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Critique de Bunee


Prolégomènes

La croisade des enfants, apprend-on sur le wiki, est, je cite, une expédition menée par des gens du peuple voulant partir en Terre sainte pour délivrer Jérusalem, à l'image des croisades de chevaliers. Elle se situe en 1212 entre la Quatrième et la cinquième croisade et se compose de deux cortèges qui partent simultanément d'Allemagne et de France. Elle prend son nom du latin « pueri », qui peut aussi signifier « les enfants de Dieu » ou « des hommes se trouvant en état de pauvreté"

Ces croisades d'"amateurs" on connu des fins terribles, les cortèges se dissipant au fur et à mesure, puis la faim, le froid, la maladie et la misère voire l'esclavage emportant de nombreuses victimes. Cela éclaire d'un jour nouveau le récit et le choix du titre, d'ailleurs.

Fin des prolégomènes.

Quart de couverture:

L'histoire commence un matin, sur le quai d'une gare, quand un groupe d'enfants part vers la mer Noire, en colonie de vacances.
Stoppé en pleine campagne par les écoliers, leur train ne parviendra pas à destination. Aidés par Calman, « Tsigane blond à peau blanche », les enfants vont y organiser leur propre vie devant des troupes spéciales déconcertées et des médias avides de nouvelles sensationnelles. Ce qui n'était au départ qu'un jeu pour les enfants, prêts à en découdre avec le monde réel ou virtuel des adultes, devient une véritable affaire d'État.
On évoque la présence d'un groupe de terroristes voulant déstabiliser le gouvernement ; on pense par la suite à des malfrats, des trafiquants en tout genre – hypothèse encouragée par l'arrivée massive d'enfants des rues sur les lieux, qui demandent la liquidation des orphelinats et des foyers d'accueil.
Les médias, la police, l'armée, les professeurs ou les parents, la société entière, semblent incapables, pour un temps, de mettre fin à la « croisade des enfants », qui exigent le respect de leurs droits et de leurs libertés. L'issue sera précipitée dans une confusion générale et nul ne sortira indemne de cette aventure où le burlesque le dispute au tragique.

Donc. Des enfants guidés par une petite tête rousse, leur institutrice, partent en goguette, et, curieusement, finissent par détourner le train sous l'impulsion d'une petite tête blonde. Enfin, détourner est un bien grand mot puisqu'un train, est difficilement détournable puisque condamné à suivre des rails. Mais Bref. Les professseurs sont enfermés, le train bloqué sur la voie, et la machine (médiatique / politique / mafieuse / militaire / sociale) s'emballe. Les revendications naissent. On suit avec énormément d'intérêt les (nombreux) personnages dont les destinées se retrouvent figées ici, sur la voie ferrée.

Cette histoire est tout simplement géniale, et le récit goupillé de façon franchement intéressante. La Narration se fait d'un personnage à l'autre, la ponctuation est complètement explosée, des récurrences forment comme une litanie, des échos qui s'essoufflent et , à peine mort, sont remplacés par d'autres.

Mais ce style d'écriture, assez particulier, doté de quelques longueurs, a perturbé au début la petite lectrice que je suis, en frôlant parfois l'indigeste. J'ai eu énormément de mal à rentrer dans l'histoire, en dépit d'une scène de départ très vivante et colorée. A un tel point que (toujours au début) je me suis demandée si je n'allais pas l'abandonner.

Mais l'entêtement s'avère payant, et on découvre des trésors de second degré, d'ironie, et de messages sur les dérives de la société roumaine. le récit, truculent et truffé de situations ubuesques, se dote vite d'une double lecture, on sourit très souvent devant l'ironie de l'auteur.

Je n'irai certainement pas, comme l'éditeur, jusqu'à parler de "grâce littéraire" mais il est vrai que Florina ILIS a ici beaucoup de charme. J'ai bien aimé, mais je ne recommanderai cet ouvrage qu'à des lecteurs dits "persévérants"
Lien : http://lelabo.blogspot.com/2..
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