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Critique de Sachenka


Première incursion dans l'univers de Kazuo Ishiguro. Quelques uns de ses livres amassaient la poussière dans ma bibliothèque (sans raison particulière, il y a tant à lire !) et son attribution du prix Nobel m'a poussé à m'y lancer enfin. Début prometteur. Un artiste du monde flottant n'est pas un coup de coeur mais il contient suffisamment d'éléments qui m'intéressent pour m'encourager à continuer l'exploration de son oeuvre.

Le peintre Masugi Ono, sur ses vieux jours, essait de marier sa plus jeune fille et une remarque anodine de son aînée Setsuko (qu'elle lâche sans trop y penser, d'ailleurs elle ne s'en rappellera pas) l'amène à reconsidérer certains événements de son passé, quelques gestes regrettables. Et si une de ces ombres était la raison pour laquelle les prétendants semblent fuir Noriko, que les Ono sont devenus persona non grata ? le peintre prend donc sur lui d'aller à la source et s'assurer que certaines informations restent secrètes. Mais ce voyage dans le passé s'accompagne de réflexions, de souvenirs et de nostalgie.

Mais attention, on est loin de la précieuseté des romans à la Kawabata, Mishima et autres. Pas de délicatesse poussée à l'extrême, comme dans les cérémonies du thé. J'écris cela sans mépris, j'adore l'oeuvre de ces auteurs. Là où elle les rejoint peut-être (Ishiguro a grandi et vit en Angleterre, je le sais), c'est dans la lenteur avec laquelle l'intrigue se déploit. Ça me convient mais ça peut ennuyer plus d'un lecteur.

Kazuo Ishiguro fait revivre le monde de l'art officiel japonais (peut-être un peu superficiellement, il s'attarde plus longuement sur les relations entre les artistes, mais tout de même !). Déjà, avant la Seconde guerre mondiale, certains poussaient pour le changement et la modernité. Puis, après la guerre, la société s'ouvre radicalement sur l'Occident. Ce n'est nulle part mieux exprimé que chez le petit-fils Ichiro, qui ne jure que par les films américains, les histoires de cow boys ou de dinosaures, etc.

Quel sens donner à son oeuvre et la vie quand les repères disparaissent peu à peu ? Quand le monde que l'on a connu n'est plus ? En fait, il devient un monde flottant, en d'autres mots changeant. Il faut essayer de s'adapter. C'est ce que Ono n'a pas su faire complètement à une époque, son erreur passée, qui a eu des conséquences néfastes pour un de ses élèves. Je ne veux pas en dire trop, ce sera à vous de le découvrir.

Il est clair que j'ai aimé ce roman. Toutefois, je me dois de noter une petite difficulté : il est assez facile de situer Masugi Ono sur ses vieux jours mais, quand il ressasse le passé et que la narration apporte le lecteur en arrière, il n'est pas toujours aisé de savoir à quelle époque précisément. Dans sa jeunesse alors qu'il était apprenti ? Quelques années plus tard alors que son art se développe ? Quand il est devenu un maître de l'art officiel et qu'il enseignait ? Avant la Seconde guerre mondiale ? Après ? Parfois, il faut quelques pages pour en être certain.

Pour revenir sur la remarque de sa fille Setsuko, c'est symptômatique de quelque chose : comment un mot, une parole, un geste, peut affecter grandement le destin de quelqu'un. Après tout, c'est une remarque irréfléchie qui met en branle tout le roman. le lecteur retrouve plusieurs réflexions du genre, sur la vie en général.
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