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Critique de Calimero29


Dorothée Janin utilise des faits réels pour venir y superposer une fiction.
Le 6 mais 1947, au centre pénitentiaire de Fresnes, une quarantaine de jeunes filles, enfermées sans jugement, pour de petits larcins, conduite inappropriée, débauche, ou représentant soit-disant une menace pour la société, se révoltent pendant 48 heures : elles cassent tout, pillent l'économat, jettent tout ce qu'elles peuvent sur les gardiens et la police venus pour les mater. Elles seront jugées et iront en prison.
L'auteure utilise cet épisode historique comme point de départ d'une enquête généalogique fictionnelle menée par Elvire, à la demande du ténor du barreau, Serge Valère, enfant abandonné d'une de ces filles perdues; celui-ci n'a jamais rien voulu savoir de sa mère mais en revanche, son fils a besoin de la vérité sur ses origines pour sortir de la dépression qui le mine.
L'intérêt principal de ce roman a résidé, pour moi, dans la découverte de l'effroyable réalité de ces jeunes filles, qui pour fuir une vie de misère, se retrouvaient enfermées, battues, humiliées, isolées. Les faits évoqués sont entrés en résonance avec le dernier roman de Sorj Chalandon "l'enragé" qui traitait des bagnes pour jeunes garçons dans les années 30 et ultérieurement. On retrouve, dans les deux cas, cette obsession de la société du contrôle total du corps et de l'esprit de celles et ceux qui ne rentraient pas dans le moule religieux ou sociétal.
Les personnages principaux sont également intéressants par leur comportement à l'égard de leur histoire familiale; alors que Serge la rejette et refuse de s'y raccrocher, Elvire se définit par rapport à elle et souhaite la transmettre mais, terrible blessure, elle ne peut devenir mère.
Au fur et à mesure de ses découvertes sur les révoltées, elle se rapproche de ces filles perdues, car elle en est une aussi, même si le terme "perdue" ne revêt pas tout à fait la même signification. Elle se sent vide, sans espoir, le ventre mort.
J'ai cependant regretté que le fil conducteur de la quête d'identité et de la transmission se perde dans les méandres de digressions (Genêt, Chateaubriand,...) et de thèmes importants mais trop nombreux, comme la mort, la Shoah, la collaboration, l'absence de père, la vieillesse... qui n'ont été, de fait, que survolés.
#Larévoltedesfillesperdues #NetGalleyFrance
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