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Critique de CduNord


"Mort au premier regard" : un titre bien dans la veine des traductions françaises des Peter James et qui comme souvent ne donne pas d'indication sur le thème de l'enquête du héros récurrent qu'est Roy Grace, policier à la crim' de Brighton. Ici il est question d'un fléau moderne, l'arnaque à l'amour sur le Net et le phénomène des "brouteurs". de jeunes Africains, en l'occurrence du Ghana, qui usurpent ou créent des identités pour escroquer des âmes solitaires sur des sites de rencontres. Veufs ou divorcés, malheureux en amour, des braves gens crédules prêts à vider leurs comptes ou s'endetter jusqu'au cou pour voler au secours d'un amour "virtuel", à double titre, jamais rencontré et qui parfois même n'existe pas du tout.
On frôle le polar sociologique, quasi documentaire sur ce fait de société. le scénario de ce genre d'arnaque est bien détaillé, et sonne quasiment comme une mise en garde. En postface, l'auteur précise qu'il s'est basé sur des faits réels.
Les cent premières pages multiplient les exemples, ce qui peut paraître un peu redondant. L'accumulation prend son sens quand plusieurs de ces escroqués décident de se rebeller contre leurs arnaqueurs. Les escrocs seront traqués, menacés, par ces victimes qui n'ont rien à perdre puisqu'elles ont déjà tout perdu, et d'autant plus déterminées qu'elles ont été humiliées. Pensez : un flic de Floride, un vétéran de l'armée britanniques, des femmes déjà bafouées par un mari volage, auront à coeur de se venger. Peter James insiste beaucoup là-dessus, les personnages se qualifient eux-mêmes d'idiots, mais comment ont-ils pu se laisser avoir aussi bêtement ? (l'amour rendrait aveugle, tiens donc...).
Roy Grace, lui, aura à enquêter sur des suicides (en sont-ils vraiment?), des escroqueries, des morts violentes, en lien avec cette criminalité moderne qui joue sur la naïveté et la solitude de ses proies.
Il mènera l'enquête avec un vieil ami à lui, policier à Munich, où se trouve une des victimes. Il se retrouvera confronté à une autre connaissance, un sniper et tueur à gages, croisé lors de l'affaire de la "veuve noire" (Peter James aime toujours feuilletonner, gare à ceux qui n'ont pas lu les précédents). Ce tueur se retrouve engagé par le grand orchestrateur de l'arnaque, dépassé par le zèle de deux de ses "employés" à la machette facile. Peter James nous offre là un détour dans l'histoire des enfants soldats africains et une étonnante justification post-coloniale du phénomène des brouteurs.
Traqueurs traqués, victimes qui s'allient pour se venger et Roy Grace qui veut que force reste à la loi... une fois les différentes trames de l'histoire tissées, l'enquête s'emballe, les chapitres deviennent plus courts, jusqu'à l'apogée, un règlement de compte à ok corral autour d'un typique cottage britannique. L'humour pince-sans-rire n'est jamais loin dans l'oeuvre de Peter James.
Roy Grace n'est pas qu'un policier (dont la carrière va prendre un nouveau tournant dans ce dernier opus), il est aussi et toujours conjoint d'une jeune femme fort compréhensive sur ses absences et père de deux enfants, dont l'aîné, apparu à dix ans dans sa vie (voir là aussi les précédents ouvrages) confirme son profil de psychopathe en herbe : incapable de se faire des amis et une vocation de dictateur quand il sera grand. Seul le couple Grace ne se rend pas compte de la bombe à retardement qu'il a sous son toit... comme une mise en abyme du récit, oui décidément l'amour rend aveugle, et de quoi nourrir de futures histoires, même si on aimerait avancer beaucoup plus vite !!!
Un grand merci à Netgalley
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