AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Les éditions Rivage proposent un recueil de contes noires de l'Américaine Shirley Jackson. Celle-ci s'est imposée dans le monde de la littérature fantastique à un moment où les femmes étaient très peu représentées. Elle a inspiré nombre de grands noms de l'horreur, à commencer par Stephen King.

La première parution de sa nouvelle La Loterie, dans les colonnes du New Yorker en 1948 fit l'effet d'une bombe. On peut dire qu'elle a d'emblée attiré l'attention sur elle et la publication n'a jamais rencontré un aussi grand nombre de désabonnements et de courriers hostiles suite à cette histoire.
C'est elle qui ouvre le recueil et force est de constater que plus de 60 ans après, elle impacte durablement le lecteur. Comme dans la plupart des nouvelles ici présentes, nul besoin de renfort surnaturel ou d'hémoglobine et entrailles à tout va. le mal, chez Shirley Jackson, s'insinue dans un quotidien tout ce qu'il y a de plus banal, qu'il prenne la forme d'une singulière coutume villageoise ou de la mesquinerie d'une aimable ménagère ou encore une jeune étudiante éprouvée par le deuil de sa mère.

Chaque conte, même si subjectivement certains m'ont plu plus que d'autres, est en soi un petit bijou et une démonstration de l'art de la nouvelle, si difficile. Shirley Jackson sait jouer sur des craintes et des fantasmes tout ce qu'il y a de plus communs, comme dans "Paranoïa". Elle enrobe parfois le caractère glauque de ses chutes dans des descriptions aux tons élégants et surannés comme dans "La possibilité du mal" (une de mes favorites).
Tout est finement et très efficacement mené.

La lecture de la postface permet de mieux appréhender certains thèmes récurrents chez l'auteure au vu de sa vie et des états dépressifs qui l'assaillirent régulièrement. Il en va ainsi de l'image duale de la maison, à la fois havre de sécurité ou de réussite sociale et prison ("La bonne épouse") ou de l'ambiguïté du lien conjugal  ("La lune de miel de Mrs Smith" et "Quelle drôle d'idée").

Je me suis efforcée, non sans difficulté, de ne pas lire ces contes noirs les uns à la suite des autres mais de les espacer pour pleinement savourer le talent de nouvelliste de Shirley Jackson. Les décennies ont passé mais ses histoires gardent une fraîcheur indéniable puisque les attitudes et travers humains restent peu ou prou les mêmes, quelle que soit l'époque.
Commenter  J’apprécie          310



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}