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Critique de alouett


« 1972. Peppi Lo Cicero dit « Peppi », un ancien tueur à gages à la retraite depuis plus de quinze ans, ne vit plus que pour la pêche, sa passion, et pour prendre soin de son fils Nino, qui lui a succédé au sein de la mafia. Bon sang ne saurait mentir… Mais une nuit, Nino est assassiné peu de temps avant son anniversaire, alors qu'il se rendait à Naples exécuté un contrat.

Le monde s'écroule pour Peppi. Jusqu'à ce que les anciens réflexes refassent surface. En dépit des objurgations de son copain de toujours Salvatore (« T'es plus ce que t'étais avant, t'appartiens à une autre époque, notre époque, et elle est finie. »), qu'il réussit à entraîner dans son sillage, Peppi exhume les armes du passé et repart en guerre. Dans le petit monde des clans mafieux, sa vendetta va déchaîner l'enfer… Aucune importance : comment Peppi craindrait-il la mort, alors qu'il ne passait plus son temps qu'à l'attendre? Il ne fait finalement, cette fois, que devancer le rendez-vous… » (synopsis éditeur).

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Je connaissais Igort suite à ses récentes publications chez Futuropolis : La ballade de Hambone (diptyque dont les tomes sont sortis en 2009 et 2010), Les cahiers ukrainiens (2010) et Les cahiers russes (2012). Son style incisif m'avait faits forte impression, je souhaitais mieux connaitre son oeuvre.

Cet ouvrage est l'un de ses premiers puisqu'il a été édité une première fois en 2002 chez Casterman. Epuisé, la seconde édition propose un visuel de couverture beaucoup plus épuré (voir visuel en début de chronique), en parfaite adéquation avec les visuels intérieurs de l'album.

Il nous emmène tambours battants découvrir le personnage de Peppi, vieux mafioso qui a quitté le milieu depuis longtemps, passant fièrement le flambeau à son fils. le meurtre de ce dernier va tout d'abord terrasser le vieillard avant qu'il ne décide de venger la mort de son rejeton. C'est avec ce postulat de départ qu'Igort lance son scénario, hommage non dissimulé aux univers de Georges Simenon et George Herriman.

Vous savez ce que je crois ? C'est que je n'ai jamais osé voir grand. Une vie de larbin. Poum ! Poum ! Toujours à tirer sur commande. Qui pourrait croire qu'à mon âge, j'aurais eu l'idée de me mettre à mon propre compte ?

Seul le premier chapitre est posé. Il se construit autour d'une scène matinale dans laquelle le père et son fils échangent au sujet de la journée qui s'annonce : le fils doit s'absenter quelques heures pour honorer un contrat. le lecteur attrape quelques éléments sur la vie et le parcours de ces deux hommes, sur le code d'honneur qui se transmet d'une génération à l'autre. La scène à laquelle on assiste nous permet de découvrir l'étrange complicité qui unit père & fils. Leurs opinions sont divergentes pourtant, la conversation ne s'envenime pas. Les hommes sont volubiles, ce qui nous permet de cerner peu à peu leurs personnalités. Malgré les nombreux non-dits contenus dans cette conversation, l'univers est déjà bien installé… le développement de l'intrigue nous donnera les réponses en temps et en heure.

A partir du moment où le père apprend le décès de son fils, le rythme s'emballe. Partant du principe qu'il n'a plus rien à perdre, le vieillard fonce tête baissée pour assouvir son désir de vengeance. La souffrance causée par la perte de son enfant unique lui donne le courage d'affronter les principaux parrains en place alors qu'il s'était jusqu'alors contenté de suivre aveuglément les ordres, sans jamais oser assumer ses convictions. Seul soucis : le lecteur est pris dans la frénésie du mafioso et perd souvent le fil de l'intrigue. Durant ma lecture, j'ai souffert du manque de fluidité du scénario qui s'éparpille dans tous les sens, s'appuie sur des personnages secondaires qui apparaissent de manière abrupte sans que l'on perçoive réellement le lien qu'ils ont avec le Vieux, sans que l'on comprenne pourquoi finalement il se saisisse d'un prétexte pour mener à bien la vendetta engagée.

Le travail graphique qu'Igort a réalisé pour cet album est aux antipodes des albums que je connaissais. Il s'appuie sur un style très dépouillé, très sobre, dont les illustrations sont mises en couleurs à l'aide d'une bichromie de bleu assez froide. Si cette ambiance graphique m'a surprise, elle sert pourtant parfaitement l'atmosphère de ce thriller. L'auteur navigue entre deux périodes : le présent qui sert d'ancrage à l'intrigue et le passé qui nous fait remonter dans les années 1950. On remonte régulièrement dans les souvenirs du vieux Peppi, découvrant ainsi pourquoi il a été contraint d'élever seul son fils, quelle était sa place dans la Mafia et découvrant ainsi – parfois tardivement – la particularité des liens qu'il a entretenus avec certains personnages secondaires.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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