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Citations sur Le deuil des primevères 1898-1900 - Elégies - La jeune fi.. (3)

ÉLEGIE SECONDE

II

Oh ! viens... (comme disaient les anciens poètes),
oh ! viens... Que ton petit cœur me donne le bras.
Tu verras, au village obscur, de vieux lilas
aux fleurs jeunes comme tes mouvements de tête.
Et si tu n’as pas vu le soleil qui se couche
sur la buée de bleu qui tremble sur les chênes,
tu sentiras brûler ce soleil sur ta bouche.

Si tu n’as pas vu l’aube douce qui brode la nuit
et qui allume, au bord des mares, les angéliques,
je t’indiquerai l’aube en te fermant les yeux
avec un baiser long comme l’aube elle-même.
Et ton cœur sera plein d’un jour blanc qui se lève,
car je te poserai de l’aube sur les lèvres.

Et si tu n’as pas vu ce joli sentiment
que Zénaïde Fleuriot a nommé l’amour,
je te l’expliquerai lentement, lentement,
comme si tu hissais ta bouche vers ma bouche,
avec tes genoux ronds pressés à mes genoux.
Alors, tu verras ce sentiment qui est l’amour,
que l’on cache beaucoup et dont on parle tant.

Pourquoi suis-je si jeune, pourquoi dans mon cœur frais
y a-t-il comme un frisson de soir aux noisetiers ?
Je suis fou. Je te veux sur le bleu des pelouses,
vers sept heures, lorsque la lune au haut du ciel
pleut sa lumière humide au front des vaches rousses
dont la corne porte encore un morceau de soleil.

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ÉLEGIE SECONDE

I

Les fleurs vont de nouveau luire au soleil pour moi.
Il semble que mon âme sorte d’un pays noir.
Trouverai-je la consolation sous les arbres ?

Ma pipe est allumée comme à l’adolescence,
ma pipe est allumée dans le bruit de la pluie,
et je songe à des journées d’anciens printemps.

Des souvenirs chéris plus doux que des mélisses
habitent dans mon cœur joyeux et pourtant triste,
pareil à un jardin rempli de jeunes filles.

Car j’aime comparer à de très jeunes filles
mes pensées qui ont la courbe de leurs jambes craintives
et l’effarouchement moqueur d’éclats de rire.

Seules les jeunes filles ne m’ennuyèrent jamais :
Vous savez qu’elles vont, d’on ne sait quoi, causer
le long des tremblements de pluie des églantiers.

Et moi, je ne sais pas ce que mes pensées pensent.
J’aurais dû naître un jour calme des grandes vacances,
lorsque les framboisiers ont des cousines blanches.

Je ne sais pas pourquoi j’ai traversé la vie,
ni pourquoi, aujourd’hui, après ces grands ennuis,
je resonge à des soirs d’amour cachés de pluie.

Mon enfance est là-bas dans un petit parterre,
ma jeunesse un amour d’automne gris et vert,
et le reste sera l’yeuse du cimetière.

Peut-être que si Dieu ne m’a point fait mourir,
c’est qu’il s’est souvenu de toi, toute petite,
qui soignes, en m’attendant, tes jolis canaris....
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ÉLÉGIE TROISIÈME



Ce pays a la fraîcheur molle des bords des eaux.
Les chemins s'enfoncent obscurément, noirs de mousse,
vers des épaisseurs bleues pleines d'ombre d'amour.
Le ciel est trop petit sur des arbres trop hauts.
C'est ici que je viens promener ma tristesse,
chez des amis et que, lentement, au soleil,
le long des fleurs je m'adoucis et je me traîne.
Ils s'inquiètent de mon cœur et de ma peine,
et je ne sais pas trop ce qu'il faut leur répondre.

Peut-être, quand je serai mort, un enfant doux
se rappellera qu'il a vu passer dans l'allée
un jeune homme, en chapeau de soleil, qui fumait
sa pipe doucement dans un matin d'Été.

Et toi que j'ai quittée, tu ne m'auras pas vu,
tu ne m'auras pas vu ici, songeant à toi
et traînant mon ennui aussi grand que les bois…
Et d'ailleurs, toi non plus, tu ne comprendrais pas,
car je suis loin de toi et tu es loin de moi.
Je ne regrette pas ta bouche blanche et rose.
Mais alors, pourquoi est-ce que je souffre encore ?

Si tu le sais, amie, arrive et dis-le moi.
Dis-moi pourquoi, pourquoi lorsque je suis souffrant,
il semble que les arbres comme moi soient malades ?
Est-ce qu'ils mourront aussi en même temps que moi ?
Est-ce que le ciel mourra ? Est-ce que tu mourras ?
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