AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 89 notes
5
10 avis
4
17 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il est difficile de noter une oeuvre comme celle-ci qui n'était pas destinée à la publication mais constitue un testament ou une bouteille d'eau jetée à la mer par Eugénia Markon pour éclairer les motivations qui furent les siennes dans son activisme politique et sa dissidence, ainsi que dans son immersion dans le monde de la rue et de la délinquance.

Très vite en effet, cette aristocrate née en 1902 à Moscou et son mari, le poète Alexandre Iarovslasik, se sont opposés au régime dictatorial bolchevik.

Elle fut fusillée au bagne des îles Solovki le 20 juin 1931 à l'âge de vingt-neuf ans, six mois environ après l'exécution de son mari. Avant de mourir, elle a rédigé cette autobiographie dans sa cellule : elle fut retrouvée en 1996 par Irina Fligué, directrice du centre de recherche et d'information mémoriale de Saint-Pétesbourg parmi les archives.

L'écrit est ici préfacée par Olivier Rolin.

Nous y découvrons une femme plus que déterminée, terriblement impliquée dans l'activisme politique. Convaincue que le Lumpenproletariat est la seule classe "pure", au motif qu'elle est la seule qui ne participera jamais au pouvoir, elle fréquente non seulement le monde ouvrier, mais s'immerge également dans le milieu encore plus défavorisé des délinquants de droit commun, vivant pendant des mois, voire des années, dans la rue, de vol et de combines.

Son erreur, comme l'a souligné Olivier Rolin, est d'avoir cru en cette "pureté" originelle des malfrats, l'expérience ayant démontré, aussi bien dans les goulags que dans les camps de concentration, que la classe dirigeant les lieux de privation de liberté n'avait pas meilleures recrues que les "droits communs", totalement dépourvus d'idéologie autre que pragmatique et accoutumés à la violence.

Néanmoins Eugénia Markon portait de grandes convictions, notamment celle que martyrs et tortionnaires des régimes dictatoriaux étaient également victimes de ces mêmes régimes, les premiers perdant la liberté et la vie, les seconds le libre arbitre qui devrait caractériser l'humain. Elle n'est pas sans rappeler, par cet éclairage quasi mystique et par son indifférence à l'égard de ses intérêts propres, la figure de Simone Weil.

Toutes deux ont brûlé, mais inutile de dire que Simone Weil est infiniment plus haut dans l'ordre de ma reconnaissance et de mon admiration.
Commenter  J’apprécie          162
Issue d'une famille aisée d'intellectuels juifs, Evguénia, née en 1902 à Moscou, est diplômée de l'enseignement supérieur. Elle parle quatre langues, le russe, l'allemand, le français et le yiddish, mais a des problèmes avec l'orthographe. D'abord journaliste de gauche, très enthousiasmée par la révolution d'octobre, elle en découvre très vite les limites et la qualifie même de réactionnaire. Très jeune, elle rencontre l'écrivain Iaroslavski avec lequel elle voyage en Europe et séjourne deux mois à Paris. Son compagnon tient à retourner dans sa patrie. Mal lui en prend, car il est très vite arrêté comme dissident et envoyé au Goulag où il sera exécuté suite à une tentative d'évasion ratée. Evguénia, qui refuse d'entrer dans l'administration soviétique, se met vendeuse de journaux à la sauvette. Fascinée par le monde des truands, elle va à leur rencontre et vit comme eux, dormant dans des parcs ou des immeubles abandonnés. Elle devient même voleuse professionnelle. Arrêtée plusieurs fois, elle se retrouve au bagne où elle survit en se prétendant diseuse de bonne aventure. Très rebelle, elle essaie d'organiser une révolte des prisonniers et donne de sa personne en agressant avec une brique Ouspenski, le directeur de la prison. Cet acte manqué lui vaudra une condamnation à mort.
« Révoltée » est le témoignage émouvant d'une femme invalide (amputée des deux pieds suite à un accident) qui ne se résout pas à accepter la monstruosité qu'est devenu dans les années 30 le bolchévisme. Elle pense que la pègre représente la seule classe sociale véritablement révolutionnaire. Pour elle toute révolution, une fois le pouvoir atteint, ne peut que devenir réactionnaire et conservatrice et qu'il faut donc immédiatement la combattre par tous les moyens, même les plus violents. Une sorte d'anarchisme extrémiste désespéré. Même si le lecteur peut ressentir une certaine empathie à la découverte de ce témoignage émouvant, il lui est difficile d'approuver autant les comportements que les attitudes de cette étrange passionaria. Si l'on en croit la quatrième de couverture, « c'est le Moscou et le Leningrad des marginaux, enfants des rues, ivrognes, prostituées, vagabonds, qu'elle nous fait découvrir ». Et pourtant le lecteur reste sur sa faim : cette réalité-là aurait mérité plus amples développements…
Lien : http://www.bernardviallet.fr
Commenter  J’apprécie          90
Voici une courte autobiographie découverte l'été passé sur les étales des libraires et que je viens de lire au format poche.

Un récit intense d'une femme née au début du XXeme siècle, qui va vivre les révolutions Russes et de nombreuses péripéties avec la pègre de l'époque. La pègre, les brigands, les marginaux, tout un monde qui fascine Evguenia.

La courte vie d'Evguenia Iaroslavskaïa Markon défile, une vie couchée sur le papier dans l'urgence peu de temps avant son exécution. C'est une figure complexe et vraiment inspirante que l'on découvre au fil des pages, ce serait dommage de vous en dire plus mais un vent de résistance souffle sur ce court journal et sur ces lignes. N'hésitez pas à vous le procurer chez votre libraire, c'est un livre coup de poing à découvrir.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20
Une oeuvre qui pourrait etre saisissante si elle etait racontée de manière plus sensible, la je l'ai trouvée plate et sans saveur
Commenter  J’apprécie          12

Lecteurs (220) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1754 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}