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Critique de jd


Les regrets, l'amour, la rencontre providentielle, l'exorcisation du passé… le sujet du « choeur des tristes » d'Olivier Jacquemond a tout du sujet « casse-gueule ». Déjà traités des milliers de fois, ces thèmes font partie des légendes de la littérature et ont été brillamment nourris par les plus brillants de nos écrivains.
Mais avec le culot et l'enthousiasme de ses 30 ans, Olivier Jacquemond n'a à rougir d'aucune comparaison : « le choeur des tristes » est un roman qui démontre le talent d'un écrivain qui laisse déjà sa trace, démontre un vrai style et une réelle différence.
Celle-ci s'exprime d'entrée par l'auteur choisi pour le prélude du roman : l'immortel mais parfois décalé Jean Clair avec un extrait de « la tourterelle et le chat-huant » paru chez Gallimard et qui se termine par cette jolie phrase : « on appartiendra à ceux qu'on a aimés »… Sur cette criante vérité, le roman démarre. Sur les chapeaux de roues. Immédiatement séduisant, vif, captivant.

L'histoire est très simple. Maxence a 32 ans et vit à Paris. Par hasard, il rencontre Julie, plus jeune que lui mais qui « lui réchauffe le coeur » par le regard qu'elle porte sur lui, l'attention et le respect de son attitude, sa générosité, sa maturité aussi… Même s'il refuse de s'engager vraiment dans cette histoire, il sait que c'est peut-être grâce à elle qu'il oubliera son passé, sa vie tumultueuse d'avant marquée notamment par une tentative de suicide, un soir de déprime, à Berlin, capitale qu'il avait rejoint pour suivre un photographe « aux allures de gourou...
Et un jour, Julie qui a aussi des envies d'un couple normal, lui propose en toute innocence un petit week-end amoureux… à Berlin… pour aller voir une expo d'un certain photographe.
Électrochoc, signe du destin… avec la compréhension douce de Julie, Maxence décide de partir seul à Berlin. Pour enfin tirer un trait ?

« Jusque-là, l'amour providentiel avait résolu pas mal de choses comme par enchantement. Mais justement, un enchantement ne rompt pas un maléfice»

C'est bien un maléfice en effet que va exorciser Maxence à Berlin. Et même s'il s'y rend sans Julie, il y va avec son aide. C'est Julie qui a lu l'article sur l'expo. C'est Julie qui lui suggère le week-end à Berlin. C'est encore Julie qui le laisse partir et qui lui concocte une liste de ses chansons préférées à écouter dans le train sur son i-pod. En mode aléatoire, comme un symbole de celui qui n'assume pas responsabilités.
Et dans cette seconde partie du roman, Julie n'est plus présente... ni même par téléphone, sms ou e-mail, à peine une carte postale qui partira tardivement. Elle est absente du décor, mais elle est là, le soutenant dans ses démarches, l'accompagnant dans ses rencontres. On la sent omniprésente à travers la volonté de Maxence de se réconcilier avec la part de lui-même qui est morte dans cette cité.

Et l'auteur donne un formidable élan à cette escapade berlinoise. Il nous laissait à Paris avec un rythme calme, des chapitres plutôt courts, une ponctuation régulière. Il nous emmène à Berlin à un rythme effréné, avec des chapitres beaucoup plus longs qui ne laissent pas respirer le lecteur. Et c'est là, dans ce Berlin douloureux que, paradoxalement, il retrouve la paix.

« Plus rien ne s'oppose à ma peine. Je me mets à pleurer et, entre ces larmes, dans ma tristesse, j'entrevois, c'est idiot, la possibilité du bonheur ».

Cette possibilité du bonheur, on le sait, c'est Julie qui revient dans les toutes dernières lignes. Elle est le symbole de la puissance des sentiments, le signe que tout le monde peut mourir et renaître après une rencontre. On le savait, on nous l'avait déjà écrit, mais Olivier Jacquemond le fait avec une délicatesse, un romantisme et un souffle qui nous laissent beaucoup d'espoirs. En la vie. En l'amour. En lui.

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