La guerre n’a pas de sens pour les enfants. D’abord ils ont peur, puis ils s’habituent. C’est quand ils s’habituent que ça devient inhumain. (p.18)
« Le monde est plein de choses très belles et on pourrait passer sa vie sans les connaître » (p. 29)
… j’ai toujours cru, au contraire, que le monde était plein de secrets. Qu’on entend un mot, une parole, et mille autres restent cachées. Que les êtres humains se servent du langage principalement pour mentir (p. 172-73)
Je ne sais pas si cette île existe. Je sais seulement que le monde est grand, que personne ne possède rien, hormis ce qu'il a fait. Je sais que notre seule certitude est dans le ciel et non pas sur la terre, parce que le ciel que nous voyons, avec le soleil et les étoiles, est celui que nos enfants verront. Que pour le ciel nous sommes à la fois des vieillards et des enfants.
"À Campos, nous n'avons pas d'école comme vous dites. À Campos, les enfants n'ont pas besoin d'aller à l'école parce que notre école est partout. Notre école c'est tout le temps, le jour, la nuit, tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons. Nous apprenons, mais ça n'est pas dans les livres et les images, c'est autrement."
...
Raphaël a consenti à m'en révéler davantage. "À Campos, nous ne disons pas les mathématiques, l'algèvre, la géométrie, la géographie et toutes ces sciences dont tu viens de parler." Il a attendu un instant, il s'est rapproché de moi et il a chuchoté : "Nous disons : la vérité."
C'était menaçant, à peine réel. La guerre n'a pas de sens pour les enfants. D'abord ils ont peur, puis ils s'habituent. C'est quand ils s'habituent que cela devient inhumain.
« Je dois essayer d’aller en ligne droite, pour faire une coupe. »
Il ne comprenait toujours pas : «À quoi ça sert d’aller tout droit ? »
J’ai dit : « C’est une reconnaissance. »
… Il a remarqué : « Mais si tu vas tout droit, tu ne pourras pas rencontrer des gens ? »
J’ai secoué la tête : « Non, je ne rencontrerai personne. C’est une étude de la terre, je n’ai pas besoin de rencontrer des gens. » Il m’a regardé avec étonnement : « Mais comment tu peux étudier la terre si tu ne rencontres pas ceux qui habitent dessus ? »
Le sol est le « nœud » de l’écosphère, mesdames et messieurs, le sol sur lequel vous marchez, duquel vous mangez, le sol est votre peau, votre vie. Si vous ne le traitez pas bien, vous le perdrez, car un sol dégradé ne se récupère pas. Quand il est détruit, il faut des milliers d’années pour que la terre en invente un nouveau.
En attendant, les régions les plus pauvres de la planète continuent à sombrer dans des guerres larvées et l'insolvabilité. Il n'y a plus qu'un grand mouvement d'exode, une sorte de vague de fond qui se brise continuellement sur l'écueil de la frontière. Il n'y a pas de quoi être optimiste. Pourtant, ce qui nous unit encore, Dahlia et moi, ce qui nous permet d'espérer, c'est la certitude que le pays d'Ourania a vraiment existé, d'en avoir été les témoins.
Il m'a demandé : "Es-tu heureux ?" Je ne savais pas quoi répondre, il m'a dit : "Si tu hésites, c'est que tu es heureux."