AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lune


Lune
01 septembre 2021
Il faut s'accrocher!

749 pages où tout est disséqué, remué, contrarié…
Philippe Jaenada cherche, gratte, analyse l'une des grandes interrogations du XXème siècle et jusqu'à nos jours : qui a réellement tué le petit Luc Taron dans la nuit du 26 au 27 mai 1964?

Et Philippe Jaenada, avec cette plume qui lui est propre, nous emmène dans une étude acharnée des faits mais aussi des mensonges, des contradictions, des inconnues qui nous laissent à bout de souffle et au plus haut degré du doute…

Pour lui, Lucien Léger (41 ans de prison) n'est pas le tueur même si sa conduite (auteur de lettres qui ont apeuré la France) et même s'il a participé d'une manière ou d'une autre à cet enlèvement.
Il nous emmène, avec force de détails, force d'incongruités dans les témoignages, force de gens troubles (parents, « amis »), force de relever les sous-entendus de certaines lettres échangées entre Léger et sa femme Solange, il nous emmène à sa conviction.

Les manquements dans l'enquête, les pistes trop tôt abandonnées ou négligées, l'attitude du premier avocat, la dérive de certains médias, son influence sur l'opinion publique, les jugements incorrects et hâtifs de la foule, les personnes concernées dont le passé révèle bien des anomalies… tout est montré, souvent démontré.

Philippe Jaenada a un véritable talent pour raconter les faits-divers et plonger le lecteur dans l'ambiance d'une époque.
Il faut un fameux esprit de synthèse pour ordonner tous ces documents et donner une version compréhensible pour le lecteur d'aujourd'hui.
C'est un véritable tour de force : il se déplace sur les lieux pour s'imprégner, il lit et relit les documents (procès-verbaux, articles de presse, lettres…), il cherche des aides ou des confirmations auprès de ses prédécesseurs et/ou collègues, etc…

Pour alléger l'atmosphère, il n'hésite pas à introduire des éléments de sa vie personnelle qu'il traite avec auto-dérision.

Une idée se dégage du livre dans le sens où des gens peu clairs, troubles, fuyants, au passé douteux finissent par s'en tirer sans problème et cela a été vrai dans les années 6O et l'est toujours aujourd'hui.

La troisième partie du livre consacrée entièrement à l'épouse de l'Étrangleur (Solange) lui confère une place qui lui a toujours été niée (mère-médecins-psychiatres-belle-famille-juges…), à l'exception de deux familles qui l'ont accueillie dans sa jeunesse.
C'est tout à l'honneur de Philippe Jaenada et de sa capacité d'empathie.

Mais n'oublions jamais la victime principale, le petit Luc Taron qui paya de sa vie ce qui demeure un mystère chez les survivants.

On sort de cette lecture étourdis par ce noeud de vipères, troublés par les non-réponses, sceptiques quant au déroulement des faits et en interrogation : coupable, pas coupable? Qui? Comment? Pourquoi?

Reste une vérité judiciaire mais est-elle La Vérité?


Commenter  J’apprécie          392



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}