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Citations sur Les mondes de l'esclavage : Une histoire comparée (7)

[Esclavage en Angola]
Le décret du 25 février 1853 stipula que toutes les personnes des deux sexes qui avaient alors le statut d'esclaves étaient déclarés libres, sans exception. Mais, au même moment, le législateur [portugais] créa la figure juridique des /libertos/ (littéralement "libérés"), qui était, en pratique, un statut transitoire entre celui d'esclave et celui de libre. Les /libertos/ étaient contraints de continuer à travailler pour leur maîtres en échange d'un petit salaire. Afin de documenter et de différencier leur statut, les autorités coloniales marquaient leur poitrine au fer rouge avec le symbole de la liberté.
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Le destin de l'ancien esclave Green Cottenham, arrêté en 1908 en Alabama pour vagabondage, raconte à lui seul la violence de ce nouveau mode d'exploitation [le système de louage des prisonniers auprès d'entreprises privées (convict lease system)]. Green Cottenham fut tout d'abord condamné à une peine de trente jours de travaux forcés, assortie d'une amende. Après qu'il se fut déclaré incapable de la verser, le juge étendit son incarcération à une année entière. Dès le lendemain de son arrestation, L’État d'Alabama loua Cottenham à l'US Steel Corporation pour un montant de 12 dollars par mois et l'affecta au travail d'une mine. Enchaîné, vivant jour et nuit à l'intérieur de la mine, il devait en extraire plusieurs tonnes de charbon par jour. La mortalité à l'intérieur de la mine était particulièrement élevée. L'année de son incarcération, soixante hommes y moururent de maladies ou d'accident, les gérants ne prenant même pas soin la plupart du temps de leur accorder des funérailles. Cottenham lui-même mourut moins de six mois après son arrivée, au mois d'août 1908. Un administrateur d'une des prisons du sud des États-Unis exprime en quelques mots la violence inouïe de cet esclavage pénal:

Avant la guerre, on possédait les nègres [We owned the negroes]. Si un homme avait un bon nègre il pouvait se permettre de le garder pour lui. Mais ces condamnés, on ne les possède pas. L'un d'entre eux meurt, tu en prends un autre [But these convicts, we don't own'em. One dies, get another] (M. Mancini).
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Alors que des présupposés évolutionnistes continuent d'infléchir nos manières de penser l'esclavage, comme un résultat de la sédentarisation, de la pratique de l'agriculture et de la densification de la population, le cas Yuqui révèle que ce genre d'institution peut pleinement se développer dans des sociétés nomades, non agricoles, et de petite taille.
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En 1782, lorsque les hommes du Deane prirent le Regulator bermudien, ils trouvèrent à bord un équipage de soixante-quinze hommes, dont soixante-dix étaient des esclaves noirs. En dépit de la jurisprudence selon laquelle ces esclaves auraient dû être vendus aux enchères en tant que bien confisqués, les juges de la cour de la vice-amirauté du Massachusetts offrirent la liberté aux esclaves du Regulator lors du procès. Ceux-ci refusèrent tous, choisissant l'esclavage. Ils demandèrent à être renvoyés dans leurs foyers bermudiens à l'occasion de la trêve suivante, en tant que prisonniers de guerre. Leur rejet du statut de libre ne révèle pas seulement que la liberté pouvait ne revêtir aucun sens pour certains groupes et s'avérer, dans des circonstances particulières, une solution encore pire que l'esclavage, mais aussi que les gens comprenaient précisément la différence entre le statut de libre et celui d'esclave.
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Il ne semble pas qu'aucun de ceux [les mamelouks] qui en eurent les moyens ait jamais cherché à revenir sur leurs pas, à recouvrer leur nom et leur identité première, à se faire une seconde fois renégat. /A contrario/, de jeune hommes nés libres et musulmans aux confins de la Syrie se faisaient volontiers passer pour esclaves afin d'intégrer par ce filtre le cursus enviable des mamelouks. L’Égypte et la Syrie offrent ainsi au XVe siècle l'étonnant exemple d'une société où les esclaves étaient choisis et éduqués pour un jour devenir les maîtres.
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La vocation de l'esclave public serait ainsi de rendre invisible l’appareil d’État, comme le suggère le cas de l'Athènes classique (Ve-IVe avant notre ère). Assurant le fonctionnement de l'administration civique par-delà la rotation régulière des magistratures, les esclaves publics incarnaient d'une certain façon la bureaucratie de la cité grecque. Or, en confiant à des esclaves de telles tâches, les Athéniens visaient à dissimuler, en la projetant dans une figure d'altérité absolue, la part bureaucratique inhérente au fonctionnement du régime démocratique. En rendant invisibles, car esclaves, ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l'apparition d'un État qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle. L'esclavage public peut y être interprété comme une forme de résistance de la société civique à l'émergence d'un appareil d’État (P. Ismard).
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Ce livre paraît alors que la prise de conscience du passé esclavagiste est chaque jour plus aiguisée au sein de la société française.
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