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Par où commencer ? Par qui ? Par quoi ?

Il faut savoir d'abord que Fifty Shades of Grey est au départ une fan-fiction inspirée de la série Twilight de Stephanie Meyer. Rien que ça ne donne pas vraiment envie de continuer, je vous comprends bien. Mais pour le fun, je vais quand même aller jusqu'au bout de mon étude...

L'histoire est celle d'une jeune étudiante qui rencontre un puissant homme d'affaire, le fameux Christian Grey, dans le cadre d'une interview qu'elle doit mener à la place de sa colloc'. Très vite, ils vont entretenir une liaison sulfureuse où les pratiques de Christian vont d'abord bouleverser Ana, mais aussi lui faire découvrir un univers inconnu très troublant.

A seulement 27 ans (je crois) Christian Grey est à la tête d'une énoooorme société dont il dirige avec brio les quarante mille employés. Ben oui. Rien que ça. Il est, de plus, un fervent défenseur des causes perdues et oeuvre sans répit contre la faim dans le monde, il est riche à millions, doté d'un physique de rêve, de cheveux de rêve, d'un sang-froid et d'une volonté à toute épreuve, d'un sens de l'humour qui m'est complètement passé au-dessus de la tête (mais c'est parce que je ne suis pas Ana, moi) de beaucoup de voitures de la même marque, d'un appartement immense et meublé avec goût, d'un hélicoptère qu'il pilote avec virtuosité (même la nuit), de parents absolument adorables, d'une soeur hilarante, d'un frère sexy en diable, d'un garde du corps hyper discret (c'est important pour la suite de l'histoire - ce mec doit se bidonner à longueur de temps vu les choses auxquelles il assiste sans broncher !), d'un BlackBerry qui sonne tout le temps au début du livre pour nous montrer qu'il est over-sollicité (mais plus du tout par la suite, c'est étrange...), de cheveux merveilleusement doux (mince, je l'ai déjà dit), de pantalons qui soulignent bien son petit cul sexy, d'une obsession pour la nourriture qui frise parfois la parano... et d'une chambre des tortures meublée elle aussi avec goût... quand on aime la déco SM à base de menottes et de fouets en tout genre... Bref, Christian est une espèce rare, je dirais même en voie d'extinction, et devinez qui va tirer le gros lot !!? Ana bien sûr ! Une sacré chanceuse quand on y pense (pas elle, par contre, parce qu'elle est bien au-dessus des plaisirs matériels, et l'argent ne l'intéresse pas... Ana, ce qui l'intéresse, c'est la littérature anglaise - surtout Tess d'Urberville, mais c'est tout, pas d'autres ouvrages, parce qu'on est pas là pour ça de toute façon...)

Déjà là, ça m'a fait marrer. On sent que l'auteur ne cherche pas du tout à faire dans l'excès. Peut-être qu'une petite pointe de retenue aurait été la bienvenue au début. Histoire de s'identifier plus facilement aux personnages par exemple. Passons...

Arrive Ana - Anastasia Steele - une étudiante toute simple qui pense qu'elle est banale alors que bien sûr, elle ne l'est pas puisque tout le monde (du meilleur copain au frangin du patron pour qui elle bosse) tombe irrémédiablement amoureux d'elle sans qu'elle en comprenne les raisons. Un beau matin, Ana doit interviewer un business man hors-pair pour le journal du lycée. A la base, c'était sa colloc' Kate qui devait mener l'interview, mais celle-ci tombe malade. le destin est un petit coquin... S'ensuit la rencontre de nos deux tourtereaux pour qui c'est un véritable coup de foudre dès le début (elle parce qu'il beau, beau, intimidant, beau, séduisant, mais surtout beau... et lui parce qu'elle est probablement moche, mal habillée et qu'elle a les deux pieds dans le même sabot... Ça ne peut être que ça...)

Ana, c'est la narratrice, et c'est quelqu'un d'assez spécial. Je dois dire que je me suis posée beaucoup de questions sur elle, notamment sur sa timidité maladive, sa maladresse, son manque flagrant de conversation et de connaissances en informatique (dans quelle siècle vis-tu, Ana ??) cette habitude de se mordre les lèvres toutes les trois lignes, de rougir à chaque page, et de répéter holy crap shit cow - rayez la mention inutile - (et accessoirement Jeeze aussi - genre... un demi-million de fois seulement...) à chaque fois qu'elle pense, agit, rumine, pleure, s'interroge, redoute quelque chose ou jouit. Ana possède donc un vocabulaire aussi vaste que le vide intersidérale de son cerveau, elle oublie de respirer en présence de Christian qui est tellement beau et viril et séduisant et beau et beau, et elle abrite dans les obscurs replis de son cerveau rien moins qu'une déesse intérieure très flippante, qui passe son temps à danser sur place et lui commande d'écouter son corps en dépit de son subconscient qui lui, tente (sans succès) de lui faire comprendre l'absurdité de la situation et le danger d'être avec quelqu'un comme Christian. (le subconscient ne peut avoir gain de cause puisqu'ici, il n'y a pas de cerveau et l'intelligence d'Ana reste un mythe à mes yeux - je n'en ai pas trouvé une seule preuve en 400 pages)

Voilà, c'est tout. le reste du récit est un concentré de oui-non-peut-être-aïe-j'ai-peur-mais-je-l'aime-mais-aïe-j'ai-peur-mais-je-l'aime-donc-j'accepte-tout-même-si-ce-n'est-pas-ragoûtant, et des perpétuels cas de conscience d'Ana dont les peurs plus qu'infondées à l'idée de céder à la domination de Christian ne l'empêchent pas d'accourir dès qu'il la siffle et d'accepter les compromis les plus humiliants parce qu'elle l'aime... le pire, c'est peut-être l'auteur qui a le culot de faire passer pour sexy et mystérieux un homme puéril et égoïste avec des penchants tordus, et pour naïve une simple cruche complètement nympho qui est définitivement trop stupide pour faire autre chose que se laisser contrôler par ses pulsions sexuelles et qui n'a aucune volonté.

Je voudrais bien m'étendre sur l'histoire, mais il n'y en a pas... C'est embêtant... Christian penche sa tête sur le côté autant de fois qu'Ana rougit ou se mord les lèvres, joue du piano quand il est d'humeur mélancolique, parle.comme.ça.quand.il.est.excité, se passe la main dans les cheveux un milliard de fois au travers du récit, et fait malheureusement preuve d'une arrogance qui m'a donné envie de le balancer en plein vol depuis son hélicoptère. Mais tout ça n'est rien en comparaison des sentiments qu'inspirent la pauvre fille. Elle est à claquer du début à la fin. Ses hésitations et ses cas de conscience sont une torture bien pire à supporter que ce que Christian lui inflige dans la Red Room of Pain. le pire c'est que les scènes qu'elle redoute tant arrivent assez rarement et sont finalement réclamées de sa part. C'est beau. de plus, Christian est quand même loin d'être un barbare, tout se fait dans la lenteur et le plaisir partagé, il n'y a (heureusement) rien de véritablement révoltant dans toutes ces pratiques. La seule chose horripilante, c'est le caractère d'Ana qui ne sait pas ce qu'elle veut, s'affole pour pas grand-chose à chaque fois, réclame toujours plus à Christian - alors qu'il pose les règles du jeux dès le départ - mais refuse d'accepter ses cadeaux somptueux.

Difficile d'aimer ce premier tome des mésaventures d'Ana au pays du SM parce qu'il est déjà difficile d'en aimer les principaux protagonistes (et je ne parle même pas des personnages secondaires ultra-stéréotypés comme la meilleure amie super séduisante qui vit une relation idyllique avec un beau gosse, la mère mille fois remariée, le directeur de magasin paternaliste, le beau-père introverti mais tellement compréhensif et qui fond dès sa première rencontre avec Christian...) Peut-être parce que l'histoire inexistante est presque aussi lamentable que les personnages qu'elle met en scène. Rien n'est crédible, la seule chose positive, c'est le niveau d'anglais requis pour lire ce bouquin et - avouons-le ! - les quelques scènes un peu coquines qui, loin d'être révolutionnaires, sont tout de même assez sympathiques à suivre. (il manquerait plus qu'on s'ennuie !)

50 fessées et pairs de menottes plus tard, le constat est lourd : je n'ai pas pu terminer ce roman si prometteur. Je ne connaîtrai jamais les raisons qui ont poussé Christian à se vouer au culte de la fessée, je ne saurai jamais pourquoi il est aussi obsédé par la nourriture, si Ana travaillera un jour pour lui dans sa formidable société qui n'emploie que des blondes, s'ils finissent par le faire ailleurs que dans le jardin, dans la chambre, dans l'ascenseur, attaché, pas attaché, fessé, pas fessé, les yeux bandés ou pas, et Ana retrouvera-t-elle un jour ses sous-vêtements ?? Et Christian finira-t-il par se confier et parler de sa petite enfance où tant de traumatismes se sont concrétisés pour faire de lui cet être tordu tourmenté ? Tant de questions sans réponse auxquelles, ma foi, je dois renoncer pour ma propre tranquilité d'esprit...

J'ai expérimenté un style que je ne connaissais pas et qui m'intriguait en pensant m'immerger dans un univers nouveau plus développé qu'un roman érotique ordinaire. Malheureusement, c'est pas ça. Outre les sempiternels cas de conscience de l'héroïne, le contenu est vite survolé...

En fait, on referme le livre avec un impression d'inachevé. Comment une telle série (parce que s'en est une !) a pu rencontrer autant de succès alors que le style en est bâclé, les dialogues inconsistants et les personnages aussi tristement prévisibles ? C'est un mystère aussi épais que le goût de Christian pour les menottes, le cuir ou les belles Audi...

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Mais qu'allais-je donc faire dans cette galère? le voici donc le phénomène littéraire de l'année, où un type ondoyant de la chevelure donne la fessée à une fille qui passe son temps à se mordre la lèvre? Comment les Américains feront-ils pour adapter un livre dans lequel il ne se passe rien, sans montrer, censure oblige, les bijoux de famille de Ryan Gosling, pressenti pour incarner Christian Grey? E.L. James pourra toujours investir l'argent gagné grâce à sa prose dans l'achat d'un dictionnaire des synonymes avant d'envisager de commettre d'autres attentats littéraires.
Un roman à utiliser pour caler une armoire ou à offrir à votre belle-soeur, si, par malchance, vous avez la même que la mienne.
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Il paraît qu'il s'agit là du livre le plus vendu en 2012, ce qui souligne tout de même le désert affectif, érotique et intellectuel de certaines lectrices…

Anastasia est une cruche jeune femme qui n'a jamais connu l'amour le vrai celui qui fait palpiter le coeur et rend tout électrique. Oui Anastasia a 22 ans, oui Anastasia est belle et a priori intelligente parce qu'elle parle de Thomas Hardy, mais Anastasia ne connaît pas encore le grand frisson… Non Anastasia n'est pas crédible un seul instant… Mais voilà qu'un beau jour Anastasia va rencontrer son prince, beau comme un apollon avec ses chemises blanches en lin, riche, connu, influent, tout à fait aussi insipide qu'elle à la hauteur. Mais comme Anastasia est une jeune vierge effarouchée qui rougit toutes les secondes et passe son temps à chercher un élastique dans son sac en se mordillant la lèvre inférieure, elle va douter de son charme – et pourtant les autres passent leur temps à lui répéter combien elle est belle intelligente et désirable…-

Bref l'un et l'autre vont succomber au coup de foudre après de multiples conversations passionnantes :

« Vous êtes à Portland pour affaires ?
Je couine comme si j'avais le doigt coincé dans une porte. Merde ! du calme Ana !
- Je suis venu visiter le département agroalimentaire de la Washington State University, qui est situé à Vancouver. Je subventionne des recherches sur la rotation des cultures et la science des sols.
Tu vois ? Il n'est pas du tout venu te voir, ricane ma conscience. Je rougis de la stupidité » (p. 35)

Oui parce qu'Anastasia entend des voix, venues soit de sa conscience (qu'elle a fort faible), soit de sa « déesse intérieure », oui Anastasia est un brin schizo…

Jusqu'ici donc, rien de révolutionnaire dans ce roman digne d'un mauvais Harlequin avec ses formules convenues : « Un courant électrique me parcourt. » (p. 51) « Je me disais que j'aimerais passe les doigts dans vos cheveux, ils doivent être tellement doux. » (p. 53) « Je voudrais détourner le regard mais je suis prise au piège, ensorcelée. » (p. 53)

Quand le beau Grey finit par l'embrasser, la scène est tout aussi ridicule attendue :

« Je n'ai jamais été embrassée comme ça. Ma langue caresse timidement la sienne et s'y joint pour une danse lente, érotique, un frotté-collé-serré de sensations. (…) Oh mon Dieu… Il a envie de moi. Christian Grey. le dieu grec. Il a envie de moi, et j'ai envie de lui, ici, maintenant, dans cet ascenseur. » (p. 93)

Mais me direz-vous : et les scènes sado-maso ? Et je vous reconnais bien là ô lecteur avide de découvertes inédites… Mais patience...

Après le premier baiser, tout se complique car Grey avoue à sa belle qu'il est adepte des pratiques sado-masos et il lui demande donc de signer un contrat si elle accepte de se livrer à lui, d'être sa « soumise » ouh ouh…

Anastasia –pourvue, rappelons-le, d'un cerveau de souris- met beaucoup de temps à accepter si bien que pendant d'interminables pages elle nous abreuve de « qu'est-ce qu'il est beau- je ne peux pas faire ça- mais qu'est-ce qu'il est beau- je ne veux pas avoir mal- il est beau- je ne suis pas comme ça »

Vous vous en doutez Madame La cruche après mouts tergiversations accepte les termes du contrat, en négociant tout de même certains points -essentiels- comme les repas parce que quand même elle n'est pas soumise au point de se faire dicter ce qu'elle doit manger. Faut pas abuser. Et trois heures de sport au lieu de quatre par semaine quand même ! Mais comme elle explose en mille morceaux – comprenez elle jouit - à chaque fois avec son homme d'expérience, l'appel du sexe est plus fort que sa conscience et sa réflexion inexistantes… Et puis il faut dire que leur relation est tellement torride :

« Tu veux du dessert ? pouffe-t-il.
- Oui.
- C'est toi que je veux comme dessert, murmure-t-il d'une voix suggestive.
- Je ne suis pas sûre d'être assez sucrée.
- Anastasia, tu es délicieuse, j'en sais quelque chose. » (p. 243)

« Mais nous restons en ligne comme des adolescents : ni l'un ni l'autre ne veut raccrocher.
- Raccroche, toi, lui dis-je.
Je le sens enfin sourire.
- Non, toi, raccroche.
Je suis sûre qu'il sourit, maintenant.
- Je n'ai pas envie.
- Moi non plus. » (p. 330)

Oui mais bon, c'est pas tout ça mais on nous a promis du sado-maso... Et là, cruelle déception, les scènes en question sont tout aussi édulcorées que le reste. Alors que la chambre des tortures semblait prometteuse regorger de possibilité, Grey se contente de lui attacher les poignets et de lui bander les yeux en la fouettant gentiment. Et la pauvre sainte nitouche Ana se met à pleure sitôt que le petit fouet tout riquiqui l'effleure.

Pour résumé : un style plat, une héroïne féminine cruche au possible, un héros ridicule (il appelle Ana « Bébé », quelle sexytude…), une intrigue harlequinesque, des scènes érotiques tout aussi banales, et un soupçon de sado-masochisme trèèèèès fade. En un mot : nul.
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J'ai un fort penchant SM, je l'avoue. Et je l'ai découvert en m'infligeant la lecture (quel vilain coup, mes amis, ma peau, mon âme et mes yeux cuisent encore violemment !) de ce « fameux roman d'amour érotique » (mettez tous les guillemets dont vous aurez besoin). Soulignons que « best-seller » n'est pas forcément synonyme de « mauvais », et heureusement ; toutefois, avec Cinquante nuances de Grey, c'est différent. Aussi, pour ce coup-ci, je m'en vais prendre ma grosse voix d'inquisiteur pour vous lancer un désespéré « Fuyez, pauvres fous ! ».


Dès les premières lignes, il est tout de suite clair que tout tourne autour de la rencontre initiale : on se sent mal de penser à Christian, on se sent bien en pensant à Christian, il faut bosser car on pense à Christian, la situation est tendue car on se connaît même pas mais déjà il y a du courant entre nous, et est-ce qu'il faut que je pense au fait qu'il pourrait penser à moi pendant que je pense à lui ? Bref, bref, bref ! J'adore les histoires d'amour, ce n'est pas le problème, mais les vraies, les belles, pas les synthétiques ou les artificielles (bisous à ma chérie, d'ailleurs !). Un mot devrait revenir tonner un peu aux oreilles de ces personnages : crédibilité ! Dès les premiers chapitres (ce sont de menus détails mais comme ils s'enchaînent et que tout se fonde dessus, ça devient très vite agaçant), la caissière dans le plus gros magasin de bricolage du coin devient, quand le héros arrive, à la fois manager et chef de rayon, on a besoin d'un photographe mais on ne pense pas en premier au meilleur ami qui débute dans le métier par une expo d'art, et les étudiantes sont en licence de lettres mais visent un stage dans les télécommunications et l'agroalimentaire… mais bon, j'en demande sûrement déjà trop à ce stade. Car, à ce stade, justement, nous regardons se côtoyer deux personnages vides au possible. Un homme apathique et dominateur face à une femme complexée et demandeuse : avouons que le cliché se pose là, mais tentons d'aller plus loin. Si nous nous en tenons aux deux personnages principaux, les hommes sont pervers et mystérieux, se sentant castrés dès qu'ils ne payent pas l'addition du restaurant, tandis que les femmes sont naïves et d'un esprit peu éclairé. Les femmes sont d'ailleurs forcément désinhibées : rien qu'à l'idée de découvrir les joies sexuelles (bien sûr, elles n'y connaissent rien, elles) et les hommes, eux, ont comme partie anatomique préférée, leur sexe, qui semble guider l'ensemble de leur vie de tous les jours, vie toujours focalisée sur le sexe en général, et le sexe opposé surtout. Ah, les femmes ! Ces êtres, ces fillettes même pourrait-on se dire ici, qui comprennent les choses si vite, mais à qui il faut quand même les expliquer si longtemps… merci aux Cinquante nuances de Grey de ne pas en apporter une seule (nuance) ! le summum des clichés est atteint, je pense, avec l'importance des hormones féminines, constamment en ébullition dès que ces petits êtres sont un peu choquées : claquer sa conscience pour refouler l'inévitable et y céder avec tellement de plaisir, voilà la thèse de ce roman ! Ces chaudasses en puissance ne sont, je l'espère et je le pense bien, heureusement pas la véritable majorité ; est-ce pour autant un fantasme quasi général ? selon mon entourage non, mais qui sait… les clichés doivent bien survivre, les pauvres.

Et le style ! Quel style, mes amis ! Moi-même, je n'écris pas professionnellement, et c'est bien sûr très difficile d'aligner trois phrases sans être déçu de ce qu'on écrit, mais que diable, nous atteignons là un niveau extrême de bassesse, mais alors quelque chose de bien prononcé ! le style a le don de sauter du coq à l'âne, dans le genre : « Comment peux-tu ne pas le trouver beau ? Tu veux un sandwich ? Mais je pense encore à lui. Tiens ça doit être ça le désir ». Ce n'est même pas que c'est du cliché à tout-va, car cela pourrait être avenant et agréable, mais véritablement, c'est que l'ensemble est d'une fadeur à faire pâlir un vampire un soir de pleine lune ! L'héroïne rougit, au minimum, dix fois par chapitre (chapitres qui ne sont pas forcément bien longs au demeurant, mais vu la lourdeur du truc, ça prend vite du temps de ne pas s'endormir) ; le moindre frôlement de peau déclenche des tornades de sensations ; les cheveux de monsieur sont attirants parce qu'ils sentent le propre ; et, vraiment, s'il vous plaît, par pitié, nous avions très bien compris que le Christian a le regard gris, qu'il ait le regard furieux, attentionné ou brûlant, voire en fusion (sic !), nous avions déjà capté pour la couleur lors de la première centaine de fois. Tout est ainsi répété continuellement, inlassablement : la lèvre d'Anastasia trouble Christian, les effleurements émoustillent Anastasia, les détails comme la nourriture ou l'état de la voiture prennent des proportions énormes, et à quel point Christian ne veut pas qu'on le touche ; au bout d'un moment, ça saoule, car finalement à donner ces exemples, je vous ai donné toute la substance du livre tellement elle est répétée jusqu'au bout du bout et usée jusqu'à la moelle ! L'incessante répartie « vous satisfaire est notre priorité » m'horripilera à jamais désormais, d'autant plus que, justement, Cinquante nuances de Grey n'est pas satisfaisant.

Dès le début, on peut sentir allègrement que l'atmosphère n'est pas saine du tout. le mec trace le téléphone portable d'une jeune fille pour la suivre à son bureau, chez elle ou dans des soirées étudiantes, et ça n'inquiète personne. Cela n'inquiète pas plus de monde que « machine » soit schizophrène ? (oui, « machine », parce que j'ai passé un cap et parce que le prénom « Anastasia », dans le contexte, ça ne passe pas) En fait, arrivés à ce point, il faudrait carrément supprimer toutes les pensées de l'héroïne en italique, tant naïves que sottes, ennuyantes et fatigantes, pour au moins nous laisser la possibilité d'imaginer quelque chose de passable : cette « conscience », comme elle l'appelle, puis sa « déesse intérieure » (vous ne rêvez pas, la miss a bien un petit ange et un petit diable dans sa petit tête peu remplie), ne sont là que pour renchérir sur ce qui a déjà été précisé une ligne au-dessus. Bref, de répétitions en redondances, la tautologie et le pléonasme sont là pour combler les vides (et, pour une fois, ce n'est pas sur la blague douteuse que j'attire votre attention). de la même façon, le vocabulaire est plus bas de gamme que jamais : les multiples « oh oui, bébé » rencontrent de passables « allez, un petit coup en vitesse », mais ne valent pas les « jouis pour moi » et autres « je dois te fesser puis te baiser » plus aberrants les uns que les autres. Érotique ne veut pas dire erratique ! Et, par pitié (j'en suis là après avoir fini cette lecture insipide), que soit perdue cette habitude de constamment faire appeler les personnages entre eux par leurs prénoms ou leurs noms : dans la vie de tous les jours, ça ne passerait pas du tout. Tout comme cette manie de retranscrire les mails des protagonistes (avec en-tête et bas de page !! et les « contrats » suivent d'ailleurs le même principe) : c'est d'une facilité sans nom (ça pour gagner des pages, ça en gagne !) et les quelques fautes ou coquilles présentes donnent l'impression que ces parties-là n'ont jamais été relues… de manière générale, il faudrait revoir les notions d'insolence et de domination puisqu'une petite réflexion mène ici directement à l'effronterie (un peu fort, mon bon seigneur !) et deux-trois volées de fessées, ainsi qu'une seule vraie tentative de domination à la toute fin, doivent nous combler en matière de sadomasochisme : c'était sûrement vendeur, mais c'est bien peu assumé. J'imagine que tout est délayé afin de tenir en trois tomes. Personnellement, je m'arrête là ! Nous pourrions aussi déblatérer sur cette autre manie affligeante du « placement des marques » (qui pourrait prêter à sourire s'il n'y avait pas déjà tant de défauts) : entre les ordinateurs, les téléphones portables, les médicaments et les boissons en tous genres, j'ai presque envie de dire « dans quel monde Vuitton ? ». D'autant plus que notre chère héroïne (… sans commentaires…) semble n'en avoir jamais entendu parler, ou si peu avant de s'en faire offrir. Bref, arrêtons-nous là ; arrêtons les frais surtout.


En somme, et compte tenu de tous les retours que j'avais eus, je m'attendais à bien pire, c'est sûr. Pour autant, il y a peu de choses à sauver (au mieux, quelques répliques intéressantes, et encore). L'humble sursaut réveillé au début du dernier chapitre fut achevé brutalement par la morale à deux balles de la conclusion, et dire qu'il y a deux suites à cette chose ! Cinquante nuances de Grey est donc un roman que je ne conseille pas (plein de bonne volonté, je comptais me faire les trois d'une traite, mais j'ai renoncé !). Aux confins du vide et de l'impossible, je m'étonne complètement de lire parfois que ce livre a la réputation d'être « enfin » LA littérature érotique écrite par une femme selon un point de vue féminin : eh bien, si c'est cela le point de vue féminin sur la sexualité ou la domination, il va falloir franchement revoir vos petits principes ! Un petit tour du côté du Trône de fer ou de Kushiel (pourtant pas centrés sur l'érotique) vous en offrirait bien davantage tout en justifiant chaque scène sans voyeurisme et en faisant appel à une certaine part de culture…

Pour vraiment finir, j'ai l'impression d'avoir lu pas mal de choses bien différentes maintenant et ça me fait vraiment de la peine de devoir mettre autant les formes pour une lecture aussi aberrante, alors si j'avais dû expédier cette critique, j'aurais dit que vous avez là l'histoire la plus mièvre au monde relatant la non-initiation à de la fausse sexualité d'une gourdasse qui ne connaît rien, par un macho cynique et complètement à côté de ses pompes. Fuyez donc, pauvres fous !

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Hou la la.. il y a tellement de choses qui me viennent à l'esprit : par où commencer ce billet ?

Tout d'abord, les critiques ont surtout pointé du doigt les nombreuses répétitions de l'auteur. Pour vous en donner une idée plus précise, je me suis lancée dans une sorte d'inventaire à la Bridget Jones, vu que le personnage d'Ana s'en inspire largement (mais s'en éloigne fortement) :

- nombre de fois où Ana rougit : 898
- nombre de fois où Ana se pince les lèvres : 732
- nombre de fois où Christian lui demande d'arrêter de se pincer les lèvres parce que ça l'excite : 732
- nombre de fois où Ana s'extasie sur la beauté de Christian : 432
- nombre de fois où Ana a l'appétit coupé : 341
- nombre de fois où Christian lui ordonne de manger alors qu'elle a l'appétit coupé : 338
- nombre de jurons prononcés par Ana (étudiante en littérature, je le rappelle) : 987
- nombre de changements d'avis d'Ana (oui, j'accepte.. non, ça va me faire souffrir.. ah, mais je risque de le perdre.. oh, c'est bon.. non, c'est mal) : 42
- nombre de scènes sadomaso : 3
- nombre de scènes d'amour de sexe : 15
- nombre de « oh oui, jouis pour moi bébé » (avec une variante : « oh oui, crie mon nom bébé ») : 8
- nombre de fois où le lecteur a baillé : 24
- nombre de fois où le lecteur a ri : 48
- oups, je m'égare là..

Par conséquent, on peut considérer que ce livre contient quelques menues redondances.

Concernant l'histoire en elle-même, vous l'aurez compris, elle ne casse pas quatre pattes à une sadomaso. On pourrait presque parler d'un mélange entre « 9 semaines ½ » et un harlequin bas de gamme qui aurait viré.. au gris !

D'ailleurs, pour un roman soi-disant SM, je n'ai pas trouvé beaucoup de scènes de ce type. En réalité, ce qui prend toute la place, ce sont les pensées des personnages..

Donc, attaquons-nous aux personnages. Commençons par notre vierge préférée, Ana. Sachez qu'Ana est un personnage tout à fait exceptionnel, que l'on ne rencontre que peu de fois dans sa vie de lecteur.

Tout d'abord, Ana a 21 ans, vit aux Etats-Unis de nos jours, et est toujours vierge, même de simples baisers (mais oui, bien sûr on y croit). D'ailleurs, Ana est tellement vierge qu'elle réussit (âmes sensibles s'abstenir) à pratiquer la technique des avaleurs de sabre lors de sa première fellation sans jamais avoir envie de vomir: alors, vous y croyez toujours ?
I
l faut savoir aussi qu'Ana est schizophrène. Elle entend des voix émanant de sa conscience et de sa déesse intérieure avec qui elle dialoguera pendant tout le roman. Si sa conscience est une vraie rabat-joie et la ramène au sens des réalités, sa déesse intérieure, quant à elle, danse la samba, fait des saltos arrière ou du saut à la perche ou alors boude dans son coin quand elle n'est pas contente (oui… je sais). Ana n'est donc pas une, mais trois personnages en même temps (vous me suivez là ?).

Ana se décrit comme une fille très moche et insipide (autant que les « fausses moches » des films d'ado américains). Il faudra donc m'expliquer pourquoi tous ses amis garçons sont tous tombés amoureux d'elle et lui font un rentre dedans du feu de dieu. Sans compter le beau Grey qu'elle a également attiré dans ses filets. Bon, c'est décidé, demain, je me fais moche et insipide !

Passons maintenant à Monsieur Gris, euhhh.. Grey, pardon. Christian est beau, intelligent, sait jouer du piano à la perfection et il est immensément riche. Ben oui, Christian a réussi dans les affaires : à son âge (27 ans), il dirige une multinationale de 40.000 salariés (normal, non ?). Il passe la plupart de son temps avec Ana et semble travailler en ayant passé un unique coup de téléphone dans la journée. Et là, tenez-vous bien mais Christian, avec sa super boite, lutte contre la faim dans le monde : n'est-il pas parfait ? Quoi, comment ça, vous avez dit cliché ?

Sinon Monsieur Gris habite dans un appartement gris, porte des costumes gris, fais joujou avec des cravates grises et a les yeux.. gris bien sûr !

Ah oui, j'oubliais un détail. Christian est sadomaso et ne peut ressentir le plaisir qu'à travers la douleur. Il a été initié à cette pratique par une amie de sa mère alors qu'il n'avait que 15 ans (non, non, ne riez pas !). Il possède dans son appartement une « chambre rouge de la douleur » dans laquelle il ne faut pas le regarder dans les yeux et où il faut l'appeler « Monsieur » : « oui qui ? oui, Monsieur ».

Enfin, Christian possède un lourd secret qu'il ne peut pas dévoiler à Ana tellement ses démons intérieurs le perturbent. Mais il va quand même lui avouer que sa mère biologique était une prostituée accro au crack et qu'il a été adopté à l'âge de 4 ans. Pas étonnant qu'il soit tourmenté ce garçon !

Que penser de « cinquante nuance de Grey » de manière générale ? Pour moi, ce livre est un croisement entre un conte de fées de l'an 2000 et un porno pour mémères. Je m'explique.

Christian représente incontestablement LE prince charmant de l'an 2000 : beau, intelligent, mystérieux, caractériel et.. riche surtout ! Ce livre est un temple du consumérisme et de l'idée qu'être riche c'est avoir la belle vie. Quand ton mec t'offre des fleurs, Christian offre à Ana une voiture, et quand ton mec t'emmène au cinéma, Christian, lui, amène Ana faire du planeur. Normal, non ? Ana culpabilise d'ailleurs à plusieurs reprises de tous ces petits cadeaux : « suis-je une pute ? », « oh non, il a travaillé dur pour pouvoir m'offrir ces cadeaux, bon d'accord, je les accepte ». Bon Ana, décide-toi à les accepter, sinon, je vais prendre tous ces cadeaux à ta place !

Les films pornographiques constituent un fantasme masculin indéniable. La plupart d'entre eux rêvent de voir leur femmes ressembler aux actrices (ouais, bah, qu'ils continuent à rêver, hein !). Et bien, ce livre constitue, à mon avis, un fantasme féminin indéniable. En effet, toutes les mémères qui n'ont pas souvent de rapports sexuels (tout comme les hommes qui matent des pornos), meurent d'envie de se retrouver à la place d'Ana, d'avoir une vie facile parce qu'elles auront pleins de cadeaux, de ne plus avoir à réfléchir puisque Christian le fera à leur place, d'avoir des orgasmes à répétition et surtout avoir été choisie, elles si moches et insipides (la boucle est bouclée) par le célibataire le plus en vue de tout le pays. Les mots que Christian dit à Ana (même les plus osés), ce sont les mots qu'elles fantasment d'entendre ; les gestes de Christian envers Ana (même les plus osés), ce sont les gestes qu'elles fantasment de connaitre.

Enfin, j'ai quand même vu une petite dimension philosophique dans ce livre (eh oui, une toute petite). L'histoire illustre tout à fait la théorie de Hegel sur le maitre et l'esclave. Au fur et à mesure de leur relation, c'est le maitre qui devient esclave de son esclave tant la dépendance s'est installée entre eux. Exactement comme nos deux amants terribles.

Malgré tout cela, je dois quand même avouer que ce livre est addictif et que je l'ai dévoré telle la mémère qui s'ignore que je suis. Cela m'a d'ailleurs fait penser à mon addiction pour « les feux de l'amour ». Je sais que l'histoire est peu crédible voire ridicule, je sais que c'est « gnan-gnan », et pourtant, je meurs d'envie de savoir ce qui se passera au prochain épisode.

Alors, si vous me demandez si je lirai le deuxième tome ? Je vous répondrai oui (oui qui ? oui, Monsieur). Je dois être finalement moi aussi un peu sadomaso.

Lien : http://mademoisellechristell..
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Non, ce n'est pas pour écrire une critique que j'interviens car je n'ai pas lu ce livre et ne le lirai jamais, mais je n'ai pas réussi à trouver de case à cliquer qui corresponde. Aujourd'hui, cependant, je souhaiterais nous interroger collectivement (je ne m'exclus pas du nous, bien au contraire).

Quelqu'un d'éminent a dit une fois, je ne sais plus qui (parce que c'était quelqu'un de droite, voilà pourquoi ma mémoire défaille, elle refuse de se souvenir quand ça vient de ce côté) : " Les Français sont des veaux. La France entière est un pays de veaux. "

Qu'en est-il des lecteurs de Babelio ? Si l'on a la curiosité d'aller voir les 20 critiques les plus plébiscitées par les Babelionautes depuis la nuit des temps (c'est-à-dire depuis l'ouverture du site en 2007), on s'aperçoit vite que l'essentiel des avis qui sont donc les plus plébiscités concernent principalement des bouses intersidérales qui ne mériteraient même pas qu'on s'abîme la bouche à prononcer leur nom.

Et sur ces " top 20 ", pas moins du quart concerne un seul et même livre, les fameuses Cinquante Nuances de Grey. Édifiant non ? Quand bien même cela serait pour n'en dire que du mal, comme c'est le cas des cinq en question, qu'avons-nous besoin de donner une telle importance à un ouvrage pareil ?

Je vais m'efforcer de ne pas m'abaisser à en dire du mal car c'est lui donner de l'importance ce que je ne veux surtout pas, mais notre comportement, à nous tous, me questionne (et j'ai bien conscience que cette contribution même, de par le fait qu'elle existe, contribue elle aussi, malheureusement, au phénomène mais je n'ai pas trouvé d'autres moyens d'aborder simplement et de front la question).

Pourquoi un tel engouement, en bien comme en mal, sur Babelio ? Cinquante Nuances de Grey, tenez-vous bien, à l'instant où j'écris 558 critiques au compteur. Dans le même temps, je regarde Victor Hugo, Les Misérables, 47 critiques au compteur. Sommes-nous donc réellement tombés si bas ?

Oui, alors vous allez me dire, Okay Nastasia mais ton Victor Hugo n'officie pas exactement dans le même registre. Il n'y a pas d'accents coquins ni de sulfureuses vapeurs d'interdits qui s'en dégagent. Soit. Alors allons chercher dans la littérature d'authentiques chefs-d'oeuvre jouissant (ce sont les chefs-d'oeuvre qui jouissent, pas les lecteurs, je précise — pas encore du moins) d'une réputation sulfureuse : L'Amant de Lady Chatterley, roman à plus d'un titre exceptionnel, 47 critiques, pas mieux que Victor Hugo. Allons donc un peu plus loin dans les vapeurs de soufre : La Vénus À La Fourrure, lui aussi un roman réellement marquant et intéressant qui est à l'origine du terme de masochisme, que constate-t-on ? 6 malheureuses critiques au compteur !

J'aimerais donc qu'il y ait cinquante degrés de nuances mais le constat est malheureusement univoque et accablant. Nous sommes, il faut bien le reconnaître, nous tous collectivement, des veaux. De Gaulle avait raison. Sommes-nous tous obligés de gober ces cinquante nuances de fange de grey ou de force ? Sommes-nous donc tous tellement obligés, tous à des " de grey " divers, d'activer nos instincts moutonniers de Panurge ?

Soit je ne comprends rien de rien à la littérature, soit les éditeurs se foutent bien de notre gueule et par notre comportement grégaire écervelé nous les y incitons chaque jour un peu plus, à nous ruer à qui mieux mieux sur la dernière idiotie venue, simplement parce qu'elle est encore toute chaude. le silence, mesdames et messieurs, le silence. L'indifférence, voilà ce qui a toujours été l'arme absolue pour lutter contre l'indigence éditoriale et le mépris dont ils nous assaillent.

Nous leur donnons raison si nous en parlons. Que l'auteur écrive un livre de bas aloi et se fasse grassement payer pour ça, je dirais, tant mieux pour elle. Mais que les éditeurs nous infligent ça et que nous leur donnions raison, voilà qui me fait mal, très mal à la littérature et qui quelque part, un peu, me révolte. Oh oui ! Une fois encore, j'ai mal à ma littérature et mes plaies sont béantes.

Le silence radio, voilà comment nous devrions lutter contre les mille daubes qu'on nous jette en pâture pour nous vider l'esprit. Plus nous en parlons et plus nous répandons la gangrène. Ce que je dis des nuances de machin je ne sais quoi s'applique aussi à bon nombre des autres " Top 20 ". Top quoi ? je me le demande.

Souvenons-nous collectivement (moi la première, je me botte les fesses en même temps que j'écris cette non critique) que chaque critique que nous écrivons sur un livre qui ne vaut pas la peine qu'on en parle est une place que l'on prend pour un livre qui le mériterait. Les éditeurs n'ont pas de principes ; si les excellents livres se vendaient, ils proposeraient d'excellents livres, mais comme en ce moment tout l'espace est occupé par les bouses, ils s'imaginent logiquement avoir affaire à des veaux, c'est normal et c'est cartésien.

Faisons de Babelio un lieu de résistance, boycottons les livres qui se foutent ouvertement de notre gueule, même pour en dire du mal car c'est leur donner trop d'importance. Silence = non vente, non vente = diversification de l'offre à d'autres types d'ouvrages. Donc on a tous à y gagner à laisser muets nos claviers sur ce genre de produit que je répugne à désigner par le noble terme de roman.

Mais ce ne sont là que les cinquante nuances d'un avis fort gris et fort discutable, c'est-à-dire pas grand-chose en terme éditorial...
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Je n'ai pas lu ce livre.
Je n'ai pas envie de lire ce livre.
Ceci n'est donc pas une critique du livre.
Je sais que ce n'est pas bien de poster un billet si ce n'est pas une critique.

MAIS...

à ma décharge, je pense que les 344 critiques déjà publiées (au 02/08/13) excusent le fait que je n'en ajoute pas une énième mais que je cède à l'irrésistible impulsion de vous faire profiter de cet extrait de revue de presse.

Enjoy !

"50 nuances de Grey" donne du fil à retordre aux pompiers londoniens.

INSOLITE - Depuis la sortie en librairie de "50 shades of Grey", le nombre d'incidents liés aux menottes a augmenté à Londres. Les sapeurs-pompiers multiplient les interventions pour libérer ces petits coquins le plus souvent mortifiés.

Certains livres sont très prenants, d'autres sont carrément emprisonnants. Au sens premier du terme. Les pompiers de Londres se plaignent en effet d'une recrudescence d'appels mortifiés de personnes menottées incapables de se libérer ou encore de sexes bloqués dans des anneaux péniens. La faute à qui ? La faute au livre érotique "50 nuances de Gray" de l'auteure E. L. James bien sûr !

Les sauveteurs de la capitale britannique indiquent qu'ils ont dû intervenir sur de telles situations à pas moins de 79 reprises au cours des trois dernières années. En voulant pimenter leur vie sexuelle, les Londoniens se révèlent parfois peu habiles et ont un peu trop souvent tendance à égarer les clés des menottes ou à laisser vagabonder un peu trop loin leur imagination.

Un peu de bon sens, voyons
Le sauvetage d'un homme avec le sexe bloqué dans un tuyau d'aspirateur et d'un autre empêtré dans un grille-pain sont restés dans les annales des sapeurs-pompiers londoniens. "La plupart des accidents pour lesquels nos hommes ont été appelés auraient pu être évités avec un peu de bon sens", a estimé l'officier Dave Brown.
On confirme.

"Je ne sais pas s'il y a un effet "Cinquante nuances de Grey" mais le nombre d'incidents liés aux menottes a augmenté. Ce dont je suis certain c'est que, le temps que nos équipes arrivent sur place, la plupart des victimes affichent cinquante nuances de rouge", a ajouté ce sapeur-pompier à l'humour so british. »

Source www.metronews.fr – 29 juillet 2013
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Bon voilà, on m'a offert ce livre à Noël, donc je l'ai lu. Sinon, je ne l'aurais jamais acheté. Désolée pour ceux qui ont adoré, mais autant vous prévenir, il y a de la casse dans l'air.

50 nuances…Ben non, justement. Aucune subtilité, ni vraisemblance dans ces 560 pages. Les personnages sont stéréotypés. Ana, jeune oie blanche et vierge de 21 ans, attend l'homme de sa vie et se croit moche alors qu'en toute objectivité elle est canon. Christian, beau (à tomber), jeune (27 ans quand même), riche (à milliards), dur en affaires mais pas trop (il est quand même préoccupé par « la faim dans le monde »), est le gendre idéal, sauf que (vous ne devinerez jamais) il cache une part d'ombre ET une enfance malheureuse ET une adolescence pervertie par une amie de sa mère qui l'a initié au SM. le pauvre…Tout ça explique, psycho de comptoir à l'appui, pourquoi ce pervers pathologique ne peut envisager les relations homme-femme que comme des relations dominant-soumise où l'amouoûûr est inexistant. Sauf que celui-ci va prendre les traits d'Ana et venir perturber la mécanique bien huilée (oups…) du Contrat. Mais que comme il y a 2 bouquins qui suivent, on ne sait pas encore si ça va se terminer en conte de fées ou en tragédie grecque, parce que bien sûr, face à un Christian que son Destin semble avoir condamné à être incapable d'aimer, Ana est tiraillée entre sa conscience (« ce type ne t'aime pas, il va te briser le coeur, fuis-le tout de suite ») et sa « déesse intérieure » (« oui mais qu'est-ce qu'il te fait jouir, c'est trop bon, tu le sens jusque « là », vas-y fonce ! »). Enfin, cette liaison fera vivre à Ana des expériences palpitantes (comme voler en hélico, voyager en 1ère classe en avion, envoyer des mails à partir d'un portable Apple et d'un Blackberry – eh oui, le placement de produits…). Parce que pour ce qui est des scènes de sexe « épicées », principal argument de vente de ce pavé, ça peut certes faire frétiller quelques instants la ménagère de moins de 50 ans, mais de là à grimper aux rideaux toute la nuit…Pas de quoi fouetter un chat (une chatte ?) ou jeter les hauts cris (de plaisir), même dans la Chambre rouge de la Douleur. C'est répétitif, pas subtil et pas très excitant. Ca manque cruellement d'imagination et d'intensité, et c'est mal écrit, on a l'impression qu'ils jouissent en 2min30 montre en main, et puis quoi ? c'est déjà fini ?

Voilà pour le contenu. Quant à la forme, soyons direct : qualité littéraire nulle, même si la lecture est fluide (pas étonnant vu qu'il est beaucoup question de fluides corporels ici. Oups, pardon, je me laisse aller…). Vocabulaire niveau école primaire, et c'est dommage vu la panoplie de mots qui auraient pu érotiser bien davantage ce texte pour vraiment électriser l'imagination et les sens du lecteur. de plus, la vulgarité (« je veux te baiser », « bordel de merde »,…) m'a gênée. Non pas que mes oreilles soient particulièrement chastes, mais j'ai trouvé ça incongru, gratuit, mal placé : ça ne cadre pas avec les personnages plutôt lisses et « classes ». D'accord, l'auteur a voulu révéler leur côté sombre pour nous affrioler, mais ce n'est vraiment pas convaincant.
C'est bourré aussi de « tics » d'écriture : Ana se mordille la lèvre inférieure, lève les yeux au ciel, et Christian penche la tête sur le côté, tire les cheveux d'Ana pour lui renverser la tête en arrière,…si souvent qu'on se demande si l'auteure a relu son texte, ou si elle se moque du lecteur, ou si elle fait du remplissage pour atteindre les 500 pages.
En fait tout ça s'est révélé fort ennuyeux, et si j'ai tourné les pages rapidement, c'était dans l'espoir qu'il se passe enfin quelque chose.

Quoi qu'il en soit, le succès de ce bouquin en dit long sur l'état de son lectorat : la vie des lectrices est-elle à ce point vide et étriquée pour se précipiter sur ce ramassis de clichés pseudo romantico-sadiques ? Ca mériterait une thèse de doctorat…
La 4ème de couverture est ridicule en plus d'être trompeuse : « libérateur et totalement addictif, ce roman vous obsédera, vous possèdera et vous marquera à jamais ». « Libérateur », franchement…Comme dirait Ana, « putain de bordel de merde », on n'est pourtant plus à une époque où les vierges effarouchées courent les rues (ou plutôt les couvents), si ? Pitié, rassurez-moi…
Même la présentation de l'auteure sur la 4ème de couv' ne lui rend pas service : « elle a enfin trouvé le courage de prendre sa plume… ». M'enfin, mais si c'était aussi difficile que ça d'écrire ce texte au vocabulaire et à l'intrigue limités, aux scènes répétitives et prévisibles, pourquoi ne s'est-elle pas abstenue ?

En tout cas, elle a réussi un tour de force commercial qui lui assure une confortable retraite entourée de son mari et de ses deux enfants, grâce au battage médiatique et au succès des produits dérivés, sans compter le futur film. « Waaouhh », comme dirait Ana. Même les détracteurs y trouvent leur compte (en banque) à coup de pastiches (50 nuances de Glauque,…).
Bref un super-coup (je parle du livre, pas de Christian) marketing, avec deux mérites (bah oui, quand même) : d'abord si on prend tout ça au 2ème degré, il y quelques réflexions et situations marrantes, et ensuite j'ai découvert quelques beaux morceaux de musique classique. Mais je n'ai toujours pas compris comment on peut avoir envie de « baiser » en écoutant le motet à 40 voix de Thomas Tallis. Je ne suis sans doute pas assez …romantique…
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Attention! Chronique avec des gros mots et du sexe à l'intérieur...à réserver à un public averti!


C'est donc l'histoire romantico-érotique entre une vierge naïve et un m'as-tu-vu sado-masochiste.
Elle, c'est Anastasia Steele, une étudiante en lettres désargentée, admiratrice de Jane Austen, Thomas Hardy et des soeurs Brontë. Curieusement, sa grande connaissance des auteurs classiques n'a aucune incidence sur son vocabulaire, à moins que "Waouw" et "Putain de bordel de merde" ne soient des termes datant de l'époque victorienne...A part cela, Anastasia rougit pour un oui ou un non, est belle à tomber par terre mais se trouve moche (alors que tous les mâles qui l'approchent sont fous d'elle) et n'a jamais connu l'amour. Elle est donc toute chamboulée le jour où elle rencontre l'énigmatique et richissime Christian Grey puisqu'il éveille en elle à la fois des sentiments amoureux et une puissante envie de se déniaiser dans son lit. Pourtant, sa conscience lui conseille de se méfier et de rester sage. Mais de son côté, sa déesse intérieure(!), qui entre parenthèses est une sacrée chaudasse, la pousse à céder à toutes ses envies. Cruel dilemme!
Lui, c'est donc Christian Grey, un homme d'affaires riche comme Crésus et beau comme un Apollon. C'est impossible? Vous voulez des preuves? Et bien, pour la richesse, il est à la tête d'une multinationale, possède et pilote son propre hélicoptère, collectionne les voitures de luxe, vit dans un somptueux appartement, etc. Pour la beauté, il a un profil parfait, de magnifiques cheveux cuivrés, des mains de pianiste, des yeux gris, ardoise, orage, brume, au choix, sa voix a le velouté du chocolat noir et tous les pantalons, du jeans au survêtement en passant par le costume Armani, lui tombe délicieusement sur les hanches.
Pour un tel homme, chaque femme sur la planète verrait sa déesse intérieure faire des cabrioles en tenue d'Eve! Oui mais voilà, la perfection n'existe pas et le beau Christian cache un terrible secret : le sexe ne l'intéresse que dans le cadre d'une relation SM. Christian aime ligoter, attacher, fouetter, cravacher, fesser, ... Bref, Christian aime dominer et cela ne s'arrête pas au sexe! Sa soumise doit signer un contrat où elle accepte d'obéir à ses règles dans des domaines aussi variés que l'alimentation, la mode, le sport, etc. Il n'y peut rien, il est comme ça, c'est à cause d'une enfance difficile mais chut! c'est un secret...
A ce stade-là, on voit bien que c'est un peu compliqué pour la jeune Anastasia. Sa déesse intérieure n'est en rien refroidie par les termes du contrat mais sa conscience rechigne à accepter ces goûts sexuels pour le moins audacieux. S'ensuit une valse hésitation longue comme une marche dans le désert : "Je ne veux pas avoir mal mais je l'aime déjà je ne veux pas le perdre si je dis oui pourrais-je encore me regarder dans une glace mais si je dis non je le perds mais si je dis oui je vais souffrir mais si je dis non je vais souffrir aussi mais je veux plus que du sexe". AU SECOURS! TAIS-TOI ANASTASIA! Et continue en silence! Parce qu'elle a beau se questionner sans relâche, remettre toujours à plus tard la signature de ce fameux contrat, il n'empêche qu'en attendant, elle a déjà eu droit à tout, du sexe dans toutes les pièces de la maison, une fessée dans les règles de l'art et un passage dans la "salle de jeux" de Monsieur SM! Alors à quoi bon tergiverser? Signe et éclate-toi! Parce que bon, outre toutes les qualités mentionnées plus haut, Christian Grey est un Dieu au lit! Certes, il ne fait pas l'amour, il baise mais il baise bien, beaucoup, longtemps, aidé en cela par un membre aux proportions avantageuses, à la fois doux et dur, et des érections prodigieuses. Quand j'aurai ajouté qu'il consacre une partie de sa colossale fortune à lutter contre la faim dans le monde, chaque femme un tant soi peu philanthrope voudra le rejoindre dans son building de Seattle quitte à faire la route sur les genoux comme un pèlerin particulièrement dévot de Compostelle, non? Trop tard! Anastasia Steele est sur le coup et tout leur entourage s'accorde pour dire qu'il est fou d'elle, d'ailleurs il la trouve belle, surprenante, exceptionnelle et se dit même prêt à certaines concessions pour la garder...



Une jeune héroïne un peu naïve mais volontaire et un homme qui a tout pour lui mais cache de profondes blessures réunis pour une histoire passionnée et difficile où se mêlent sexe torride et sentiments à fleur de peau, voilà les ingrédients du best-seller planétaire qui a fait frémir les ménagères de moins de 50 ans dans tous les pays. Et pourtant, c'est mal écrit... On ne compte plus les répétitions, les scènes grotesques, le ridicule de certaines répliques. Oui mais voilà, c'est aussi terriblement et inexplicablement addictif! Ne vous fiez pas au ton légèrement ironique de mon commentaire, je m'y suis laissée prendre moi aussi et ce n'est pas la tarte au citron oubliée et carbonisée dans mon four qui vous dira le contraire! du coup, ma conscience vous dira de fuir cette lecture ridicule et pas digne d'une lectrice qui se respecte mais ma déesse intérieure toute émoustillée vous encourage à vous faire votre propre opinion.
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Ça y est, mon aventure érotique touche à sa fin… Adieu Ana et Christian ! C'est sans regrets que je vous laisse, préservant vos « Cinquante nuances plus sombres » et « plus claires » de tout le mystère qui leur est dû…


Je dois dire que j'ai eu ma dose de niaiseries avec un seul tome ! Entre une héroïne complètement cruche et prise de tête, un héros irréel aux allures de prince charmant, des dialogues souvent creux et répétitifs et des scènes de « baise » (je m'adapte au vocabulaire du livre, hein !) pas vraiment excitantes (dommage pour un roman qui se veut érotique quand même…), bref on peut dire qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat (sans mauvais jeu de mots…)


Il semblerait que l'adolescente romantique cachée au fond de moi n'arrive plus à fantasmer sur ce genre de couple improbable… L'histoire est tellement préfabriquée qu'on a l'impression d'avoir déjà lu ça mille fois et en beaucoup mieux ! S'il faut choisir, je préférais encore les fadaises d'Edward et Bella dans Twilight, dont cette fan-fiction s'inspire. Au moins il y avait de l'action (et pas que sexuelle !).


Côté écriture, il n'y a rien à sauver. le texte est d'une platitude affligeante et le scénario semble se répéter à l'infini. E.L. James a l'air d'avoir complètement oublié l'existence de dictionnaires des synonymes, employant encore et encore les mêmes termes. C'est pas qu'on se lasserait, mais quand même…


Tout est prétexte à revenir aux scènes de sexe. Les descriptions sont quasiment absentes et peu détaillées. Quant aux personnages, on fait difficilement plus clichés entre Ana, la vierge de 22 ans innocente (sans commentaires…), brillante (vraiment ??) mais manquant cruellement de confiance en elle alors même que tout son entourage semble l'idolâtrer (trop dure la vie…) et Christian, le milliardaire ténébreux et énigmatique, au passé sombre, qui saura la séduire à force de sourires enjôleurs et de grosses érections, sans oublier son côté chevalier servant bien sûr ! (il va quand même la sauver de son meilleur ami bourré essayant de l'embrasser, ouf !!). Ça fait envie n'est-ce pas ?


Bon, pour les points positifs, on peut dire que la lecture est facile et sans prises de tête (sujet-verbe-complément, une méthode qui a fait ses preuves…) et certains passages m'ont tout de même amusée (même si c'était davantage par leur ridicule, c'est déjà ça !), bien que la plupart m'ont fait lever les yeux au ciel (je vais avoir une fessée pour ça ??) tant ils sont exaspérants… Bref, je m'en doutais un peu et à présent j'en suis sûre, « Cinquante nuances de Grey » est définitivement une lecture dispensable !



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