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Laurent Lombard (Traducteur)
EAN : 9782754802666
176 pages
Futuropolis (10/06/2010)
3.99/5   80 notes
Résumé :

Après avoir exploré l'univers du polar, du jazz et des super héros décalés, Igort s'attaque à la bande dessinée reportage, avec le premier tome d'un diptyque consacrée aux pays de l'ex-URSS. Coup d'essai, coup de maître. Cette plongée dans l'histoire récente permettra au lecteur de mieux comprendre un pays qui se redécouvre. A travers de courts chapitres, Igort raconte l'Ukraine d'hier et d'aujou... >Voir plus
Que lire après Les cahiers ukrainiens : Mémoires du temps de l'URSSVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Croyez-moi, cet ouvrage est une véritable bombe ! J'emploie ce terme dans le sens de perçant, troublant et dont on ne peut absolument pas sortir indemne, à moins d'avoir un coeur de glace et de n'éprouver aucune pitié pour autrui !

Ici, l'on découvre la grande famine qui frappa l'Ukraine au cours des années 1932-33, ce qu'était obligé de faire les habitants s'ils voulaient nourrir leur famille et tout simplement survivre. Je dis bien survivre car comment vivre dans de telles conditions ? C'est inimaginable, irracontable mais pourtant, ils l'ont fait et c'est probablement que tout un chacun ferait par simple instinct de survie.
L'auteur fait resurgir des voix du passé, aujourd'hui éteintes à jamais ; celles de Serafina Andrejevna, de Nikolaï Vassimillevitch, de Maria Ivanovna ou encore celle de Nokolaï Ivanovitch et qui toutes un point en commun : celle de nous montre l'horreur, la faim et la peur ! Mais toutes ces voix qui se font entendre ici ne sont qu'un fragment de voix parmi tant d'autres et que l'on n'entendra probablement jamais plus ! Cependant, Il faut savoir, ne pas oublier !

Je vous recommande vivement la lecture-découverte de cette ouvrage mais attendez-vous ) prendre une grande claque ! Des dessins extrêmement bien travaillés à vous glacer le sang tout autant que les paroles, les témoignages qui les accompagnent ! A découvrir !
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Je suis tombé par hasard sur cette bande dessinée dans une médiathèque. Je n'en avais jamais entendu parler,, mais en la voyant dans les rayons, elle m'a tout de suite sauté aux yeux, vous vous imaginez bien pourquoi.

C'est une bande dessinée reportage éditée en 2010. Elle raconte l'Ukraine de 1930 à 2010 : “Je me demandais sincèrement comment était la vie pendant et après le communisme là-bas.” Il y a quelques témoignages de vieilles personnes qui ont connu la famine des années 30, famine organisée par le pouvoir de l'époque. Il est question de génocide, de persécutions, certains témoignages sont épouvantables, les gens racontent leur vie en toute simplicité, les récits à la première personne alternent avec de simples textes journalistique. le graphisme est au trait, on alterne le noir et blanc et la couleur, mais les couleurs se cantonnent a une gamme d'ocre pour accentuer l'aspect ancien. Quelques illustrations plus fantastiques viennent ponctuer le récit, souvent pour suggérer les moments trop durs. A noter qu'il y a quelques petites coquilles dans le texte, pas trop gênant mais quand même, j'espère que c'est corrigé dans la réédition de 2015.

Les points de vue de certains interlocuteurs pourrait surprendre, pratiquement aucune référence à Wladimir Poutine, quelques propos nostalgiques du communisme, mais il ne faudrait pas s'immaginer que tout soit ou blanc ou noir, l'histoire est bien plus complexe, ce qui malheureusement donne des arguments aux plus extrémistes. Souvent, le récit ne fait que raconter la vie du témoin, avec ses histoires de familles, de santé, qui viennent en parallèle de l'Histoire de ce pays, mais c'est l'attachement à ce genre de détails qui rend le propos plus réaliste, et plus touchant, plus troublant. On sait très bien qu'il y a une part de subjectivité dans ces propos, mais il n'a pas la prétention d'être un dossier juridique, il nous raconte juste l'Ukraine telle que les ukrainiens l'ont vécu dans cette période et telle qu'il la ressente en 2010. Et le constat est horrible, ces vies ont été de vrais calvaires. Une chose est sûre, le ukrainiens ont été habitués au pire et malheureusement, cela ne semble pas prêt de s'arrêter, le bonheur ne serait-il pas fait pour eux ? C'est tout simplement glaçant.

Cette bande dessinée mérite qu'on s'y attarde, elle donne une nouvelle lumière sur les évènements actuels, et aussi sur les racines profondes de cette guerre. J'ai appris beaucoup de choses avec cette lecture et je vous la conseille sans nuances.
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Bien que la responsabilité des autorités soviétiques dans la terrible famine qui frappa l'Ukraine dans les années 1932-1933 soit aujourd'hui publiquement reconnue, les avis des historiens divergent encore sur la reconnaissance de l'Holodomor (en ukrainien : голодомо́р, littéralement « extermination par la faim ») comme génocide. Quelque soit l'issue du débat, il ne fait pas de doute que l'Holodomor est un crime contre l'humanité. Résultat d'une "exploration sur le terrain pour comprendre ce qu'a été et comment a été vécu le rêve communiste de la Révolution à nos jours" (extrait tiré de la notice du livre sur Futuropolis), Les Cahiers Ukrainiens exposent quelques Mémoires du temps de l'URSS. C'est lors de ses divers séjours en Ukraine, Russie et Sibérie, qu'Igort, attaché à l'étude de la mémoire et du mythe, entreprend l'illustration de son dyptique dédié à ces quelques voix oubliées d'Ukraine (tome 1) et de Tchétchénie (tome 2). Ainsi qu'il le confie encore à l'éditeur : "Ce qui m'a intéressé, c'est que les histoires venaient à ma rencontre. Il me suffisait d'être à l'écoute. J'ai commencé à rencontrer des gens et à enregistrer ou filmer leurs témoignages, l'histoire de leur vie. Puis, étant donné que certains faits étaient couverts par le secret ou peu connus, je me suis mis à les étudier. Mais ce sont bien les témoignages recueillis que je dessine." Les histoires rapportées par Igort parlent d'elles-mêmes : entre quelques planches thématiques traitant des "Koulaks", de la "Litanie bolchévique assassine" (pratique répandue du cannibalisme pendant la famine) ou du rôle de l'OGPU, les destins tragiques de Serafima Andreïevna, Nikolaï Vassilievitch, Maria Ivanovna et Nikolaï Ivanovitch ébranlent sérieusement la légitimité et le bien-fondé de la politique soviétique de l'époque et accusent les horribles souffrances et traumatismes encore subis aujourd'hui par les tristes "héros" d'Igort...

Lorsque l'on évoque la question des génocides, on pense souvent à la Shoah ou au génocide arménien. Peu de gens se souviennent de l'Holodomor. Parce qu'un génocide n'est pas plus condamnable qu'un autre, le rappel à cet obscur et terrifiant épisode de l'histoire de l'Ukraine mérite d'être racontée mais surtout d'être entendue. Est-il admissible qu'un peuple fier et indépendant comme l'Ukraine soit ainsi fustigé pour avoir résisté à la collectivisation et refusé la "dékoulakisation" ? La réponse est évidente. Encore faut-il être au courant. Les Cahiers ukrainiens ont reçu le Prix 2011 de la Mémoire du Holodomor. Ce prix est décerné par le Comité représentatif de la Communauté ukrainienne de France et on est ravi pour cette reconnaissance du travail d'Igort. On sera par contre étonné d'apprendre que la famine et donc l'Holodomor n'est pas encore reconnue par la France comme étant un crime contre l'humanité. Quant à la reconnaissance de l'Holodomor comme génocide, on s'étonnera encore une fois de l'absence de la France parmi les 24 pays ayant pris parti en sa faveur. Ignorance ou méconnaissance, qu'en penser ?

Igort n'a pas la prétention de réécrire l'histoire mais son angle de vue est intéressant : "Je suis un auteur curieux, j'aime explorer et j'ai trouvé naturel de m'attaquer à une narration qui part d'une vision documentaire. Pour moi, il était important de trouver une écriture personnelle qui se mesure à la réalité du terrain que j'avais découvert, et de pouvoir mettre au jour ce travail." Son récit est d'ailleurs quelquefois elliptique et manque en conséquence de liant mais sa démarche reste cohérente, son sujet captivant et son travail de graphisme superbe. Pour en venir aux questions esthétiques, Igort ne se cantonne pas à un style ou une technique. Il jongle sur plusieurs registres en alternant les planches en noir et blanc et les planches dans les tons sépias. Ses traits sont tantôt nets, tantôt brouillons. Parfois même, les pages sont "tachées" et cela confère à l'ouvrage une certaine touche qu'on peut ou pas apprécier mais c'est certain, cette bande-dessinée en ravira plus d'un. Personnellement, il s'agit pour moi d'une très belle réussite. A très bientôt donc pour le compte-rendu du tome 2 : Les Cahiers russes.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Roman graphique decouvert par hasard à la médiathèque, Les cahiers d'Ukraine traite d'événements particulièrement dramatiques de l'histoire de l'Ukraine notamment dans la première moitié du XXe siècle, lorsque le pays faisait partie de l'Union soviétique.
Ce sont par quelques témoignages que l'on se rend compte de l'horreur de cette période, avec notamment la grande famine de 32-33, la pauvreté extrême de la population et des drames que ces différentes personnes ont pu vivre. Que reste-t-il de l'humanité lorsqu'il s'agit de survivre dans un environnement aussi hostile?
Ces témoignages sont forts et poignants, j'ignorais ces faits, qui ne doivent pas être oublié et plutôt mis en lumière.
Les graphismes sont précis, l'ecriture juste et accessible, ce qui immerge d'autant plus le lecteur.
Je vais poursuivre ma découverte de cet auteur avec grand intérêt.
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Un livre fort, tant par ses textes que par les images ! Il nous retrace divers témoignages recueillis par Igort sur l'Holodomor (la grande famine provoquée en Ukraine par la politique de Staline) et sur la période communiste. le prix payé par l'Ukraine fut élevé !
Toutes ces histoires sont terribles, mais elles relatent des faits historiques que nous devons connaître et ne pas oublier.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Deux mots sur Ania...
Elena me parle d'Ania qui, il y quelques années, s'est fait surprendre par une averse dans la ville d'Energidar, où il y avait une centrale atomique.
Une fois rentrée chez elle, elle a pris une douche et s'est mise à faire son train-train quotidien.
Puis elle est allée se coucher.
Quand elle s'est réveillée, elle était chauve. Ses cheveux sur l'oreiller. Les médecins disent que ce qu'il y avait dans l'air, et que la centrale rejetait, a réagi avec l'eau.
Elle avait 30 ans, Ania. Elena ne l'a plus revue. Elle ne sait pas si elle est encore en vie. Les gens de villes comme Energodar ou Tchernobyl ont l'interdiction de parler de ce qui s'y passe.
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Indépendance ou pas, les Ukrainiens de cette partie du monde se disent "Russes". C'est comme si les racines de celle qui a été l'Union soviétique, la SOVIETSKI SOÏOUZ, vivaient et palpitaient encore.

Un immense territoire habité par des pratiques et des conventions qui ont survécu, incrustations d'un passé qui ne veut pas s'éteindre.

Il suffit de gratter un peu pour entendre s'écouler, sous la discrétion soviétique, l'envie d'être écouté.

Je me suis retrouvé là, au moment où avait lieu le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin.

J'ai tendu l'oreille pour écouter les histoires et j'ai décidé de les dessiner. Je ne pouvais tout simplement pas les garder pour moi. Ce sont des histoires vraies, de personnes rencontrées par hasard dans la rue à qui il a été donné de vivre à l'étroit dans l'étreinte du rideau de fer.
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L'Ukraine d'aujourd'hui cherche l'appui international pour que l'Holodomor soit reconnu au palais de verre de l'ONU comme génocide. La Russie, membre permanent, a droit de veto. Elle menace de l'exercer.
Nous sommes le 26 septembre 2008, l'Ukraine retire sa motion.
Reconnaissant la famine comme crime contre l'humanité : Argentine, Azerbaïdjan, Belgique, Canada, Estonie, Géorgie, Italie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Pologne, États-Unis, Hongrie, Vatican.
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Au début pour moi, l'Ukraine était quelque chose d'indistinct, un nuage appartenant au firmament soviétique. Et puis j'ai commencé à la visiter et les noms exotiques que j'entendais chez moi depuis l'enfance, Kiev, Odessa, Poltava, Sébastopol, Leopoli, Yalta, sont devenus des paysages concrets. Je me demandais sincèrement comment était la vie pendant et après le communisme là-bas.
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District de Vyssokopolsk. Le 16 février, à Zagradovka, le jeune Nikolaï, 13 ans, est mort dans la famille d’un paysan pauvre. Sa mère F. et sa voisine Anna S. ont coupé le cadavre en morceaux et l’ont servi avec les plats qui avaient été préparés. Presque la totalité du corps a été consommée. Il ne restait que la tête, les pieds et une partie de l’épaule, une paume de la main, la colonne vertébrale t quelques côtes. Toutres les parties du corps ont été retrouvées dans le sous-sol de l’isba. F. a expliqué son geste par l’absence totale de nourriture. Il lui reste trois enfants, tous gonflés. Une aide a été apportée à cette famille
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Videos de Igort (53) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Igort
Voici les ouvrages qui vous attendront dès le 8 février 2023 en librairie ! de l'actualité la plus chaude avec Igort qui raconte la guerre en Ukraine au jour le jour, à celle anticipée par Jared Muralt dans La Chute, vous passerez par un documentaire passionnant sur les corvidés (les oiseaux noirs, quoi) dans La Femme Corneille, et une fiction française et rurale dans La Meute !
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