AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PrinceEndymion


Voilà sans aucun doute l'oeuvre qui a donné ses lettres de noblesse au shojô-manga; La Rose de Versailles demeure aujourd'hui considéré comme le chef-d'oeuvre du genre. Créé par la très polyvalente Ryoko Ikeda, ce manga nous entraîne dans la France du XVIIIe siècle, alors que la Révolution française point au loin. Mais penchons-nous d'abord sur la genèse de l'oeuvre: Ryoko Ikeda a toujours été éprise de dessin, à tel point d'ailleurs, qu'elle décida d'interrompre provisoirement ses études de littérature et de philosophie à l'université de Tokyo Kyoiku. En 1967, elle fait ses début de mangaka: Bara yashiki no shojô (La jeune fille de la demeure des roses) est son premier manga. En 1972, Versailles no bara commence à être publié dans l'hebdomadaire féminin Shûkan Margaret. le succès est immédiat, à tel point qu'il suscite l'engouement des jeunes japonaises pour l'Histoire de France et la langue de Molière. La série est adaptée en animé en 1979. le premier contact de l'occident avec La rose de Versailles se fit d'abord grâce à cet animé (renommé Lady Oscar en Europe). En France, le manga ne fut publié qu'à partir de 2002, mais son succès n'eut pas à en pâtir. La Rose de Versailles fait partie des vingt shojô-manga les plus vendus au monde, et son succès de ne vieillit pas. Pour créer son oeuvre, Ryoko Ikeda s'est beaucoup inspirée de la biographie de Marie-Antoinette rédigée par Stefan Zweig, et qu'elle avait étudiée au temps de ses années de lycéennes. le manga suit d'ailleurs un mouvement chronologique semblable à celui de l'ouvrage de Stefan Zweig: nous découvrons les débuts de Marie-Antoinette à Versailles, son litige avec la comtesse du Barry, sa rencontre avec Hans Axel von Fersen, le scandale de l'affaire du collier orchestré par la perfide Jeanne de Valois-Saint-Rémy, et bien sûr les heures sombres au temps de la Révolution.

Il est très intéressant d'observer les rapports des personnages entre eux dans le manga; la relation entre Oscar et André est très bien construite: Oscar ne se rend pas comte des sentiments que nourrit André à son égard et ce dernier en souffre énormément, de même que Rosalie Lamorlière qui, victime du premier émoi, oublie qu'Oscar est une femme. Car le thème de l'ambiguïté sexuelle est très présent dans cette oeuvre (on le retrouve d'ailleurs dans d'autres manga de Ryoko Ikeda comme Claudine ou Très cher frère): Oscar, par son allure masculine, suscite l'admiration des femmes de la cour, et exerce une certaine fascination sur beaucoup de personnages et surtout de lectrices! Bien sûr, la relation la plus intense reste celle de Marie-Antoinette avec Fersen: nous découvrons une jeune reine accablée par ses devoirs qui l'empêchent de s'épanouir dans sa nature de femme, qui a été mariée au profit d'une alliance purement politique, et ce, au détriment de ses sentiments. Mais la reine ne peut continuer à se mentir et veut obtenir un peu de cette liberté dont la privent Versailles et la cour. Nous découvrons d'ailleurs l'envers du décor versaillais: le palais royal est le théâtre de viles manoeuvres visant à nuire à la reine et à Oscar: la comtesse de Polignac est présentée comme une antagoniste qui abuse de l'amitié de la reine afin de s'enrichir, doublée d'une intrigante sans scrupule allant jusqu'à sacrifier sa progéniture pour son intérêt personnel. le litige de la Dauphine avec Madame du Barry montre également les tensions qui déchirent la cour, de même que l'agonie de Louis XV. Ce manga renferme une très belle fresque historique dont la lecture s'avère palpitante et captivante, et s'adresse à un très large public. Un chef-d'oeuvre à lire et à relire. Graphiquement, on reconnaît le coup de crayon typique des shojô-manga des années 1970 qui eut énormément d'influence sur d'autres manga légendaire, comme Glass no kamen par exemple; on retrouve les héroïnes aux yeux aussi étincelants que des joyaux, à la chevelure abondante et vaporeuse, un style longtemps imité et encore très prisé de nos jours (le personnage de la Princesse Peach est une héritière de ces canons, de même que Sailor Moon).
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}