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Citations sur Relation avec date d'expiration, tome 1 : Un semestre.. (9)

Dex ne pouvait s’empêcher de penser à Nick, et ça le rendait complètement dingue.

Il avait un double problème. D’un côté, il avait voulu présenter ses excuses pour son comportement de super connard à Nick pendant le brunch, mais n’avait pas trouvé d’opportunité pour le faire. En revanche, il avait trouvé le moyen de continuer à faire le super connard à plusieurs reprises. Il était, en fait, en train de se demander s’il n’était pas tout simplement un super connard.

Izzy avait probablement raison. Il fallait qu’il se tape quelqu’un et le plus vite serait le mieux. Sa main ne parvenait plus à faire l’affaire ces jours-ci.

Peu importait, il fallait tout de même qu’il présente ses excuses à Nick.
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Nick n’allait pas bien. Il se sentait agité, sauvage, telle une rivière passant par-dessus une digue effondrée. Les sentiments se déchaînaient en lui, et pour la première fois de sa vie, il laissa faire.
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Un peu après, il se retrouva avec un autre verre en main. Comment, il n’en savait rien. Ses jambes étaient mortes, il n’avait plus aucun souffle, il était probablement si rouge qu’il devait avoir l’air d’un personnage de dessin animé, mais par miracle, il s’était faufilé entre deux personnes au bar et avait réussi à capter l’attention du barman, ce qui était une grande première pour lui. C’était le même mec qui avait servi Izzy un peu plus tôt, et lorsqu’il vit Nick, il trotta dans sa direction et lui fit un sourire qui surprit ce dernier. Il avait réussi à passer commande et payer comme un être humain normal, et se fit la remarque que ce regard était à la limite du flirt.

Il n’allait pas se préoccuper de ça, donc il se dirigea vers un endroit quasi désert, et sa bière tiède lui fit l’effet d’une manne tombée du ciel. Il avait l’impression de flotter, l’esprit embrumé, une sensation plaisante. Il était très content de ses récents choix de vie. Content d’avoir dansé en boîte sans personne pour le pointer du doigt en riant, content d’avoir pu danser avec Natali sans être complètement effrayé.
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Il se souvint, un jour où il avait décidé d’aller chercher Al à l’école, avoir vu tout le monde commencer à sortir, et il avait regardé les visages blancs passer les uns après les autres, dans leurs uniformes, en train de papoter, tout à fait à l’aise dans cet environnement. Les filles marchaient main dans la main, leurs longs cheveux brillants flottant dans la bise, les garçons se chamaillaient pour se prouver qu’ils étaient plus forts les uns que les autres. Et là, il avait repéré Al, marchant tout seul. En dehors de lui, Dex avait pu apercevoir ce jour-là peut-être trois personnes de couleur. L’école entière ne devait pas en compter plus d’une poignée.

Al était petit pour son âge, et il avait eu l’air mal à l’aise – une sorte d’alien parmi tous ces gens qui se ressemblaient. Le cœur de Dex s’était serré et il s’était senti presque nauséeux à le voir ainsi.

Sa mère n’avait jamais évoqué tout ça. Il aurait dû s’en douter, il aurait dû y penser, mais il avait été tellement occupé de son côté qu’il n’avait pas réalisé.
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— En gros, des A partout. Mais tout le monde s’en fichait car ils n’étaient personne, et ils étaient juifs, de surcroît.

Il fit une pause pour prendre une grande inspiration.

— C’était le système le plus corrompu qu’on puisse imaginer. Ça l’est toujours, communisme ou pas.

Et ça n’était pas juste un problème communiste. Ses parents étaient partis quatorze ans après la chute de l’URSS. Quatorze ans à croire, à espérer que peut-être les choses s’amélioreraient. Quatorze ans pour réaliser, lentement, que jamais rien ne changerait, et que même si c’était le cas, ça serait encore pire. Zoyka rentrait à la maison en pleurs car peu importait ses efforts, sa prof de littérature ne lui mettait jamais de A. Quatorze ans à vivre dans la crainte de prononcer le mot « juif » en dehors de leur communauté religieuse, car malgré le fait que les années 90 aient vu une certaine liberté fleurir, un certain changement de mentalité aussi, des siècles d’oppression étaient impossible à éradiquer.
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Izzy avait raison, au grand dam de Dex. Il était un peu dans la mouise. Dans le pétrin même. Une situation pour le moins déplaisante.

Il était baisé. Car même sans parler du fait que Nick était indisponible émotionnellement parlant, le fait qu’il allait quitter le pays n’aidait pas. Mais ça ne changeait rien au fait qu’à chaque fois que Dex le voyait, il ne pouvait s’empêcher de le regarder. Ou d’être tellement conscient de sa présence, physiquement, que ça le rendait toute chose. Est-ce que ça faisait si longtemps que ça depuis qu’il avait vraiment apprécié quelqu’un, qu’il ne se rappelait plus ce que ça faisait ?

Ils organisèrent les leçons de cuisine par texto, parce que Dex n’avait juste pas les couilles de le faire en vrai. Et comme il ne voulait pas non plus avoir des témoins qui pourraient rendre le tout très embarrassant, il suggéra à Nick de le faire chez lui.
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À huit heures, tandis que son réveil lui hurlait de se lever, son angoisse informe devint une pensée bien plus terrifiante que ces fantômes nocturnes.

Il désirait des hommes. Il n’avait jamais vraiment voulu être avec Lena pendant toutes ces années. Il n’avait pas vraiment désiré Ashley en seconde, quand ils s’étaient embrassés dans la classe d’arts plastiques, ses cheveux lui chatouillant les paumes, alors qu’il avait posé ses mains tremblantes sur ses épaules. Une baise vite-fait, alors qu’il était en sueur, tremblotant, peinant à avoir une érection.

Il désirait Dex. De tous les gens, de toutes les personnes qu’il avait rencontrées récemment, il le voulait lui, si fort que ses mains en tremblaient. Nick ne pouvait plus se voiler la face. La vérité était bien trop effrayante.

Il se brossa les dents, et si on faisait abstraction de ses cernes et de son début de barbe, il vit le visage de son père, jeune, dans le miroir.
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Il se rendit en cours. Il observa les autres élèves, les regarda répondre au prof, avancer leurs théories. Quel effet ça fait ? Quel effet ça fait de se connaître soi-même et d’aimer ce qu’on voit ? De vivre sa vie sans se sentir bizarre ou incomplet ? De savoir que l’on est à sa place, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur ?

Il observait Dex parfois et le trouvait incroyable. Il semblait ne jamais avoir peur. En tout cas, de ce que Nick pouvait voir. Il évoluait dans ce monde, certain qu’il avait sa place, et à raison. Il avait une famille à laquelle il semblait ne rien cacher. Alex avait une fois mentionné le fait que Dex s’était tapé une foule de mecs durant ses premiers mois à la fac, et Nick y avait souvent repensé depuis.
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Nick était à des milliers de kilomètres de chez lui, mais le joug sous lequel il était n’avait pas de limite.

Il n’était pas ça. Il n’était pas Natali et sa confiance en elle. Il n’était pas Dex et sa grâce, ni la façon avec laquelle il s’acceptait avec fierté.

Nick, lui, était le produit de beaucoup de non-dits, de choses dont on avait peur et dont on ne parlait pas. Ne dis à personne que tu es Juif. C’est bon, ça ne se voit pas, tu n’as pas le nez de la famille. Tes cheveux sont clairs, Dieu merci. Ta sœur a les yeux tristes juifs, mais toi – toi tu ressembles à ton père. Tout ira bien pour toi.

Puis plus tard, il avait commencé à se dire toutes ces choses : ne fais jamais allusion au fait que la simple vue de ton meilleur ami au collège fait battre ton cœur d’une certaine façon, mais d’une façon qui ne devrait pas exister. Tu veux être lui, c’est tout. Tu veux savoir ce que ça fait d’être beau gosse comme lui, d’avoir cette confiance en toi, de sentir que tes pieds sont bien ancrés sur cette terre qui est la tienne. C’est tout ce que c’est. C’est tout.

Ne parle jamais de la façon dont tu as pleuré sous la douche tous les jours un été entier, car tu savais que tu étais différent et que cette porte vers laquelle tu te dirigeais t’était interdite.

Ne le dis pas. Ne le pense même pas.

Tu n’es pas ça. Tu ne peux pas l’être. Ça n’est pas pour toi.
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