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Critique de krzysvanco


Une très belle découverte que cette Zouleikha ouvre les yeux !

Zouleikha est une jeune paysanne vivant dans un village perdu de la province du Tatarstan. Elle est simple, humble, naïve, insignifiante, illettrée, maladroite, peureuse, croit aux esprits. Elle est maltraitée par son mari et sa belle-mère et ne s'en révolte pas, cela lui paraît normal. Elle ne doute pas de sa faiblesse, elle n'a même pas été capable d'avoir des enfants qui aient survécu.

Le roman se déroule dans les années trente, durant lesquelles Staline a décidé de soumettre les koulaks, ennemis de la classe ouvrière.
Les paysans craignent le pouvoir qui les rançonne et les dépouille sans cesse davantage.

Lors d'une expédition de l'armée rouge, son mari est tué par leur commandant, Ignakov. Zouleikha et les koulaks vont être déportés en Sibérie.
Le trajet est long et verra le nombre de koulaks fortement diminué par les épreuves, la maladie, les évasions et surtout la faim. Ils aboutiront enfin à destination, aux rivages du fleuve Angara et y seront abandonnés avec le commandant. C'est alors qu'une lutte pour la survie s'organise. Elle y connaîtra des intellectuels appartenant à l'intelligentsia, les moins adaptés à survivre mais qui pourtant s'adaptent ! C'est l'hiver et l'hiver sibérien est plus long et plus dur que les autres.

Cette déportation et ces épreuves vont profondément métamorphoser notre protagoniste. Elle découvre la maternité et l'amour, amour hors mariage, amour illégal mais existe-t-il encore des lois sur cette terre oubliée d'Allah et des hommes ?
Zouleikha ouvre les yeux sur une vie nouvelle, sur la misère et la grandeur de ses semblables. Elle cesse d'être victime et est respectée par tous, et tous s'efforcent de l'aider et d'aider son fils. Elle sait toujours trouver un motif pour aller de l'avant.

Tout est décrit en nuance, il n'y a pas de bons ou de mauvais, pas de compassion devant la misère, pas d'exotisme suranné, pas de moralisme, l'amour n'est pas exalté, il est tel qu'il est.

C'est une histoire qui s'insère dans un fragment de l'histoire soviétique, une histoire qui montre à quel point les difficultés peuvent changer les hommes. Dans les conditions les plus inhumaines peut se trouver une humanité
Les caractères des divers personnages sont détaillés avec justesse.

Le style est simple, poétique souvent ; beaucoup de détails trouveront leur signification plus tard. On remarquera la présence de nombreux mots tatars (il y a un lexique !).
Il y a beaucoup de rythme.

C'est un roman qui m'a touché, Zouleikha est un personnage féminin que je ne peux oublier
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