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EAN : 9782234095090
320 pages
Stock (23/08/2023)
2.9/5   57 notes
Résumé :
"A mesure que je lis tous les documents que je réussis à retrouver, je commence à voir apparaître leur silhouette, les phrases qu'elles ont lancées aux flics, aux juges... Chaque fois je me demande si celle qui est décrite, celle qui parle, qui rit, qui injurie, qui chante, celle qui a les mains en sang et les vêtements déchirés, est la femme que je cherche". Voleuses, fugueuse, vagabondes, de petites vertus, les filles de la prison de Fresnes se mutinent.
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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En 1947, une mutinerie éclatait dans le bâtiment de la prison de Fresnes réservé aux filles de Justice. Tandis que la presse condamnait la violence des révoltées, l'administration pénitentiaire se dédouanait en invoquant des meneuses incontrôlables, des « bêtes fauves » selon la directrice de l'établissement. Pourtant, les lettres des détenues laissent entrevoir une tout autre réalité, qui inspire à Dorothée Janin un roman plein de colère et de compassion.


Au moment des faits, elles sont quatre-vingt mineures, entre dix-huit et vingt-et-un ans, à avoir été provisoirement reléguées, après la fermeture en 1940 de leur institution corrective de Clermont et un passage par une section de la prison de Rennes, dans un bâtiment désaffecté de l'établissement pénitentiaire de Fresnes. Fugueuses, petites voleuses, filles de trottoir ou ayant simplement eu une relation sexuelle hors mariage, toutes grandies sur fond de misère et de violence, « ce sont avant tout leur moralité, leur comportement, leur milieu d'origine jugé déficient ou dangereux, pas les délits qu'elles ont ou n'ont pas commis, ni les articles du Code pénal » qui les ont menées à la réclusion en Institution Publique d'Education Surveillée. Elles ne sont donc pas des criminelles, mais, ce qui leur vaut pourtant en ces lieux un traitement plus sévère encore – « Elles sont venues à cette pauvreté morale par goût et par besoin, par joie du vice. Elles sont inadaptables ces petites prostituées, ‘'inamendables''. La voleuse peut être relevée, et même la criminelle. Jamais la fille ‘'folle de son corps'' » –, des « filles perdues », scandaleuses dans leur insoumission, leur indépendance et leur perversion, des déchets étiquetés vicieux et irrécupérables, que l'on entend mater par la discipline, les humiliations et la brutalité, par la maltraitance physique et psychologique, par « l'intrusion de la contrainte jusque dans l'intimité, le contrôle total sur le corps et l'esprit ».


Imaginant des personnages fictifs, d'alors et d'aujourd'hui, très fidèlement et scrupuleusement inspirés pour les uns de sa longue imprégnation des documents de l'époque, pour les autres, notamment Elvire la narratrice, d'éléments de sa propre biographie et de son passé, l'auteur mène l'enquête et croise les regards d'hier et d'aujourd'hui sur ces « mauvaises filles ». Peu à peu, les fantômes exhumés des archives reprennent vie, silhouettes et voix s'animent au gré d'une reconstitution réaliste et vibrante d'émotion, qui, se focalisant sur la prison de Fresnes, prend bientôt la dimension d'un véritable procès du siècle dernier en France. Car, tandis que l'on y escamote les terribles conditions d'enfermement des filles de Justice en faisant passer leur insoumission pour vice et leur révolte pour hystérie – quelle autre cause à leur soulèvement que les pulsions sexuelles d'« âmes perverties, énervées par le printemps » ? –, en ce lendemain de Libération on y traite aussi en hôtes de marque des collabos venus y remplacer les résistants qu'on vient d'y torturer et d'y exécuter. Alors, l'effet boomerang qui, dans la quête la menant vers Madeleine Lauris, fille-mère détenue à Fresnes et contrainte d'abandonner son bébé, renvoie douloureusement Elvire à son propre impossible désir de maternité, s'inverse une nouvelle fois et, « à la façon d'un mascaret », comme une « vague depuis les mots retourne vers le corps et vient frapper le coeur », remonte le fil tendu par le thème de la lutte et de la résistance pour faire écho à l'histoire familiale de l'auteur. En réalisant sa vénération pour son grand-père, juif polonais qui rejoignit en France les rangs des FTP-MOI, les Francs-tireurs et partisans de la Main-d'oeuvre immigrée, l'on comprend, comme elle-même semble en avoir pris conscience en l'écrivant, combien ce livre et son sujet entrent en résonance profonde avec sa chair et son âme.


Avec ce livre sous-tendu par un remarquable travail d'investigation mais aussi par une émotion lui remontant des tripes, Dorothée Janin ne rend pas seulement justice aux filles de Fresnes. A travers elles, qui se révoltèrent non pour leur propre sort pourtant terrible, mais par fidélité à la seule éducatrice en qui elles avaient confiance, et qui, considérées comme des rebuts par la société, lui en remontrent pourtant en courage et en intégrité, ce sont les valeurs d'amour, d'honneur et de loyauté qu'elle remet à leur juste place, par-delà les hypocrisies, les préjugés et les impostures ordinaires. Coup de coeur pour ce roman qui, hasard de la rentrée littéraire, aborde par le versant féminin ce que l'enragé de Sorj Chalandon nous présente côté masculin, avec le bagne pour garçons de Belle-Ile.

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Le thème de l'abandon et de la quête des origines sont au coeur de ce roman de Dorothée Janin à partir de l'insurrection des jeunes filles, celles que l'on appelle "les mauvaises filles" enfermées dans le centre d'éducation de Fresnes en 1947.

La rébellion des jeunes filles toutes mineures de moins de 21 ans à l'époque, et surtout ses causes passées sous silence font l'objet de recherches très approfondies dans ce roman mi- documentaire mi- fiction notamment avec une immersion passionnante dans les archives pénitentiaires et des institutions religieuses. C'est une enquête passionnante au coeur des secrets d'État de l'après-guerre.

J'ai apprécié la construction du roman qui met en place de manière progressive et déterminante les personnages, Serge Valère, Elvire, Hugo, le fils de Serge Valère et l'autrice elle-même pour retrouver une absente sous le nom de Madeleine Lauris, plus qu'une personne, le symbole d'une perte que chacun essaie de faire revivre.

L'autrice par une plume tenace sensibilise sur les traumatismes psychologiques touchant à l'effacement des origines et des liens familiaux.
J'ai apprécié ce roman parce qu'il aborde des domaines publics, droit pénal, affaires politiques et les côtés plus intimes des personnages avec l'enquête et les recherches généalogiques.

Il lève le rideau sur l'histoire secrète et révoltante des jeunes filles mineures pupilles de l'État placées de force par leur famille pauvre ou abusive dans le centre d'éducation spécialisée de Fresnes, juste à côté de la prison. Elles se sont rebellées contre leur sort indigne. Elles ont été matées mais pas vaincues.

La plume nerveuse presque viscérale se précipite comme des déflagrations dans une narration fougueuse, indomptable.

La psychologie de Serge Valère est bien étudiée ainsi que la souffrance d'Hugo et le poids qui pèse sur Elvire. Ces 3 personnages ont des points communs que l'on découvre au fur et à mesure de l'avancement des recherches sur Madeleine Lauris.

Un roman que j'ai trouvé judicieux, instructif, passionnant et émouvant.

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S'il y a une quantité presque infinie de livres sur la Deuxième Guerre mondiale, les années qui suivent sont souvent oubliées. C'est le grand intérêt du livre de Dorothée Janin, La révolte des filles perdues, de comprendre un peu mieux les hiérarchies de valeurs de cette année-là.

Me Valère a réussi sa vie et ne se préoccupe pas de son passé. Son fils Jonathan, découvre le certificat de naissance de son père. En pleine crise d'adolescence, il en est gravement perturbé et sa psychologue suggère une psychogénéalogie. Elvire entre en scène, malgré la réticence de Serge Valère.

Dorothée Janin a voulu écrire une fiction, mais l'histoire, expédiée en quelques pages, ne présente pas grand intérêt. J'aurais pourtant aimé qu'elle creuse certains thèmes, tels que le ressenti des descendants des filles perdues — un peu caricatural dans le livre (Serge Valère s'en moque, Jonathan en tombe malade).

Une intrigue prétexte donc pour nous parler d'une révolte de pupilles de l'Éducation surveillée, de leurs conditions de vie et des motifs qui les ont amenées là. L'établissement n'avait rien à envier à une prison.

Les enfants nés dans une misère sociale sont vite jugés irrécupérables. Leur donner une éducation, pour quoi faire ? Coups et punitions, c'est tout ce que cette engeance mérite. Bref, ils effraient les braves gens, et les filles sont traitées de prostituées, voire de sorcières.

Au fur et à mesure des découvertes d'Elvire, les mêmes informations, encore et toujours ; des informations intéressantes, certes, mais qui ne suscitent aucune autre réaction que la consternation que ces situations aient existé.

Lien : https://dequoilire.com/la-re..
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Fresnes en 1947. C'est une ville mais c'est surtout le nom d'une prison. Elle contient des hommes, les détenus, et des femmes, qu'on n'appelle pas des prisonnières mais des pupilles. Cette année-là, elles décident de se révolter, notamment contre leurs conditions de detention, et leurs "mauvaises amitiés". Ce roman nous raconte un bout de cette prison, et surtout cette mutinerie . C est notre héroïne, non pas enfermée, mais plutôt embauchée bien des décennies plus tard pour dresser l'histoire familiale d'un avocat célèbre, qui , dans ses recherches, va faire ressurgir de la prison la généalogie de la mère. le sujet est précis, et s'il vous intéresse, l'autrice a réalisé un gros travail de recherche. Entre fiction et fait divers, pas assez de l'une et trop de l'autre à mon goût (surtout que quand il s'agit du roman, la plume est agréable, les réflexions intéressantes ; moins quand on est dans le catalogue des faits) ; et, on en apprend sur ces filles... perdues.
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Dorothée Janin utilise des faits réels pour venir y superposer une fiction.
Le 6 mais 1947, au centre pénitentiaire de Fresnes, une quarantaine de jeunes filles, enfermées sans jugement, pour de petits larcins, conduite inappropriée, débauche, ou représentant soit-disant une menace pour la société, se révoltent pendant 48 heures : elles cassent tout, pillent l'économat, jettent tout ce qu'elles peuvent sur les gardiens et la police venus pour les mater. Elles seront jugées et iront en prison.
L'auteure utilise cet épisode historique comme point de départ d'une enquête généalogique fictionnelle menée par Elvire, à la demande du ténor du barreau, Serge Valère, enfant abandonné d'une de ces filles perdues; celui-ci n'a jamais rien voulu savoir de sa mère mais en revanche, son fils a besoin de la vérité sur ses origines pour sortir de la dépression qui le mine.
L'intérêt principal de ce roman a résidé, pour moi, dans la découverte de l'effroyable réalité de ces jeunes filles, qui pour fuir une vie de misère, se retrouvaient enfermées, battues, humiliées, isolées. Les faits évoqués sont entrés en résonance avec le dernier roman de Sorj Chalandon "l'enragé" qui traitait des bagnes pour jeunes garçons dans les années 30 et ultérieurement. On retrouve, dans les deux cas, cette obsession de la société du contrôle total du corps et de l'esprit de celles et ceux qui ne rentraient pas dans le moule religieux ou sociétal.
Les personnages principaux sont également intéressants par leur comportement à l'égard de leur histoire familiale; alors que Serge la rejette et refuse de s'y raccrocher, Elvire se définit par rapport à elle et souhaite la transmettre mais, terrible blessure, elle ne peut devenir mère.
Au fur et à mesure de ses découvertes sur les révoltées, elle se rapproche de ces filles perdues, car elle en est une aussi, même si le terme "perdue" ne revêt pas tout à fait la même signification. Elle se sent vide, sans espoir, le ventre mort.
J'ai cependant regretté que le fil conducteur de la quête d'identité et de la transmission se perde dans les méandres de digressions (Genêt, Chateaubriand,...) et de thèmes importants mais trop nombreux, comme la mort, la Shoah, la collaboration, l'absence de père, la vieillesse... qui n'ont été, de fait, que survolés.
#Larévoltedesfillesperdues #NetGalleyFrance
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critiques presse (2)
LeMonde
10 novembre 2023
Le quatrième roman de Dorothée ­Janin séduit autant par les inquiétudes éthiques qui le nourrissent que par son écriture frémissante et narquoise. Elle est porteuse d’un panache déterminé à ferrailler contre les hontes inculquées aux femmes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
28 septembre 2023
"La révolte des filles perdues" voit la romancière se glisser dans les coulisses d’une mutinerie de mineures qui ébranla prison, état et certitudes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Elle [la grand-mère] inventait sans mentir, son cerveau n’avait plus ces cases-là en place. Les heures, les jours, les années qui se disloquent et tombent ensemble comme un château de cartes. Les souvenirs qui s’effacent par le haut de la pile. Les phrases qui tombent dans un trou ou alors surgissent de l’enfance : « Mais où est maman ? » « Je vais rester là longtemps ? »
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On se trompe en pensant que le manque et l’absence que subit un enfant le poussent à chercher à être aimé. Il cherche à aimer : comme personne n’aime longtemps, à aimer totalement ; il faut alors devenir aveugle à soi-même et au réel. Cet enfant a connu un amour impossible, il a grandi avec un amour plus fort que la mort et l’absence et contenant la mort et l’absence, totalisé, car la mort et l’absence sont d’une essence totale, ne présentent aucune faille, sont parfaites ; un amour jamais arrêté par la réalité et la chair, la vie, jamais arrêté par un regard en retour, par une parole, par un être ; ni par l’amour-propre, l’estime de soi, qui n’existent pas encore, et vont être mités, dévorés. L’amour-dans-le-deuil, comme dans l’abandon vrai, atomisé, dilaté comme l’univers, expansé, cet amour infecté du pus de la pureté, saoul, alcoolisé – alcool volatil ; dès l’étincelle, la flamme vire au bleu. (…)
L’adulte grandi depuis cet enfant, enfant ahuri par le manque de ce qui n’existe pas, égaré dans son amour total de la pourriture ou de la cendre, détaché du corps même, un amour non pas à travers mais dans l’horreur, mélangé à l’horreur – qui aime-t-on ? Des lambeaux de chair, des os couverts de chair froide, des orbites vides, le sourire affreux d’un mort, la cendre à l’odeur de cendre, froide, mélangée à la vieille poussière, aux chutes pourries du temps ?
Je n’ai jamais cherché la compagnie.
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Benjamin essaye de me donner des arguments pour ne pas être si triste, il a cette théorie : enfanter, c’est la mort de la morale. « Tu vois, dit-il, je pense que tu serais capable de mourir pour une cause ou pour sauver des vies, tu as une dose d’héroïsme en toi, je t’ai vue dévaler une falaise pour aller sortir la tête de l’eau d’une femme qui était tombée, je t’ai vue me défendre et ne pas fuir quand je me suis retrouvé avec un flingue sur la tempe en Corse, prétendument parce que j’avais mal parlé à des autochtones à la buvette du village. Mais si tu deviens mère, ça sera fini. Si tu es mère et que tu as deux boutons devant toi, et que tu dois choisir entre la disparition d’un continent avec tous ses habitants et la vie de ton enfant, tu sauves ton gosse. Paf l’Asie ! Et puis tu commences à avoir peur pour ta vie en général, tu ne veux pas laisser seul ton gosse, tu commences à estimer beaucoup trop haut ta vie pour être héroïque. Je t’assure, la morale et l’éthique chutent, on devient intéressé, on courbe le dos, on pense avant toute chose à la becquée qu’on doit lui enfoncer dans le gosier. »
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Certaines d’entre elles sont bien de petites délinquantes, comme Jacqueline, fille de ferme, qui a volé quelques centaines de francs pour aller rejoindre son amant, ou Marcelle, employée de maison qui a subtilisé des vêtements de sa patronne. Issues de familles moins pauvres, ou si elles avaient paru plus convenables, elles auraient été rendues à leurs parents après avoir été grondées. D’autres mineures se sont prostituées – ce qui n’est pas, à l’époque comme aujourd’hui, un délit pénal. Pour cela, il suffit parfois d’avoir accepté les cadeaux d’un amant ou d’un soldat américain, ou d’avoir partagé son hôtel. Beaucoup ont été coffrées pour vagabondage : une notion floue dépénalisée en 1935 qui, concernant les mineurs, permet à la justice de sanctionner les fugues par un placement en institution jusqu’à la majorité, surtout si elles sont aggravées par des suspicions de prostitution ou seulement une tendance à la « débauche » : fréquentation de bals, fêtes foraines, guinguettes, cafés, dancings, liaisons avec des garçons, avec un homme jugé louche, ou parfois, encore pire, un homme nord-africain. Un juge peut donc décider d’enfermer en institution corrective toutes ces adolescentes, qui ont très souvent fui la violence familiale, des abus sexuels ou la grande pauvreté. On commence à utiliser la notion fourre-tout de « prédélinquance. » Selon leur attitude, on peut les y laisser jusqu’à leur majorité, les remettre à leurs parents ou les placer chez des employeurs, le plus souvent comme bonnes à tout faire, « domestiques de peine » ou gardes d’enfant avec interdiction de quitter leur emploi. Avant les vingt et un ans, la majorité, il n’y a pas de limite à la mainmise du juge. La décision est même parfois prise à la demande des parents mécontents de la conduite de leur progéniture, au titre de ce qu’on appelait « la correction paternelle ». Ce sont donc dès le départ avant tout leur moralité, leur comportement, leur milieu d’origine jugé déficient ou dangereux, qui valent à ces mauvaises filles d’être à l’ombre, pas les délits qu’elles ont ou n’ont pas commis, ni les articles du Code pénal. À Fresnes comme ailleurs, certaines sont ainsi enfermées depuis plus de dix années et, avant ça, derrière les murs depuis l’enfance, élevées dans des couvents, des « refuges ».
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Celles qui n’avaient commis aucun délit mais avaient seulement « fait la noce », ou voulu vivre leur vie, fuir ce qu’elles avaient à fuir chez elles – coups, alcoolisme – ou chez un patron salace ou trop insistant ; celles qui avaient suivi un rêve, un désir, une pulsion, une façon d’être, et que leurs parents voulaient faire dresser par d’autres en demandant l’enfermement au nom de « la correction paternelle » ; les fugueuses, les petites et toutes petites voleuses ; toutes celles, aussi, qui font le trottoir depuis l’adolescence ou l’enfance, c’est-à-dire, on le sait aujourd’hui, et on le savait à l’époque sans que cela change rien, presque toujours victimes d’abus sexuels, de viol, d’inceste. Tout cela le plus souvent sur fond de pauvreté ou de misère. Les juges profitent, aussi, d’une inconduite ou d’un petit délit pour retirer une jeune fille à un milieu jugé peu favorable ; il y a l’alcoolisme, il y a la violence, il y a la misère, il y a aussi, très souvent, une mère seule, une mère pauvre qui travaille et donc jugée suspecte de ne pas pouvoir éduquer convenablement ses enfants, une mère vivant en concubinage : une mère jugée mauvaise mère.
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Videos de Dorothée Janin (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dorothée Janin
Pauline Carayon rencontre l'autrice Dorothée Janin pour discuter de son roman "La Révolte des filles perdues", publié chez Stock et sélectionné pour le prix Goncourt 2023. A ses côtés l'historienne Véronique Blanchard, dont le travail sur la mutinerie des jeunes filles de Fresnes de 1947 a influencé l'autrice.
Dorothée Janin a bénéficié d'une bourse de création du CNL pour l'écriture de cet ouvrage.
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