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Critique de LN


LN
19 octobre 2012
Il paraît qu'il s'agit là du livre le plus vendu en 2012, ce qui souligne tout de même le désert affectif, érotique et intellectuel de certaines lectrices…

Anastasia est une cruche jeune femme qui n'a jamais connu l'amour le vrai celui qui fait palpiter le coeur et rend tout électrique. Oui Anastasia a 22 ans, oui Anastasia est belle et a priori intelligente parce qu'elle parle de Thomas Hardy, mais Anastasia ne connaît pas encore le grand frisson… Non Anastasia n'est pas crédible un seul instant… Mais voilà qu'un beau jour Anastasia va rencontrer son prince, beau comme un apollon avec ses chemises blanches en lin, riche, connu, influent, tout à fait aussi insipide qu'elle à la hauteur. Mais comme Anastasia est une jeune vierge effarouchée qui rougit toutes les secondes et passe son temps à chercher un élastique dans son sac en se mordillant la lèvre inférieure, elle va douter de son charme – et pourtant les autres passent leur temps à lui répéter combien elle est belle intelligente et désirable…-

Bref l'un et l'autre vont succomber au coup de foudre après de multiples conversations passionnantes :

« Vous êtes à Portland pour affaires ?
Je couine comme si j'avais le doigt coincé dans une porte. Merde ! du calme Ana !
- Je suis venu visiter le département agroalimentaire de la Washington State University, qui est situé à Vancouver. Je subventionne des recherches sur la rotation des cultures et la science des sols.
Tu vois ? Il n'est pas du tout venu te voir, ricane ma conscience. Je rougis de la stupidité » (p. 35)

Oui parce qu'Anastasia entend des voix, venues soit de sa conscience (qu'elle a fort faible), soit de sa « déesse intérieure », oui Anastasia est un brin schizo…

Jusqu'ici donc, rien de révolutionnaire dans ce roman digne d'un mauvais Harlequin avec ses formules convenues : « Un courant électrique me parcourt. » (p. 51) « Je me disais que j'aimerais passe les doigts dans vos cheveux, ils doivent être tellement doux. » (p. 53) « Je voudrais détourner le regard mais je suis prise au piège, ensorcelée. » (p. 53)

Quand le beau Grey finit par l'embrasser, la scène est tout aussi ridicule attendue :

« Je n'ai jamais été embrassée comme ça. Ma langue caresse timidement la sienne et s'y joint pour une danse lente, érotique, un frotté-collé-serré de sensations. (…) Oh mon Dieu… Il a envie de moi. Christian Grey. le dieu grec. Il a envie de moi, et j'ai envie de lui, ici, maintenant, dans cet ascenseur. » (p. 93)

Mais me direz-vous : et les scènes sado-maso ? Et je vous reconnais bien là ô lecteur avide de découvertes inédites… Mais patience...

Après le premier baiser, tout se complique car Grey avoue à sa belle qu'il est adepte des pratiques sado-masos et il lui demande donc de signer un contrat si elle accepte de se livrer à lui, d'être sa « soumise » ouh ouh…

Anastasia –pourvue, rappelons-le, d'un cerveau de souris- met beaucoup de temps à accepter si bien que pendant d'interminables pages elle nous abreuve de « qu'est-ce qu'il est beau- je ne peux pas faire ça- mais qu'est-ce qu'il est beau- je ne veux pas avoir mal- il est beau- je ne suis pas comme ça »

Vous vous en doutez Madame La cruche après mouts tergiversations accepte les termes du contrat, en négociant tout de même certains points -essentiels- comme les repas parce que quand même elle n'est pas soumise au point de se faire dicter ce qu'elle doit manger. Faut pas abuser. Et trois heures de sport au lieu de quatre par semaine quand même ! Mais comme elle explose en mille morceaux – comprenez elle jouit - à chaque fois avec son homme d'expérience, l'appel du sexe est plus fort que sa conscience et sa réflexion inexistantes… Et puis il faut dire que leur relation est tellement torride :

« Tu veux du dessert ? pouffe-t-il.
- Oui.
- C'est toi que je veux comme dessert, murmure-t-il d'une voix suggestive.
- Je ne suis pas sûre d'être assez sucrée.
- Anastasia, tu es délicieuse, j'en sais quelque chose. » (p. 243)

« Mais nous restons en ligne comme des adolescents : ni l'un ni l'autre ne veut raccrocher.
- Raccroche, toi, lui dis-je.
Je le sens enfin sourire.
- Non, toi, raccroche.
Je suis sûre qu'il sourit, maintenant.
- Je n'ai pas envie.
- Moi non plus. » (p. 330)

Oui mais bon, c'est pas tout ça mais on nous a promis du sado-maso... Et là, cruelle déception, les scènes en question sont tout aussi édulcorées que le reste. Alors que la chambre des tortures semblait prometteuse regorger de possibilité, Grey se contente de lui attacher les poignets et de lui bander les yeux en la fouettant gentiment. Et la pauvre sainte nitouche Ana se met à pleure sitôt que le petit fouet tout riquiqui l'effleure.

Pour résumé : un style plat, une héroïne féminine cruche au possible, un héros ridicule (il appelle Ana « Bébé », quelle sexytude…), une intrigue harlequinesque, des scènes érotiques tout aussi banales, et un soupçon de sado-masochisme trèèèèès fade. En un mot : nul.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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