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Critique de perucasevecchje


Totalitarisme quand tu nous tiens…

La russe Loulia IAKOVLEVA nous ouvre les portes de l'ex URSS au début des années 30 : Lénine disparu, Trotski chassé, le camarade Staline installe sa poigne de fer sur tout le pays mais certainement pas au service du peuple… Avec, bien entendu, la dose de corruption qui s'impose.

Roman historique donc, mais aussi policier avec des meurtres successifs mis en scène de façon théâtrale et que personne ne relie, à l'exception du héros Zaïtsev, inspecteur de police à Leningrad et qui a l'air de balader un passé encombrant bien mystérieux.
L'intrigue est plutôt abracadabrante, voire baroque, peu crédible même si certains faits sont donnés comme historiques. Elle a un côté inachevé qui appelle vraisemblablement une suite.

Mais est-ce bien le sujet principal de ce roman ? Ne serait-ce pas plutôt l'atmosphère anxiogène que crée la mise en oeuvre d'un pouvoir totalitaire «au service du prolétariat » ? le soupçon permanent, la délation facile, l'épuration politique favorisent un climat de paranoïa généralisé : on ne sait pas qui est qui, on se méfie, on se dissimule, on ment sur tout y compris les aspects les plus quelconques du quotidien, l'hypocrisie nourrit toute relation sociale. Chacun se laisse habiter par la peur et la défiance.

Ce climat oppressant est aggravé par des conditions de vie misérables : les russes ont faim, ils manquent de tout, s'isolent les uns des autres malgré, ou à cause, des appartements communautaires et sombrent dans une sorte de déprime individuelle et collective fortement alcoolisée. Et les programmes de « culture obligatoire » n'y peuvent pas grand-chose !

Les descriptions de l'auteure aggravent l'ambiance délétère : si la beauté des lieux ou de certains personnages est à peine évoquée, la laideur est exposée avec force détails renforçant le caractère glauque et délabré d'une des villes les plus belles du monde et de ses habitants.

L'aspect historique du roman est particulièrement intéressant et fait penser à Philip KERR et son héros, Bernie Gunther, dans l'Allemagne nazie. Mais pour l'heure, Zaïtsev, perdu dans un monde en déconstruction, est loin d'avoir la patine, le cynisme ou le charme de Bernie.

Très instructif par certains aspects. A suivre.
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