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Citations sur La mélancolie d'Athéna : L'invention du patriotisme (16)

Huit ans après la répression de Samos éclatait la guerre du Péloponnèse. La grande, l'inexpiable. La première qui ait opposé Sparte et Athènes, et que nous désignons parfois sous le même nom, ne l'avait fait que de manière indirecte. Les deux cités n'en étaient venues aux mains qu'au cours d'une unique bataille, dont le vainqueur avait renoncé à exploiter pleinement sa victoire. L'essentiel des opérations avait mis aux prises chacune des deux cités hégémoniques avec les alliés de sa rivale.

Rien de tel avec le conflit qui s'ouvre en 431. La guerre allait, cette fois, durer vingt-sept ans, et Sparte et Athènes s'y affronteraient face à face, jusqu'à l'épuisement. Elle pulvériserait, pour deux générations, l'idéal du panhellénisme qui s'était épanoui avec la victoire sur les Perses, en opposant les Grecs entre eux avec une férocité décuplée par l'âcreté d'une guerre civile. Elle ferait, certaines années, plus de morts parmi les Grecs en un an que n'en avait fait la totalité des deux guerres médiques. Elle se traduirait par le ravage du territoire de l'Attique, la dépopulation d'Athènes, frappée par une terrible épidémie de « peste » qui faucherait plus de 80000 personnes: un habitant sur quatre. Elle s'achèverait par la dissolution de son empire, la destruction de ses remparts, la réduction de sa flotte, l'occupation de son territoire, le renversement de son régime.
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Thémistocle avait confondu la cause de sa patrie avec celle de la Grèce entière. Tandis qu'il haranguait les Grecs, au matin de la bataille décisive, les exhortant à rester unis contre les Perses, "on vit, raconte Plutarque, une chouette voler du côté droit de la flotte et se poser sur le mât de son navire". Salamine avait ouvert le Ve siècle par une victoire maritime qui était avant tout, une victoire athénienne. Elle allait faire de lui le grand siècle d'Athènes.
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Nous avons nous-mêmes refusé l’asile politique à Julian Assange, embastillé au Royaume-Uni pour avoir mis en cause la sécurité nationale des États-Unis en révélant les crimes de guerre de l’armée américaine en Afghanistan et en Irak : non par complicité avec une puissance étrangère (il est lui-même de nationalité australienne), mais par une conception exigeante (et sans doute contestable) de la transparence et de la démocratie. Nos gouvernants n’en ont pas moins estimé que, nuisant aux intérêts de nos alliés, son action s’était exercée contre nous.
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Thémistocle, raconte Plutarque, «aménagea le Pirée parce qu'il avait remarqué la situation favorable de ses ports et qu'il voulait unir la ville entière à la mer. Il suivait ainsi une politique opposée à celle des anciens rois d'Athènes. On dit en effet que ceux-ci, s'évertuant à détourner les citoyens de la mer et à les habituer à vivre, non de la navigation, rnais de l'agriculture, avaient répandu le récit selon lequel Athéna, disputant le pays à Poséidon, avait montré l'olivier sacré au juge et remporté ainsi la victoire » sur le dieu de la mer qui avait très inutilement, fait sourdre sur la colline de l'Acropole une source d'eau salée. « Mais Thémistocle ne fit pas ce que dit le poète comique Aristophane d'après qui "il pétrit le Pirée avec la ville" ; c'est au contraire la ville qu'il attacha au Pirée, et la terre à la mer ».
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Les romantiques l'avaient trouvée mélancolique. Revêtue d'un péplos et coiffée d'un grand casque, Athéna est penchée en avant, une main sur la hanche. Elle s'appuie de l'autre sur sa lance plantée en terre comme sur un bâton de pèlerin, inclinant doucement la tête pour lire, devant elle, un texte gravé sur une stèle. L'armement de jeune guerrier contraste avec l'abandon de la pose et la courbe des seins qui évase délicatement la tunique. La robe de la déesse s'ordonne en plis obliques, étrangers à la pesanteur, qui lui donnent la grâce d'une colonne ionique. Ils tranchent par leur linéarité avec le velouté des bras, palpitants de chair vivante. Le visage, saisi de profil, est presque inexpressif. Ni curiosité ni surprise : une gravité souveraine.

(INCIPIT)
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Les lois de la guerre font d'Athènes une ennemie impitoyable, écrit Albert Thibaudet, et la politique impérialiste pour laquelle elle s'est violemment décidée lui donne tous les traits d'une puissance de proie. Il ne semble pas qu'en passant du joug perse à celui d'Athènes, les Ioniens aient gagné plus de liberté et de bien-être. Plutôt y perdirent-ils.
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