Ce roman oscille entre impressionnisme et réalisme dont chaque coup de spatule éclaire une partie de la vie d'
Amin Maalouf, qui, originaire du Liban, a grandi en Allemagne avec sa grand-mère, puis revient au pays, cette terre dévastée par les attentats, les guerres, les représailles, les alliances faites et défaites, où le souvenir qu'une grande culture cohabite avec le rêve de reconstruction.
Plusieurs grandes périodes de la vie d'Amin sont abordées d'une façon parcellaire, remontant en désordre dans la mémoire de l'homme qu'Amin est devenu. Il se pose en premier de nombreuses questions à propos de sa jeunesse, du retour au Liban où il faut tout réapprendre, accompagné de Jaffar, ce copain mystérieux qui l'emmène la nuit au sommet des immeubles en partie détruits par les bombes, et l'aide à rencontrer Sahar Sabia, cette jeune fille pour qui il va écrire une histoire au risque de la faire punir par ses parents avec qui il a eu des démêlés.
C'est aussi toute l'histoire de sa famille, à commencer par sa grand-mère qui l'élève seule suite au décès de sa fille et au départ de son mari.
Ce sont aussi tous les personnages qui gravitent autour de la famille, témoins et détenteurs de secrets.
C'est, bien entendu une tranche de l'histoire du Liban, des morts, des braves et des lâches.
Il est question de terre, de maison de famille, d'amis proches, de confidents.
Puis vient le temps des réponses, elles aussi parcellaires et désordonnées, dont certaines restent en suspens, d'autres transportent des parfums indéfinissables, d'autres encore des regrets.
Ce roman de
Pierre Jarawan est rempli de poésie, de phrases mélodieuses qui ont réussi à traverser la traduction, de références historiques et politiques. Il s'agit du Liban, mais il aurait bien pu se passer dans n'importe quel pays en proie à l'invasion, le protectorat étranger, la révolution, les attentats, la religion, et tout ce qui fait que certains enfants ne connaissent pas la paix durant toute leur construction, et participent même malgré eux à des actes de violence.
Ce livre est long, très long, 460 pages… dont il est souvent difficile de suivre le fil du temps à cause de tous ces allers et retours qui tombent un peu au hasard, comme lorsqu'on tire sur les fils d'une pelote de vie complètement emmêlée et dont on ne sait pas quel bout va sortir.
Un livre à découvrir… malgré l'image de couverture qui n'évoque rien de l'intérieur.
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