AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mascarpone


« Zouleikha ouvre les yeux » est un grand livre dans la tradition littéraire épique russe. Ce livre m'a littéralement emportée en Russie des années 30, plus exactement au Tatarstan et en Sibérie.

Zouleikha a été mariée très jeune à un homme beaucoup plus âgé qu'elle. Elle vit donc avec son mari et sa belle-mère dans des conditions très rudes, où elle n'est bonne qu'à travailler. Encore jeune, elle a perdu quatre filles, toutes en très bas âge. La belle-mère est d'ailleurs un vrai personnage de conte, tant sa méchanceté intrinsèque et les multiples tours dont elle est capable, nous la font prendre pour un mauvais génie. Mais Zouleikha va encore au devant de plus grandes difficultés puisque les gardes rouges vont abattre son mari, exproprier sa famille et la déporter en Sibérie (déportés qui sont appelés les déplacés dans le roman).

Le récit de la déportation est absolument invraisemblable, tout comme le début de la survie de la colonie dans des conditions dantesques. Tout est absolument démesuré et extrêmement graphique. Par la richesse des images et des évocations, l'auteur parvient à littéralement nous transporter dans ces contrées, et dans ce monde d'une âpreté sans pareille.

Dès le début du roman on s'attache à Zouleikha pour sa douceur et sa délicatesse qui tranche avec l'environnement hostile dans lequel elle évolue. On se prend également d'affection pour toute la galerie de personnages admirablement dépeints par l'auteur : Leibe le médecin-gynécologue, ilia petrovitch le peintre, l'élégante Isabella dont on se demande comment elle parvient à survivre, et tant d'autres. Mais également Ivan Ignatov, le commandant de la petite colonie, qui d'assassin, aux ordres du régime, va progressivement devenir un parmi les autres déplacés, par une inversion des rôles cathartiques, tandis que dans le même temps Zouleikha, va passer toutes les épreuves, et va finalement parvenir à accepter de vivre sa vie de femme. Car, en plus d'être ce très beau roman épique, « Zouleikha ouvre les yeux » est aussi un très grand roman d'amour, de ces romans qui vous redonnent foi en l'humain.

Enfin, ce roman permet de mieux comprendre une période dont il ne reste tout de même pas grand chose : peu de documentaires, peu de paroles de survivants. Ce livre rend la parole à ces innombrables vies perdues sur les chemins fous du Stalinisme.

Pour conclure c'est un livre qu'on ne lâche pas, jusqu'au milieu de la nuit en ce qui me concerne. A vos risques et périls donc pour les journées de travail le lendemain !
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}