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Critique de NMTB


Si je n'avais pas bêtement espéré lire des contes fantastiques, j'aurais certainement plus apprécié ce recueil, car il n'en contient pas de « vrais », l'auteur y met trop d'ironie. Il est constitué de quatre livres différents, dans lesquels s'imbriquent de petites histoires.
Pour commencer par le moins imaginatif et donc, en ce cas, celui que j'ai le moins apprécié : « Buckthorne et ses amis » est à la fois une satire de la petite république des lettres et un roman d'initiation. Il met principalement en scène deux personnages, le dénommé Buckthorne et l'un de ses amis d'enfance, tous deux ayant eu dans leur jeunesse de grandes ambitions poétiques déçues par la réalité. le début, sur les salons et autres coteries littéraires avec leurs mesquines ambitions, leurs prétentions et leurs réputations, est bien vu et amusant, et je ne trouve pas cela tellement daté. Bien sûr, les salons de bas-bleus ont disparus, mais, Dieu merci, nous arrivons encore aujourd'hui à préserver le côté grotesque de tout cela grâce aux différents prix et jurys littéraires (et aussi, parfois, Babelio ?...). C'est amusant à lire mais pas indispensable, tant qu'à faire il est aussi plaisant d'observer nos actuelles rentrées littéraires.
Les trois autres livres sont plus homogènes, le sujet de l'un tourne autour des fantômes, un autre sur les bandits italiens et un dernier sur les pirates. Celui sur « Les bandits italiens » est constitué de récits enchâssés sur ces voleurs situés entre Naples et Rome. C'est une vieille histoire le banditisme organisé en Italie. Je crois qu'Alexandre Dumas a lui aussi écrit un livre sur eux et Stendhal les évoque déjà dans ses Voyages en Italie. « Les brigands italiens sont une classe d'hommes déterminés, presque organisés en société régulière », écrit Irving en introduction, « Ils sont assurés de la bonne volonté des habitants de ces régions, peuplades pauvres et à demi barbares, qu'ils ne troublent jamais et qu'ils enrichissent quelquefois. En effet, on les regarde comme une sorte de héros illégitimes, parmi les villages des montagnes, et dans quelques villes frontières où ils vont vendre leur butin. » Parmi toutes ces histoires, celle sur le jeune voleur mérite une attention particulière, elle est d'un romantisme assez banal, comme une bonne partie du livre, mais très sombre et violent, sans édulcoration.
Le livre sur les fantômes, intitulé « Etranges histoires, par un gentleman nerveux », le premier de ce recueil, m'a un peu déçu, car je m'attendais à de véritables histoires de fantômes et pas quelque chose d'aussi ironique. Toutes finissent en eau de boudin, pour mettre en avant la folie, la crédulité ou le trop de sensibilité des personnes qui croient aux fantômes. L'histoire du jeune Allemand idéaliste m'a particulièrement frustré car l'idée de départ était vraiment excellente. Godefroy Wolfgang est un jeune allemand idéaliste, exalté, enthousiaste (tout à fait le portrait d'un autre conteur contemporain d'Irving : Hoffmann), en voyage à Paris pendant la Révolution. Il tombe amoureux d'une femme rêvée, c'est-à-dire vraiment rêvée, d'un rêve. Je passe sur les détails et la conclusion, mais là où Irving termine encore son histoire d'une manière ironique, c'est que Wolfgang finit tout simplement à Charenton, chez les fous. C'est dommage et trop mal exploité.
Le meilleur livre est à mon avis celui sur les pirates, peut-être parce que je me suis habitué au ton léger et humoristique de l'auteur, ou peut-être parce qu'il se passe dans un endroit que l'auteur connaissait très bien, la ville où il a passé son enfance : New-York. Contrairement aux histoires de fantômes, l'ironie d'Irving ne m'a pas dérangé car elle sert à dénoncer la cupidité des chercheurs de trésors, et des spéculateurs new-yorkais. le centre géographique de ce livre peut-être précisément situé dans le détroit de Hell-Gate à l'Est de Manhattan, qui a complètement changé d'aspect depuis l'enfance d'Irving. Il évoque une île champêtre, peuplée majoritairement d'Hollandais, pas encore quadrillée par les hommes du dix-neuvième siècle. Quant au détroit de Hell-Gate, il a été détruit à l'explosif depuis. Washington Irving a essayé d'inventer un folklore aux Etats-Unis avant la conquête de l'Ouest, et déjà la fièvre de l'or en était le ressort principal.
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