AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Musa_aka_Cthulie


Ah la la la la ! Dire que j'avais emprunté ce livre pour mon troisième week-end vaccinal - car apprenez que je suis des protocoles pour un certain nombre de cas de figures, comme l'arrivée d'une rhino-pharyngite, d'une grippe, et maintenant en cas de vaccination, protocoles qui incluent une dose de ménage, la préparation de plats faits maison puis surgelés, ainsi que des lectures adaptées à la situation, allant des albums des Barbapapa à certains romans policiers. Bon là, j'ai triché, car le jour de ma vaccination, j'ai préféré feuilleté des livres d'art, en me contentant de regarder les images. J'attaque donc Ce que savait la nuit le lendemain de ma vaccination et là, je m'endors au bout d'un chapitre (précisons que les chapitres de ce roman sont très courts). Même chose le lendemain. Et le jour d'après.


Vous avez saisi le concept : pendant trois semaines, je n'ai fait que m'endormir en lisant ce roman, et je ne compte plus les nuits pendant lesquelles je me suis réveillée avec la lumière de ma lampe de chevet en pleine figure, ni celles où mon copain m'a retrouvée ronflant allègrement livre en main. N'ayant rapidement plus l'excuse du vaccin pour expliquer cette lassitude qui me prenait invariablement, j'ai pensé que c'était le livre qui posait problème, et sérieusement envisagé de le lâcher. Mais, bizarrement, alors que ce roman ne m'intéressait pas, je voulais connaître la fin, et, encore plus bizarrement, je me suis retenue de lire directement les dernières pages (ce que je faisais quand j'étais jeune avec certains Agatha Christie, et que je regrettais aussitôt). J'ai fini par me convaincre que le livre n'y était pour rien, que j'avais trop de mal à me concentrer et à prendre du recul à cause de certains événements absolument passionnants de ma vie, comme des problèmes de vase d'expansion, de purgeur, et autres machins bien connus des plombiers-chauffagistes (non, ce ne sont pas des métaphores salaces, ignares en plomberie que vous êtes !) et dont les écrivains ne parlent pas assez souvent, me semble-t-il. Je ne remercierai donc jamais assez les Babeliautes fans d'Arnaldur qui ont écrit que ce roman n'était pas terrible, voire mauvais : fini l'auto-flagellation, tout est la faute de l'auteur !


D'Arnaldur Indriðason, je n'avais lu que Les Fils de la poussière (sympathique), et Les Nuits de Reykjavik (moins bien), de la série Erlendur - et c'est sans compter l'adaptation cinématographique de la Cité des jarres. Je passe vite fait sur la traduction, vu que je me suis assez épanchée dans ma critique du roman Les Fils de la poussière. En gros, mêmes problèmes, y compris ces foutues erreurs dans l'utilisation de la concordance des temps qui me rendent complètement dingue... mais gardons la tête froide. J'avais choisi ce livre pour tenter autre chose que la série Erlendur (du nom du personnage principal de nombreux romans d'Arnaldur Indriðason) et mal m'en a pris. le personnage ici central, Konrad, un policier à la retraite déjà apparu dans la Trilogie des ombres du même auteur (trilogie que je n'ai pas lue et que je n'ai désormais aucune envie de lire un jour), ressemble étonnamment au personnage d'Erlendur, si bien que j'avais tout le temps en tête le visage d'Ingvar Eggert Sigurðsson, qui jouait Erlendur dans Jar City du réalisateur Baltasar Kormákur (vous les connaissez tous les deux si vous avez vu la série TV Trapped). Par conséquent, c'était un peu raté pour le changement de programme.


Et c'est d'un mou ! Je me souviens qu'un membre de SensCritique avait écrit un jour quelque chose comme "J'aime bien les trucs mous, mais là, c'est exagérément mou" (je précise qu'il parlait de musique). Je reprends ici cette formulation, tellement elle s'applique parfaitement à mon cas. Je peux apprécier des enquêtes lentes, qui s'appuient sur un aspect réaliste du travail policier, sur une ambiance morne, etc., etc. Encore faut-il quelque chose pour accrocher le lecteur. Ici, on a un cold case rouvert à cause de la découverte du corps d'un type disapru depuis... j'ai oublié depuis combien de temps, en fait - ça fait longtemps, mais à l'heure qu'il est, et alors que j'ai laborieusement terminé le roman ce matin, je suis incapable de dire s'il est censé s'être passé vingt, trente ou quarante ans entre la disparition du type et la réapparition du corps. Peu importe. Konrad (le faux Erlendur), pourtant à la retraite, reprend du service pour élucider la chose, tout en refusant de reprendre du service, tout en reprenant quand même du service sans reprendre du service... Bon, tout ça n'est franchement pas clair, et je suis sûre que légalement, ça ne tient pas la route (je sais pas vous, mais pour ma part, j'aurais pas envie d'aller répondre aux questions d'un policier à la retraite qui prétend m'interroger pour le compte de quelqu'un soi-disant afin de rendre service, c'est pas vraiment une démarche qui me mettrait en confiance). En plus, je sais pas, il s'y prend mal ce Konrad, il commence à poser des questions et dès que ça devient un peu intéressant il dit "Au revoir" à son interlocuteur, c'est pas très constructif. Pas étonnant que l'enquête n'avance pas ! Et alors qu'on n'avance toujours pas, ne voilà-t-y pas qu'on se met à parler de la mort mystérieuse du père de Konrad, qui n'a strictement rien à voir avec cette enquête. Ah ben ça risque encore moins d'avancer ! Je n'insisterai pas sur les passages un peu réacs qui n'arrangent pourtant pas nos affaires : les femmes ne s'intéresseraient qu'au maquillage et pas du tout au sport, les jeux vidéos seraient forcément idiots, tout comme les films d'action, etc., etc. Bref.


L'intrigue n'a certes rien d'original, mais rien de nullissime non plus. C'est juste la façon dont c'est traité qui est ennuyeuse. Il se trouve que Ce que savait la nuit a été écrit par Arnaldur Indriðason plus de vingt ans après son premier roman, qu'Arnaldur publie beaucoup et que ça sent la vieille recette éculée. Et alors que je commençais juste à me dire que finalement, bon, c'était peut-être pas si mal que ça, arrive la fin, avec une espèce de morale à la con et mal assumée. J'ai déjà dit que je regardais pas mal de séries télé scandinaves, notamment policières ; or, dans ce roman, on est très loin des choix très violents que peuvent faire des personnages de policiers dans certaines de ces séries, sans pour autant qu'il nous soit imposé un point de vue moral sur leurs actions - je pense en particulier à Bron/Broen ou à Forbrydelsen. Dans Ce que savait la nuit, c'est tout le contraire. Ce que j'ai trouvé assez déplaisant, en sus d'être tout simplement chiant.
Commenter  J’apprécie          5614



Ont apprécié cette critique (54)voir plus




{* *}