada (rien en espagnol et si on lit le livre en anglais, la disparition du i « I » (le « je ») est particulièrement frappante. Nadia a un jumeau mort-né qu'elle appelle Nothing ses parents ne lui ayant jamais donné de nom. Elle cherche à s'effacer et se dédouble à travers son daimôn, une créature imaginaire avec qui elle dialogue tout au long du carnet. le daimôn porte un autre regard sur sa vie, il la pousse à affronter son passé et ses mauvais souvenirs. Elle se replonge dans son enfance rythmée par la mort de son frère jumeau, les violences du père, la dépression de sa mère. Ces retours en arrière se font de façon décousue mais ça ne nuit en rien au récit.
Parallèlement, Nadia écrit un roman La Sonate de la résurrection qui met en scène des jumeaux, Barbe et Barnabé, dans la France du début du XVIIIe siècle. Il est inspiré de faits réels, rapportés dans l'ouvrage d'André Alabergère Au temps des laboureurs en Berry, un recueil d'archives anciennes.
Les jumeaux forment un couple d'opposés et pas seulement parce qu'ils sont de sexe différents.
Au fur et à mesure de la lecture, des correspondances entre les souvenirs de Nadia et le destin des jumeaux vont se dévoiler.
On retrouve dans ce récit les thèmes chers à Nancy Huston : la rupture entre la mère et l'enfant, la musique, la crise identitaire , le dédoublement et la pensée féministe. Car, au-delà du récit, fort bien mené en passant, dans ce livre, Nancy Huston aborde une position féministe. En filigrane, on peut y lire que le sort des femmes n'a pas changé malgré les siècles, que la violence qui leur est faite reste la même car le sexisme et d'autres violences sont toujours d'actualité. La condition de la femme est marquée par la maternité. . Les époques changent mais l'avortement reste une affaire de femmes et une épreuve (Nadia et Barbe manifestent toutes deux un amour absolu pour cet enfant qu'elles ne peuvent pas garder d'où la souffrance). Et malgré les années passées entre 1996 (la date de parution du roman) et aujourd'hui, le peu de compassion envers les femmes qui refusent la grossesse est toujours présent et le droit à l'avortement n'est toujours pas accepté par certains.


On peut aimer ou détester les livres de Nancy Huston mais on ne peut nier la qualité de son écriture et son art à manier la dérision et l'humour grinçant. Pour preuve cette réponse de Stella, amie de Nadia, qui, comme Nadia se plaint de l'absence de jugement dernier qui lui permettrait de solder ses comptes une fois pour toute, lui dit : « Je sais, c'est dur…. Mais ce n'est pas parce qu'il n'existe pas de Démerdeur Suprême qu'on est obligé de rester dans la merde ».
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