Commençons donc par l'étonnant
26 tours, qui se présente sous la forme d'une succession de carrés, sortes de strophes de dix vers, qui pivotent, à chaque page, d'un vingt-sixième de tour. À mi-chemin
entre les
Cent mille milliards de poèmes de
Queneau et le flip-book,
26 tours est donc un livre-objet, qu'on retourne et qu'on renverse. Petit objet carré, il prend vie, s'anime, répète sa pirouette à l'envi. Attention toutefois : il ne s'agit pas d'une simple mécanique de boîte à musique ; y pointe aussi le vertige du derviche tourneur. le temps de la volte-face est instable, l'équilibre du carré sur sa pointe est des plus précaires. le trouble s'invite alors dans la mécanique huilée, où il est bien vite question de joie, de songe, d'une « lumière miraculeuse ». Plus de doute : le « sort de tes carrés tourne à l'unisson d'une planète ronde ». On touche au fertile paradoxe du livre, à la tension
entre le circulaire et le carré, l'angle et la spirale, la ligne droite et la volute. Fragile oxymore, qui révèle une attention à des rythmes plus amples et plus secrets : le bricolage du poète-artisan, qui revendique les artefacts de l'
Oulipo comme sources d'inspiration, fait écho à une « autre parole » cosmique.
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