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Critique de Annette55


Des centaines de milliers de vaincus s'acheminent vers les stalags de l'Allemagne nazie, sous les coups et les hurlements du vainqueur.
Nous sommes en juin 1940.
Hébété de faim,de fatigue et surtout de honte, un professeur charentais :Georges Hyvernaud marche dans ce troupeau en guenilles.
On éprouve des difficultés à écrire sur ce livre.......
Au bout du voyage, cinq ans de nuit, de boue, de pestilence, d'humiliation, de promiscuité répugnante, d'abjection .....
"Rien ne compte plus pour un homme qui ne compte pas ".
Le prisonnier de guerre est un homme nu, privé d'identité et d'espoir.......

C'est un témoignage qui dérange, cru, insoutenable, sur le vide, sur la faim,sur la servitude, sur l'abaissement du corps qui ne compte plus,juste bon à recevoir les coups , à la merci d'un numéro dérisoire :"les allemands nous ont retiré nos pièces d'identité, tous pareils, des hommes sans papiers, sans place, sans poids".
Un livre cru :" Et la vérité, c'est la faim, la servitude, la peur, la merde, comme aux pires époques.Elle est jolie , leur Europe, ces types qui gueulent dans la neige, le ventre ouvert, parmi des mécaniques défoncées, ces esclaves qu'on pousse sur les routes à coups de crosse!"
L'auteur raconte l'indifférence polie ou égrillarde au retour des prisonniers du stalag:"Parce que votre existence a été éventrée, retournée par l'événement, vous imaginez vaguement que vous aviez droit à du neuf, que vous alliez repartir de zéro.
Pas du tout , ça se recolle, ça se retape, c'est comme avant, on remet ça, on remet sa vieille veste, on remet sa vieille vie....."
"Je me sens oublié comme un mort à son enterrement.
Je n'intéresse personne. On fait semblant. Chacun parle de soi. On écoute les autres pour pouvoir leur parler de soi. Mais au fond on s'en fout."
La Peau et les os est un témoignage terrible dont je ne peux citer certains passages tellement ils sont insoutenables, un chef d'oeuvre oublié qui saisit , qui dit des vérités criantes, avec seulement la peau et les os, la pire des déchéances pour cet homme dépossédé à ce moment là de lui même.
Un petit livre que l'on ne devrait pas oublier .
On sent que l'atroce, pour l'auteur,dans sa bonne foi et son humilité était dans le dénuement de son esprit et qu'il craignait la pire des déchéances,celle de l'homme que d'autres hommes ont dépossédé de lui même.
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