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Critique de ClaudineB


« On ne peut pas en vouloir aux enquêteurs, qui ont capturé celui qu'ils devaient capturer, ni à la presse, qui a joué, avec un peu trop de zèle, son rôle de chambre d'écho, ni à l'opinion publique, qui s'est jetée sur celui qu'on lui désignait. »

Ça ne vous rappelle rien ? Moi si. L'affaire Grégory, bien sûr…qui 20 ans après celle-ci, connaitra elle aussi son lot de fiascos médiatico-judiciaires, ses témoins surexposés ou à l'inverse oubliés, sans oublier ses égos surdimensionnés, et j'en passe…

Mais remontons le temps… pour nous retrouver en ce printemps 64, le printemps des monstres…

En ce 26 mai 64 plus précisément, l'auteur, né la veille, vit son premier jour sur terre, là où le petit Luc Taron, âgé de 11 ans, quant à lui, vivra sa dernière soirée sur cette même terre. le lendemain matin, il sera retrouvé mort au pied d'un arbre dans une forêt non loin de Paris. Un homme, qui se fait appeler « L'Etrangleur » s'acharne pendant 40 jours à revendiquer ce meurtre, inondant les médias et les parents de missives nauséabondes et violentes (mais aux descriptifs très précis sur l'enfant), avant de se rétracter, expliquant avoir cherché à protéger les agissements d'un autre.

Trop tard… La machine s'est emballée…les fauves lâchés… les monstres aux aguets… Lucien Léger (qui n'a de léger que le nom) passera 41 ans de sa vie derrière les barreaux, faisant de lui à l'époque le plus vieux prisonnier de France. Libéré en 2003, il mourra en 2008, à jamais coupable pour la société. Clap de fin sur un fait divers sordide parmi d'autres…

Mais c'était sans compter sur Philippe Jaenada qui visiblement s'ennuyer, en compagnie de ses addictions et ses problèmes de santé, qu'il partage généreusement avec le lecteur, non sans un certain sens de l'humour et de l'autodérision fort drôles, et très appréciables pour alléger la lecture de ce « pavé » de 750 pages (mon record est pourtant de 1 200 p) à la construction des phrases, façon poupées russes , rendant celle-ci un peu indigeste sur la longueur, je l'avoue…Amis lecteurs, vous êtres priés d'être très concentré si vous ne voulez pas décrocher.

Tel le chirurgien qui a manié le scalpel pour lui retirer « la petite balle de ping pong » nichée dans un de ses sinus, l'auteur s'attèle à décortiquer toute cette macabre histoire (non sans un long détour par la grande Histoire) en pointant toutes les zones d'ombres qu'il a relevé, se livrant durant 4 ans à un travail d'enquête de terrain et de rédaction minutieux au point de se demander si cela ne l'avait pas rendu « maboul », je le cite.

La question se pose un peu, tout de même…tant cette lecture peut finir par être aliénante pour le lecteur aussi : trop de détail tue le détail et surtout noie le sujet de fond. Sans compter la frustration de toujours ignorer en fin de cette enquête si poussée, l'identité du véritable assassin, l'auteur étant persuadé de l'innocence du coupable tout désigné.

La question reste en suspens… Je referme cette lecture, « monstrueuse » elle aussi par sa densité et sa complexité, (et ses égarements aussi) avec un sentiment de « Tout ça, pour ça… ».
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