AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RChris


Le roman vrai de Nejiko Suwa, jeune violoniste japonaise à qui Goebbels offrit un violon Stradivarius en 1943, au titre du rapprochement entre l'Allemagne nazie et l'Empire du Japon, persuadé que “la musique est l'art germanique par excellence et qu'elle doit être le coeur de la propagande du régime nazi, une arme d'asservissement”.

Ce violon est-il un Stradivarius ou un Guarneri ? Cet instrument a-t-il été spolié à Lazare Braun, un musicien juif français assassiné par les nazis ?
Si la première question est mineure, la seconde a toute son importance.

Yoann Iacono a mené l'enquête durant trois années. Il s'appuie sur une histoire vraie, en prenant quelques libertés romanesques avec les archives, notamment en restituant des dialogues absents.
Il s'efface derrière le narrateur, Felix Sitterlin, trompettiste, résistant, qui a pris part à la bataille de Paris et a intégré le corps de musique des gardiens de la paix.
Il est chargé de retrouver le violon pour le restituer. Plusieurs années après, il rencontre Nejiko, qui lui confiera son journal intime.

Ce violon bloque Nejiko, ses mouvements sont moins vifs, moins précis, comme s'il freinait la portée de ses gestes, comme s'il était difficile d'amadouer un violon qui a trois siècles d'histoire et a été volé.
“Cet instrument semble vivant, écrit t-elle, impossible de lui faire émettre un son dont il n'a pas envie”.
Il a une âme, c'est un acteur à part entière de ce récit.

Ce livre interroge aussi sur la place de la musique dans la propagande.
Pour un artiste, fallait-il continuer à jouer sous le joug allemand ?

La vie de cette “célèbre violoniste dont la vie romanesque a épousé l'histoire” est une façon d'approcher l'histoire avec un grand H, en faisant un pas de côté.
Commenter  J’apprécie          410



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}