La bonté de ses mots me surprenait toujours. Tout comme ma colère, quand je les entendais. Et même dans mon impatience, dans ma frustration et dans ma fureur, il me faisait de la peine. Il voulait m’aider. Je le savais bien. Mais quand il me demandait de la patience, il me demandait l’impossible.
Personne ne sait ce que le destin nous réserve. L’amour semble toujours arriver quand on s’y attend le moins. Vous traversez une période de deuil, ne la laissez pas vous marquer pour le restant de votre vie.
Dans mon imagination, la chaleur de son corps se sentait toujours sur ses habits oubliés. Je relevai la veste, la pressai contre mon visage et en inhalai le parfum. Une vague de désir monta en moi.
Le revolver. Pourquoi l’avais-je acheté déjà ? Qu’essayais-je d’accomplir en l’achetant ? L’avais-je vraiment pris parce que, brusquement, le monde m’effrayait, ou parce que j’avais d’autres projets ? Des projets dont j’étais moi-même incertain. Chris était-il plus malin que je le pensais ? Avait-il visé juste, avant moi, au sujet de mes intentions ? Et après tout, pourquoi acheter une arme si on ne compte pas s’en servir ?
Je frémis un peu lorsqu’il effleura involontairement ma colonne vertébrale. Nous étions si proches que je sentais son corps assis là, près de moi. Je me demandai ce qu’il dirait s’il savait quel effet me faisait son toucher. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été touché par un autre homme que Spencer. Et puis merde, cela faisait longtemps qu’aucun homme ne m’avait touché.
C’est la première fois que je me sens comme ça. Si plein de haine. Si furieux. J’ai l’impression d’être une putain de bouilloire qu’on aurait oubliée sur le feu. Je bous et je bous.
Avec mon travail, j’en ai appris des choses sur le chagrin. J’ai compris à quel point ça pouvait être destructeur. Le chagrin et la haine forment un cocktail mortel, Tyler.
Notre souffrance ne représentait qu’un minuscule pépin dans l’univers. Autrement dit : que dalle.
J’entrai dans le garage les clés en main, leur tintement familier et réconfortant, comme un écho du passé, une promesse de liberté, une promesse… de vengeance.
Cette agoraphobie terrible qui me tourmentait depuis ma sortie de l’hôpital avait disparu. C’était aussi simple que ça. Les mots du médecin légiste l’avaient arrachée comme une écorce d’arbre.
Dans mon rêve, nous faisions à nouveau l’amour, Spencer et moi. Par la suite, les bagues étaient toujours à nos doigts tandis que nous nous complaisions dans cette douce euphorie dont jouissent les amants.