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Critique de maevedefrance


Traduit par Alain Gnaedig

En attendant les nouveautés de janvier, je pioche dans ma bibliothèque. Il y trônait ce roman norvégien, Les invisibles, depuis plusieurs mois, d'un auteur que je ne connaissais pas.
Un petit voyage au large des Lofoten, dans des îles minuscules me tentait bougrement ! Me voilà donc partie sur l'île de Barrøy, du nom de la famille qui en est propriétaire. le chef de clan est Hans, qui vit là avec son père, le vieux Martin, sa femme Maria et ses filles Ingrid et Barbro. Un caillou aride d'un kilomètre à peine, où l'on cultive un carré de pommes de terre, on fait du foin quand c'est possible, on ramasse la tourbe, on trait quelques vaches mais on vit surtout de la pêche, celle que l'on ramène et que l'on vend ou bien celle de l'Usine, qui nous fait vivre.

La vie et le décor semblent immuables, entre blizzard, tempête, et ...canicule ! Pas de date, quelques allusions vagues. La nature dicte sa loi et les hommes font avec. Sur Barrøy, on disparaît et réapparaît - parfois. On devient père et mère sans avoir eu d'enfants, on devient adulte alors qu'on n'est qu'un enfant. On oublie d'aller à l'école. Et puis on y retourne. On construit des rafiots et des pontons. On s'engueule, on se bat et on se réconcilie. On est hors du grand tumulte du monde, on est invisible.

Cependant, le lecteur observe, subjugué la vie de ce microcosme à la beauté magnétique du froid. On est une famille indéfectiblement liée, avec ses secrets à peine esquissés sur la page d'encre. On a parfois voulu partir mais Barrøy en a décidé autrement.

Roy Jacobsen peint avec une minutie incroyable la vie de ses personnages confronté à Dame Nature, elle aussi un personnage à part entière. J'ai eu du mal à m'immerger dans le roman pendant une trentaine de pages (peut-être parce que les conditions n'étaient pas réunies). Il faut dire que l'écrivain est assez avare en virgules, et préfère la description et le discours rapporté au dialogue au style direct (ce qui au demeurant ne me pose aucun problème). Puis j'ai plongé et j'ai dévoré les pages pour suivre cette saga familiale au confin du monde. J'ai même retardé la fin parce que justement je ne voulais pas quitter ces gens ! 299 pages, c'est bien court !

Quelques petites remarques : j'aurais bien voulu en savoir plus sur le père de Lars, le fils "illégitime" de Barbro, lui même demi-frère de Felix, fils adoptif d'Ingrid. Pourquoi les femmes disparaissent avant de réapparaître ou deviennent folles ? C'est passé sous silence par Roy Jacobsen mais il s'amuse un peu avec elles. Quant aux hommes, ils meurent de leur belle mort ou carrément bêtement.

J'ai eu des soucis avec la traduction, parfois : ça m'a fait sourire de trouver des pies huîtrières. Je ne connais que l'huitrier pie, c'est-à-dire l'huitrier avec un plumage de deux couleurs dont du blanc. Seuls les connaisseurs de l'échassier (qui ne mange pas d'huître !) trouveront étrange de le voir rebaptisé.  Quant à "ce bref moment où l'île est le plus grande, où l'on peut marcher sur du sable blanc" = ???? coquille !....  ; ou "la mer (...) noire et lisse comme de la colle sous un ciel sans étoiles"... j'ai beau eu lire et relire, je n'arrive pas à imaginer ce que c'est de la colle sous un ciel sans étoiles ! Il manque une virgule, non ? - même si j'ai bien compris que c'est la mer dont il est question, mais balancé comme ça, ce n'est pas clair !  Peu de virgules chez Roy Jacobsen, c'est vrai... Bref, j'ai fini par trouver qu'il manquait un travail de correcteur dans ce texte (ce qui relève de l'éditeur). Cela dit, ça n'a pas gâché mon plaisir, mais un peu agacée à la longue. J'ai lu le livre en version poche chez Folio, composition du 4 février 2019 n°d'imprimeur  234335. Edité chez Gallimard pour le grand format.

Malgré ces remarques qui ne feront pas plaisir à tout le monde, Les invisibles est un  magnifique roman pour ceux qui aiment l'air froid et iodé, les tempêtes, les coins sauvages, et les sagas familiales. La bonne nouvelle est  qu'il y a une suite, Mer blanche !

Les Invisibles, mon coup de coeur nordique de fin d'année.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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