AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La chute du président Caillaux (8)

Le cynique Briand, passé presque du jour au lendemain des utopies du socialisme révolutionnaire à la prise en compte des réalités, les avait rejoints. Depuis qu'en 1910, renégat honni par la gauche, il avait maté par les réquisitions et les révocations la grande grève des cheminots, il était l'idole de la droite qui l'appréciait d'autant plus qu'il venait de plus loin, tel un braconnier devenu garde-chasse, un forçat promu chef de police.
Commenter  J’apprécie          70
Tout était petit chez Barthou. Les yeux. La taille. La barbiche, soigneusement taillée. Le caractère. Tout. Clemenceau, qui ne reculait jamais devant un bon mot, pourvu qu'il fût méchant, l'avait rebaptisé "le foutre de guère"...
Commenter  J’apprécie          70
Les "troisannistes" (c'est le néologisme qui fut forgé pour désigner les partisans de la loi, la loi de 3 ans augmentant la durée du service militaire) ne manquaient certes pas d'arguments. La crise franco-allemande de 1911, heureusement dénouée par Caillaux, avait ouvert les yeux aux responsables civils et militaires sur l'exceptionnel état d'impréparation de notre armée. Bien que le monde entier fût censé nous envier notre incomparable corps d'officiers et nos prodigieux sous-officiers à nuls autres pareils, les dernières manoeuvres, en 1912, avaient confirmé et mis en lumière, en présence des observateurs professionnels délégués par tous les pays intéressés, outre les lacunes de notre armement et les insuffisances de notre entraînement, la médiocrité, pour ne pas dire plus, de notre encadrement, du haut en bas de l'échelle de commandement. Notre ceinture de forteresses, notre artillerie lourde, notre marine, tout était à moderniser, à renforcer, à revoir. Dans tous les compartiments du jeu, nous étions inférieurs à l'ennemi naturel et héréditaire que, depuis 1871, notre Etat-major et la plupart de nos hommes politiques présentaient ouvertement et nommèrent comme l'adversaire unique et fatal, en toute hypothèse, de la guerre à venir.

Page 99
Commenter  J’apprécie          30
Sans être de ses intimes, tant s'en faut, la plus contestable de ces relations était sans conteste le vibrionnant Rochette, le Bernard Madoff de son temps, l'homme qui, assuré de la caution d'anciens ministres véreux, fondait des banques fantomatiques à l'intitulé ronflant et s'envolait avec la caisse, l'illusionniste qui drainait l'épargne des gogos vers des projets aussi mirifiques que ténébreux, l'escroc cynique qui puisait des millions dans la poche des pauvres et remboursait les souscripteurs floués de l'emprunt paraguayen à 6 % avec l'argent des futures victimes du krach des Tramways de Mexico.


Pages 86-87
Commenter  J’apprécie          30
Sur le fond, il (Maître Labori) rappelle l'antique adage : à qui profite le crime ? S'il y avait deux personnes qui n'avaient pas intérêt à la mort de Calmette, c'étaient bien monsieur et madame Caillaux. Puis il évoque la très longue tradition d'acquittement des femmes en France. Une coutume, presque une règle. En 1885, Madame Clovis Hugues abat le courtier en publicité qui diffamait son mari, député de Marseille. Acquittée. En 1898, l'épouse d'un obscur député, Paulmier, avait résolu de faire taire le journal La Lanterne et son directeur, Alexandre Millerand, qui menaient une campagne contre son mari. En l'absence de Millerand, elle avait déchargé sa rage et son revolver sur un obscur secrétaire de rédaction qui n'avait le tort que de se trouver là. Acquittée. Acquittée, madame Steinheil, pourtant totalement incapable d'expliquer comment il pouvait se faire que les trois inconnus masqués, en longue lévite noire, jamais retrouvés, qui, dans la nuit, avaient expédié ad patres son mari complaisant et sa vieille entremetteuse de mère se fussent bornés à l'attacher fort lâchement aux barreaux de son lit, n'en avait pas moins été acquittée. Acquittée la belle madame Porkës qui pourtant n'avait pas convaincu lorsqu'elle avait raconté que son mari, à ses côtés, dans le lit conjugal, sans qu'elle y fût pour rien, sans qu'elle pût l'empêcher, s'était suicidé d'une demi-douzaine de balles dont quelques-unes tirées dans le dos. Les deux dernières n'avaient eu ni le courage, ni la franchise ni les excuses de madame Caillaux. Car enfin, celle-ci avait été victime d'une campagne dont la violence et la perfidie n'avaient pas de précédent. A quoi d'autre attribuer ce drame regrettable qu'aux excès d'une presse irresponsable qui abuse de la liberté ?


Page 304
Commenter  J’apprécie          20
L'incohérence, le désordre, la discontinuité sont plus apparents que réels. Ne pas confondre la IIIème République en son âge d'or avec la IIIème agonisante des années trente, et moins encore avec la IVème, congénitalement sujette à la danse de Saint-Guy. Entre 1900 et 1914, les gouvernements se suivent, mais les gouvernants demeurent. C'est la continuité dans le changement, la stabilité dans l'instabilité.

Sur la période considérée, quinze ministères se sont succédé, ce qui donnerait un peu moins d'un an par gouvernement. Mais si l'on tient compte que Briand a quatre fois formé et dirigé un gouvernement, on tombe à douze présidents du Conseil. Si l'on considère que Clemenceau était le véritable chef du gouvernement Sarrien, que Monis puis Doumergue n'ont été que les prête-noms de Caillaux, que Poincaré a été le marionnettiste, Barthou et Viviani ses marionnettes, on ne trouve plus que six Premiers ministres effectifs en quatorze ans, soit Waldeck-Rousseau pendant trois ans, Combes trois ans, Clemenceau plus de trois ans (dont six mois de présidence nominale pour Sarrien), Poincaré deux ans (dont Barthou neuf mois et Viviani trois mois), Briand vingt et un mois, et Caillaux dix-huit mois (dont Monis trois mois et Doumergue sept mois), ce qui aboutit à relativiser sérieusement la supposée instabilité du régime.

Page 135-136
Commenter  J’apprécie          20
C'est une chose singulière et regrettable que les deux chefs du parti de la paix, les deux hommes dont l'entente seule aurait pu prévenir le désastre, que Caillaux et Jaurès aient été éliminés à quelques jours de distance, l'un politiquement, l'autre physiquement. Faut-il n'y voir qu'une coïncidence ? Le hasard, quelquefois, ressemble à un complot comme deux gouttes de sang.

Page 12
Commenter  J’apprécie          20
Au lendemain de la mort accidentelle de Félix Faure, disparu en action, comme disent les Américains, les désordre est dans les esprits et dans la rue. Au nez et à la barbe d'un gouvernement tétanisé, sous l'oeil paterne de la police et le regard bienveillant de la caste militaire, nationalistes, plébiscitaires, ligueurs, arrogants et impunis, tiennent le haut du pavé. Déroulède, dangereux farfelu, et d'autant plus dangereux qu'il est sincère, saisit l'occasion des obsèques solennelles du président défunt pour prendre par la bride le cheval du général commandant les troupes mobilisées par la pompe funèbre, enjoint à ce général de marcher sur l'Elysée, et ce général hésite un moment avant de résister à l'ordre donné par le poète factieux ! Trois mois plus tard, le 4 juin 1899, sur l'hippodrome de Longchamp, un énergumène en jaquette et haut-de-forme, suivi d'une petite bande de voyous élégants et titrés, tous membres du Jockey-Clun ou du Cercle de l'Union, force l'entrée de la tribune officielle et abat sa canne sur le chapeau du nouveau chef de l'Etat, le président Emile Loubet, avant que le service d'ordre se décide à intervenir.

Page 36
Commenter  J’apprécie          20




    Lecteurs (12) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3217 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}