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Jacques Borel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070317950
250 pages
Gallimard (31/03/1971)
3.61/5   37 notes
Résumé :
Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.

Bien sûr que le pauvre diable n'a pas de mère
pour le consoler doucement de sa misère.

Il vit comme cela, pion dans une boîte,
et passe parfois sur son front froid sa main moite.

Avec ses bras il fait un coussin sur un banc
et s'assoupit un peu comme un petit enfant.

Mais au lieu de traversin ... >Voir plus
Que lire après De l'Angelus de l'aube à l'Angelus du soir, 1888-1897Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a une petite musique douce, entêtante, dans les poèmes de ce recueil...

Il y a des ânes , " marchant le long des houx", " de grands boeufs roux", tous ces animaux des champs et de la maison que le poète aimait tant...

Il y a un coeur d'homme qui rêve de jeunes filles nues, alanguies dans les vergers, " dans le verger où sont les arbres de lumière, où " La pulpe des fruits lourds pleure ses larmes d'or"...

Il y a des vers nostalgiques et tendres, ondoyants et harmonieux:

" Tout à coup un paon bleu se penchait sur un banc.
une raquette lançait un dernier volant
qui mourait dans la nuit qui dormait aux feuillages
pendant qu'on entendait un roulement d'orage."

Il y a des vieux villages, des maisons du passé abandonnées, des armoires pleines de secrets...

Il y a une poésie peut-être un peu surannée, mais tant de charme , de grâce ailée! Moi, elle m'a touchée...

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Recueil de poésies écrites de 1888 à 1897. L'auteur y évoque la nature, surtout, la campagne qu'il connaît bien dans les Pyrénées plus exactement le pays basque, l'amour, la foi, mais aussi beaucoup la pauvreté et la mort... J'ai découvert cette oeuvre avec un certain malaise. Oeuvre qui ne me semble pas totalement aboutie, qui manque de maturité dans le style, et que j'ai trouvé fort mélancolique et déprimante. Je ne retrouve pas la qualité d'écriture présente dans la prière mariale de l'auteur "Je Vous salue, Marie", mise en musique par Georges Brassens, et je le regrette.
Je vais essayer de découvrir d'autres poèmes de Francis Jammes, car je ne veux pas rester sur une demie déconvenue.
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Curieuse époque que cette Belle Epoque ! En à peine vingt ans - la passage d'un siècle à l'autre ! - le monde a fait un formidable pas en avant, avec les inventions simultanées de la voiture, de l'avion, de la radio, de la presse de grande diffusion… avec les bouleversement sociaux, artistiques et littéraires… avec l'avènement d'un modernisme qui explose dans tous les sens… Oui vraiment, une curieuse époque que cette Belle Epoque !

Mais reconnaissons-le, ces manifestations d'un progrès exponentiel étaient réservées aux grandes villes et à la capitale, justement appelée la Ville-Lumière.

Pourtant, on vivait aussi en province. Loin de Paris, il y avait des artistes et des poètes qui, moins sensibles peut-être à une gloire que du fond de leur campagne ils jugeaient vaine et un peu ridicule, construisaient une oeuvre dont la simplicité - la naïveté, diront certains - était la qualité première. C'était le facteur Cheval qui, caillou après caillou, construisait un palais idéal, c'était le Douanier Rousseau qui peignait des scènes dont l'aspect enfantin lui valait des moqueries sans nom, c'étaient des poètes authentiques comme Paul Fort ou Francis Jammes.

Pour les lecteurs du XXIème siècle, Francis Jammes (1868-1838) est forcément un poète du temps passé. Les thèmes qu'il brasse sont éculés, la foi qu'il exprime est désuète, son style même est anachronique…
Et pourtant, si l'on y regarde bien, rien de plus actuel que Francis Jammes !
A l'heure où la nature est partout en danger, il nous rappelle quelle richesse elle représente, et quelle force elle pourrait symboliser dans la lutte pour notre survie. Témoignage d'un passé révolu, certes, qui ne parle sans doute qu'aux plus anciens d'entre nous, elle est la preuve vivante d'un trésor à préserver.
La foi chrétienne est bien battue en brèche de nos jours, la désaffection des fidèles s'expliquant par l'effritement des croyances en face de la modernité et des nouveaux dieux. Mais si l'on prend en compte que la foi de Francis Jammes est "primaire" comme celle de Saint François d'Assise, et au-delà celle des tous premiers chrétiens, on peut penser que l'espérance d'un renouveau est toujours d'actualité.
Enfin, peut-on vraiment reprocher à Francis Jammes d'user d'une prosodie non conventionnelle ? Apollinaire, qui n'est pas n'importe quel poète, avait déjà dynamité les fondements de la poésie classique de Villon à Verlaine. Et pour autant, il n'avait pas tué la poésie, mais lui avait bel et bien donné un autre souffle, une nouvelle vie. Loin d'assassiner la langue française, il l'avait renouvelée. Quand aujourd'hui nous constatons avec effroi que cette dernière, si belle, si riche, si précise, si expressive, n'est plus que l'ombre d'elle-même, nous serions mal venus de critiquer un poète qui a toujours défendu trois choses essentielles qui lui tenaient à coeur : sa terre natale, sa foi… et ce trésor : la langue française.
Alors oui, Francis Jammes a toujours sa place dans le panthéon des poètes français. Remarquable par sa profonde empathie avec le monde - paysan essentiellement - qui l'entoure, il nous séduit aussi par une foi constante - contemplative plus que militante - et un style original, vierge de toute ornementation poétique, qui parle directement au coeur du lecteur. Par sa sincérité et son authenticité, il rejoint d'autres poètes, comme Paul Fort, ou encore sa petite cousine du Lot-et-Garonne, Sabine Sicaud, et annonce René-Guy Cadou.
Le recueil de l'angélus de l'aube à l'angélus du soir (1898) est très représentatif de l'oeuvre de Francis Jammes. On le complètera avec bonheur avec le Deuil des primevères (1901) et Clairières dans le ciel (d'où est extrait La prière, de Georges Brassens) (1906)
Ces trois recueils sont aisément disponibles dans Poésie-Gallimard (respectivement n° 23, 68 et 142)




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Il y a de grandes peintures à l'huile éclatantes et il y a de petites images naïves sans prétention. Si l'on excepte la dernière partie, qui est une sorte de pièce versifiée en trois actes sur la naissance, la vie et la mort d'un poète, un peu grandiloquente (et pour le coup, complètement pompier), « de l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir » se range dans la catégorie des peintures simples et naïves.
Des poèmes champêtres, plus campagnards que bucoliques, qui ont pour sujet des paysans, des animaux ou des ballades dans les bois. Des poèmes d'amour et de pitié. Et de piété aussi, mais une piété là aussi naïve, héritée de l'enfance, davantage forgée et impressionnée par les pompes ecclésiales que par l'étude des saintes écritures.
Ce serait comme une sorte de canevas qui reproduirait l'Angélus de Millet, quelque chose d'humble, un modeste travail pour ne pas dire un travail modeste. Doux et émouvant, mais dont les fils sont un peu gros. Un goût prononcé pour les allitérations faciles.
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De nos jours, Francis Jammes (1868-1938) ne bénéficie pas d'une réputation extraordinaire. Pourtant, le préfacier de ce recueil plaide vigoureusement en sa faveur. En fait, ce poète était très attaché à son terroir: le Béarn et le Pays Basque. Il avait le sens du concret; son âme parait maintenant simple, sans orgueil, un peu sentimentale. Il se situait volontairement éloigné des "grands génies" de la poésie. Pour moi, c'est un poète mineur: dans ce volume, je n'ai lu aucun chef d'oeuvre. Aucune grande envolée, aucune fulgurance d'écriture. Ses vers paraissent parfois un peu mièvres et/ou naïfs... Du moins, F. Jammes est-il parfaitement compréhensible dès la première lecture - ce qui n'est pas le cas de tous les poètes. J'ai mis en citation deux extraits qui me semblent représentatifs de sa manière d'écrire.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Le vent triste souffle dans le parc,
comme dans un livre que je lus enfant,
où une écolière perdue était hagarde.
Le vent.

Il va casser, peut-être, le tulipier.
Il fait voir le dessous des feuilles blanc
du vernis du Japon qu’il semble essuyer,
Le vent.

Le baromètre est descendu subitement.
Peut-être que ça va être un ouragan.
Il ne peut pas pleuvoir, mais on entend
Le vent.

Dans les livres de prix, monsieur et madame d’Arvan
reviendraient en pressant le pas chez eux,
vers un château tout bleu malgré le mauvais temps.
Le vent.

Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants
où devaient se passer d’étranges adultères,
par les temps tristes, en Angleterre.
Le vent.

Sortez de ma tête, gentilles écolières
qui jouiez à cache-cache dans la clairière
et reveniez vers le grenier sombre, à cause du grand
vent.

Sortez de ma tête, vieux marquis des villes
qui, dans les maisons pluvieuses, lisiez Virgile
dans des fauteuils à oreillettes, par des temps
de vent.

Sors de ma tête, ma douce tristesse,
et va-t’en vers le coteau fané, va-t’en
où va, sur un air un peu Chateaubriand,
le vent.
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Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu’est-ce ?
J’aurais dit : laissez-moi tranquille. Ce n’est rien.

J’ai bien réfléchi, l’année avant, dans ma chambre,
pendant que la neige lourde tombait dehors.
J’ai réfléchi pour rien. À présent comme alors
je fume une pipe en bois avec un bout d’ambre.

Ma vieille commode en chêne sent toujours bon.
Mais moi j’étais bête parce que ces choses
ne pouvaient pas changer et que c’est une pose
de vouloir chasser les choses que nous savons.

Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous ? C’est drôle ;
nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas
et cependant nous les comprenons, et les pas
d’un ami sont plus doux que de douces paroles.

On a baptisé les étoiles sans penser
qu’elles n’avaient pas besoin de nom, et les nombres
qui prouvent que les belles comètes dans l’ombre
passeront, ne les forceront pas à passer.

Et maintenant même, où sont mes vieilles tristesses
de l’an dernier ? À peine si je m’en souviens.
Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n’est rien,
si dans ma chambre on venait me demander : qu’est-ce ?
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Les dimanches, les bois sont aux vêpres.
Dansera-t-on sous les hêtres ?
Je ne sais… Qu’est-ce que je sais ?
Une feuille tombe de la croisée…
C’est tout ce que je sais ..

L’église. On chante. Une poule.
La paysanne a chanté, c’est la fête.
Le vent dans l’azur se roule.
Dansera-t-on sous les hêtres ?
Je ne sais pas. Je ne sais.

Mon cœur est triste et doux
Dansera-t-on sous les hêtres ?
Mais tu sais bien que, les dimanches, les bois sont aux vêpres.

Penser cela, est-ce être poète ?
Je ne sais pas. Qu’est-ce que je sais ?
Est-ce que je vis ? Est-ce que je rêve ?

Oh ! ce soleil et ce bon, doux, triste chien…
Et la petite paysanne
à qui j’ai dit : vous chantez bien…

Dansera-t-elle sous les hêtres ?
Je voudrais être, voudrais être
celui qui lentement laisse tomber,
comme un arbre ses baies,
ca tristesse pareille, sa tristesse
pareille aux bois qui sont aux vêpres.
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LA MAISON SERAIT PLEINE DE ROSES...

La maison serait pleine de roses et de guêpes.
On y entendrait, l'après-midi, sonner les vêpres;
et les raisins couleur de pierre transparente
sembleraient dormir au soleil sous l'ombre lente.
Comme je t'y aimerais!
Je te donne tout mon cœur qui a vingt-quatre ans, et mon esprit moqueur,
mon orgueil et ma poésie de roses blanches;
et pourtant je ne te connais pas, tu n'existes pas.
Je sais seulement que, si tu étais vivante,
et si tu étais comme moi au fond de la prairie,
nous nous baiserions en riant sous les abeilles blondes,
près du ruisseau frais, sous les feuilles profondes.
On n'entendrait que la chaleur du soleil.
Tu aurais l'ombre des noisetiers sur ton oreille,
puis nous mêlerions nos bouches, cessant de rire,
pour dire notre amour que l'on ne peut pas dire;
et je trouverais, sur le rouge de tes lèvres,
le goût des raisins blonds, des roses rouges et des guêpes.

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Cette personne a dit des méchancetés :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Alors j’ai été révolté.

Et j’ai été me promener près des champs
où les petits brins d’herbes ne sont pas méchants,
avec ma chienne et mon chien couchants.

Là, j’ai vu des choses qui jamais
n’ont dit aucune méchanceté,
et de petits oiseaux innocents et gais.

Je me disais, en voyant au-dessus des haies
s’agiter les tiges tendres des ronciers :
ces feuilles sont bonnes. Pourquoi y a-t-il des gens mauvais ?

Mais je sentais une grande joie
dans ce calme que tant ne connaissent pas,
et une grande douceur se faisait en moi.

Je pensais : oiseaux, soyez mes amis.
Petites herbes, soyez mes amies.
Soyez mes amies, petites fourmis.

Et là-bas, sur un champ en pente,
auprès d’une prairie belle et luisante,
je voyais, près de ses bœufs, un paysan

qui paraissait glisser dans l’ombre claire
du soir qui descendait comme une prière
sur mon cœur calmé et sur la terre.
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Vidéo de Francis Jammes
Le Sommet de la route et l'ombre de la croix : six poètes chrétiens du XXe siècle : Charles Péguy, Paul Claudel, Francis Jammes, Marie Noël, Patrice de la Tour du Pin, Jean Grosjean Jean-Pierre Lemaire Éditions Gallimard Collection Poésie
Une anthologie rassemblant des poèmes de Charles Peguy, de Paul Claudel, de Francis Jammes, de Marie Noël, de Patrice de la Tour du Pin et de Jean Grosjean, qui évoquent la foi chrétienne. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/ommet-route-ombre-croix-six-poetes-chretiens-xxe-siecle-charles-peguy-paul-claudel-francis-jammes/9782072854323.html
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