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Critique de Zakuro


J'aime énormément quand Drago Jancar parle de son pays, la Slovénie avec des personnages forts attachants et un territoire superbe aux cultures multiples qui n'a pas été épargné par les conflits de par sa position stratégique.
Dans son dernier roman, Drago Jancar s'inspire d'une photo d'archives prise à Maribor dans les années 1940 où l'on voit deux jeunes filles qui parlent entre elles et le profil de deux soldats en uniforme allemand.
Cette photo sert de cadre au premier chapitre du livre qui raconte le terrible destin de deux hommes et une femme, tous les trois slovènes.
Ludek qui a changé son prénom en Ludwig est devenu officier dans l'armée allemande, Tine a pris le maquis en tant que résistant et Sonja est la personnification de tout le malheur qui s'abat sur son pays.
Drago Jancar n'épargne aucune scène, les tortures dans les caves, les otages fusillés dont la vie est suspendue à une livraison de clous pour fermer leur cercueil, les faits sont effroyables de vérité.
Le terrible sort réservé à Sonja m'a bouleversée, trahie et abandonnée, elle ne sera plus que l'ombre d'elle-même à son retour du camp qui réserve un sort particulier aux femmes cultivées.

Les faits racontés sont d'autant plus poignants et difficiles à supporter que la vie d'avant la guerre était douce et pleine de promesses pour Sonja et Valentin. Ils étaient amoureux, ils aimaient la nature et la poésie slovène de Macha qu'ils s'écrivaient mutuellement.
Sans la guerre, l'officier Ludwig Mischkolnig serait-il resté Ludek, ce jeune homme aimable qui avait aidé Sonja à se relever alors qu'ils skiaient à la montagne. Lui non plus, il ne sera pas épargné. Il aurait peut-être trouver l'amour et l'affection qui lui manquait pour devenir un homme.

J'ai été sauvée de cette violence par la poésie et les beaux passages sur la nature, toujours bienveillante et présente à l'homme, la nature n'a pas de velléité .
Dans son errance dans les bois lui tenant lieu de maquis, Valentin retrouvera un peu d'humanité au contact de la nature « il sentit que la fraîcheur des hautes fougères humides, brunes et un peu gelées, des riches couches de feuilles tombées des hêtres, et celle des pins odorants et l'âpreté de l'air frais, il sentit que tout ce qui était autour de lui se changeait en sentiments, en respiration, en veines, en battements de coeur qui tapaient sur les tempes après sa longue marche ».
Le secours de la nature et de la poésie pour ressentir à nouveau une onde de joie ou faire jaillir aux yeux de Sonja des larmes libératrices quand elle lira bien des années plus tard ces vers de Byron qui donnent le titre au livre
« 
Ainsi nous n'irons plus vagabonder
Si tard la nuit…
Car l'épée use le fourreau
Et l'âme épuise le coeur,
Et le coeur doit faire halte pour souffler
Et l'amour aussi a besoin de repos ».

Je remercie infiniment Babelio et les éditions Phébus pour ce moment de lecture exigeant et fort.

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