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Critique de Olivia-A


Amin a treize ans lorsqu'il se réinstalle au Liban avec sa grand-mère. Dans les décombres de Beyrouth-Est, il découvre ce pays meurtri auquel il doit s'acclimater, bien loin de l'ordre et de la discipline allemande à laquelle il est habitué. C'est d'abord grâce à Jafar, son camarade de classe à l'oeil de verre, qu'il s'approprie la ville à force d'explorations nocturnes, d'arnaques au marché aux puces et de tours de grande roue au Luna Park. C'est ensuite Zahra qui lui dévoile les charmes de ce pays encore méconnu mais d'une beauté rare. Enfin, c'est à travers la reconstitution de l'histoire de sa propre famille qu'Amin trouvera des réponses aux questions qu'il n'a jamais posé. Un roman sensible et profond où les questionnements identitaires se mêlent à l'histoire de la guerre civile libanaise, et à celles de tous les disparus, dont le sort n'a jamais été éclairci.

Après Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre Jarawan revient avec un roman d'une puissance romanesque rare – presque même plus forte que celle de son premier livre, à mon avis. Ici, ce sont d'abord des moments épars dont la réminiscence nous entraîne dans l'atmosphère particulière de ce pays en reconstruction, de cette ville encore fracturée, et de cette famille pleine de secrets et de non-dits. Pendant presque la moitié du récit, je n'ai pas vraiment su où l'auteur voulait m'emmener, je me contentais de me laisser porter par l'évocation de ces moments perdus, en m'attachant petit à petit aux personnages croisés au fil des pages.

Usant d'ellipses constantes, l'auteur donne à son récit une forme de suspense doux et agréable, entretenant notre envie d'en savoir plus tout en parvenant à nous donner envie de profiter de chaque mot, de chaque phrase, en prenant notre temps. C'est l'indolence libanaise qui s'invite entre les pages, jusqu'au moment où on en vient au coeur du sujet : les disparus de la guerre civile. Emigrés en catastrophe, disparus sans laisser de traces, cachés pour échapper aux persécutions, nombreux sont ceux qui manquaient à l'appel quand la guerre civile a pris fin. A travers l'histoire d'Amin, Pierre Jarawan explore ces destins brisés, ces enfances perdues, ces familles détruites par cette guerre intestine, jouant sur la pluralité des intrigues pour nous faire entrevoir la complexité d'un conflit aux nombreuses ramifications. Impossible à lâcher une fois entamé, ce récit m'a complètement aspirée, transportée, retournée – au point d'y penser encore souvent.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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