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Dans le Liban des années 1970 et 80, "perdre quelqu'un" n'avait pas la même signification pour tout le monde. L'auteur, fils d'un Libanais émigré et d'une Allemande, évoque ces "disparus" de manière très poétique, tout en faisant découvrir au lecteur un Liban que seuls ceux qui y ont vécu ou ont connu à travers ceux qui y ont vécu, peuvent vraiment décrire.
Pierre Jarawan, après "Tant qu'il y aura des cèdres", continue d'une belle écriture, poétique, à faire découvrir l'histoire de son pays d'origine, à la manière d'un conteur oriental.
Un régal.
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Amin a treize ans lorsqu'il se réinstalle au Liban avec sa grand-mère. Dans les décombres de Beyrouth-Est, il découvre ce pays meurtri auquel il doit s'acclimater, bien loin de l'ordre et de la discipline allemande à laquelle il est habitué. C'est d'abord grâce à Jafar, son camarade de classe à l'oeil de verre, qu'il s'approprie la ville à force d'explorations nocturnes, d'arnaques au marché aux puces et de tours de grande roue au Luna Park. C'est ensuite Zahra qui lui dévoile les charmes de ce pays encore méconnu mais d'une beauté rare. Enfin, c'est à travers la reconstitution de l'histoire de sa propre famille qu'Amin trouvera des réponses aux questions qu'il n'a jamais posé. Un roman sensible et profond où les questionnements identitaires se mêlent à l'histoire de la guerre civile libanaise, et à celles de tous les disparus, dont le sort n'a jamais été éclairci.

Après Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre Jarawan revient avec un roman d'une puissance romanesque rare – presque même plus forte que celle de son premier livre, à mon avis. Ici, ce sont d'abord des moments épars dont la réminiscence nous entraîne dans l'atmosphère particulière de ce pays en reconstruction, de cette ville encore fracturée, et de cette famille pleine de secrets et de non-dits. Pendant presque la moitié du récit, je n'ai pas vraiment su où l'auteur voulait m'emmener, je me contentais de me laisser porter par l'évocation de ces moments perdus, en m'attachant petit à petit aux personnages croisés au fil des pages.

Usant d'ellipses constantes, l'auteur donne à son récit une forme de suspense doux et agréable, entretenant notre envie d'en savoir plus tout en parvenant à nous donner envie de profiter de chaque mot, de chaque phrase, en prenant notre temps. C'est l'indolence libanaise qui s'invite entre les pages, jusqu'au moment où on en vient au coeur du sujet : les disparus de la guerre civile. Emigrés en catastrophe, disparus sans laisser de traces, cachés pour échapper aux persécutions, nombreux sont ceux qui manquaient à l'appel quand la guerre civile a pris fin. A travers l'histoire d'Amin, Pierre Jarawan explore ces destins brisés, ces enfances perdues, ces familles détruites par cette guerre intestine, jouant sur la pluralité des intrigues pour nous faire entrevoir la complexité d'un conflit aux nombreuses ramifications. Impossible à lâcher une fois entamé, ce récit m'a complètement aspirée, transportée, retournée – au point d'y penser encore souvent.
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Ça commence comme un conte persan « il était et n'était pas une fois » et se poursuit comme un conte initiatique où l'on suit Amin, 13 ans, de retour dans son Liban natal qu'il a quitté peu de temps après sa naissance. Amin, orphelin, vit avec son énigmatique grand-mère qui peint d'étranges tableaux et lui livre au compte-gouttes les bribes de son passé.
Aux côtés de son ami Jafar il arpente les ruines de Beyrouth « une ville du genre de Liz Taylor. Avec la même folie, le même kitsch, guettée par la même décadence ».
Dans les dédales de cette ville fascinante Amin va chercher, aimer d'amour et d'amitié, se perdre, se retrouver et lever peu à peu le voile sur ses secrets familiaux qui entrent en résonance avec l'histoire de ce pays meurtri par la guerre civile ; hanté par toutes ces familles qui « ont perdu quelqu'un », phrase qu'Amin ne cesse d'entendre et qui lui paraît « étrange en ce qu'elle insinuait qu'on pouvait perdre quelqu'un comme on perd ses clefs ou son porte-monnaie ; qu'un père, un frère, une mère, une soeur pouvait un beau jour ne plus être là. » Pour accepter cette idée, Amin va imaginer « un monde caché derrière celui-ci, une sorte d'espace intermédiaire où vivraient tous les disparus ».
L'enquête d'Amin, au-delà de sa propre histoire, va alors devenir un chant qu'il va dresser comme une stèle en mémoire de tous ces disparus. Officiellement ils sont 17 415. Tout aussi officiellement, les rapports des commissions d'enquête ont jeté un voile pudique sur l'existence de trois charniers au sein de la ville de Beyrouth « qui ne pourraient être exhumés car des immeubles neufs avaient été construits dessus. »
Un livre poignant qui fait furieusement écho à l'actualité en Afghanistan.
À lire absolument pour ne pas rester dans l'ignorance.



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Ça commence comme un conte persan, il était une fois, il n'était pas une fois, avec la musicalité des mots qui rend le texte poétique malgré les thèmes abordés.

Au cours du récit, secret de famille, histoire d'un pays, premiers émois, première déception, tout y passe et certaines choses feraient mieux de ne pas être dévoilées. Amin évoque ses souvenirs olfactifs. Si Proust a sa Madeline, Amin, lui, a le chlore de la piscine en Allemagne.

Dans ce roman, les histoires se font écho, s'entremêlent, se répondent dans une sorte de nostalgie. Une sorte d'introspection, qui fait remonter les événements à la surface, parfois agréables, parfois non. Mais pour s'en libérer, il faut parfois les affronter.

Ce livre est un Kaléidoscope d'histoires, ou chaque récit, tel des petits morceaux de verre forment un tout.

Les scènes sont visuelles, les mots sont précis et forment des séquences de vie où l'on se souvient d'un temps passé et révolu.

Le traducteur Nicolas Véron a fait un travail remarquable. On peut le remercier pour le choix des mots et pour avoir su faire ressortir le côté poétique du récit.
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"Il y a le récit et il y a le silence. Entre les deux, le questionnement. (...) Peut-être en est-il comme de la mer et de la falaise : il faut attendre le matin suivant la tempête pour remarquer ce qui a bougé."
Le 2ème roman de Pierre Jarawan nous plonge, comme son précédent, au coeur du Liban. Mais il est beaucoup plus mélancolique et mystérieux.
Lorsque en 2006, Amin apprend le décès de sa Teta (grand mère), l'insondable Yara Elmaalouf, il remonte le fil de ses souvenirs.
Encore bébé, les parents d'Amin disparaissent dans un accident en 1981. Sa Teta et lui quittent le Liban pour l'Allemagne. Ils y passeront 12 ans et reviendront à Beyrouth.
En classe, il fait la connaissance de Jafar, garçon à l'oeil de verre et à la personnalité particulière. Mais Amin était en Allemagne quand la guerre battait son plein, quand il y revient le pays est détruit et ses habitants vivent avec leurs fantômes, chacun porte en lui un silence, parfois un secret, une personne disparue. Amin et Jafar explorent, tels des aventuriers, les bâtiments, les appartements éventrés, recréent de leurs leurs imaginations fertiles, les vies de ces gens qui soient ont quitté précipitamment leurs demeures soient sont morts. Et au fil des pages, on se demande qui est au juste Jafar, qui est Yara, qui es Abbas cet ami de toujours de la famille ?
P. Jarawan est un vrai Hakawati (conteur) qui perpétue l'adage "Il suffit d'un grain de sable pour faire un grand récit !"
Son roman est foisonnant et même si j'aurais aimé une construction plus chronologique des faits, il n'en reste pas moins que l'auteur confirme son talent, celui de raconter une grande histoire !
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460 pages, c'est long.. Surtout que l auteur nous balade entre plusieurs époques qui ne sont souvent identifiées qu après qualques lignes de lecture. l'écriture et donc la traduction est très riche et mélodieuse. "si vous avez compris le Liban, c'est que l on vous l a mal expliqué".. C'est vrai que c'est un pays très complexe. La quête de la vérité sur son passé de Amin est laborieuse. Enfant libanais qui perd ses parents très jeune et est élevé par sa grand mère qui s expatrie en Allemagne avant de revenir avec lui à Beyrouth. Ce second livre de Pierre Jarawan se construit un peu comme le premier "tant qu il y aura des cèdres", mais je l ai trouvé moins intéressant.
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On dit souvent qu'un livre est un voyage, et c'est en voyage à sa suite que Pierre Jarawan m'a ramenée au Liban. Un Liban exsangue au sortir de la guerre civile que découvre Amin à 13 ans lorsqu'il y revient avec sa grand mère qui jusqu'a lors l'enlevait seule en Allemagne. Un pays déroutant pour ce jeune garçon, nostalgique du pays paisible et prospère qu'il a quitté à regret. Un pays où tout le monde semble avoir « perdu quelqu'un », cette expression qui trouble Amin pour qui il est inconcevable de perdre quelqu'un «  comme on perd ses clefs ou son porte monnaie ». Un pays délabré et meurtri qui peu à peu livrera de lourds secrets au jeune garçon.
🇱🇧
L'an passé j'étais charmée par « tant qu'il y aura des cèdres », lauréat du Prix des lecteurs du @livredepoche et qui avait eu mon vote, et c'est encore un bien beau roman que nous livre l'auteur sur l'amitié, la famille et la perte. Un roman plus nostalgique mais il déploie une fois encore ses talents de conteur.
Un roman très dense qui bouscule la chronologie comme est bousculée la mémoire d'Amin, où chaque partie, intitulée ici strophe, déroule un chant à la mémoire des milliers de disparus de ce terrible conflit. Une ode à l'amitié aussi, personnifiée dans le lien très fort qui unit Amin à Jaguar, celui qui lui fera découvrir son pays, qui le lui fera aimer. Un roman comme un chant enfin grâce à son écriture mélodieuse, dont les phrases à la traduction réussie résonnent longtemps et délivrent une douce émotion.
Un livre foisonnant, parfois trop et c'est ma seule réserve, un hommage vibrant et nostalgique à un pays meurtri, malmené par l'histoire.
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Un chant pour les disparus est un roman qui nous entraîne dans le Liban, au lendemain de la guerre civile. Un pays en reconstruction, qui cherche à cacher ses failles, ses faiblesses, ses souffrances, son passé. Amin, jeune adolescent, cherche à se construire. Il explore la ville, ses ruines, ses limites tout en découvrant l'amitié, l'amour. Il interroge ses origines, les non-dits.

Les idées s'entremêlent, s'éloignent et se rejoignent. Elles tissent une Histoire, une identité. L' âme se constitue d'influences, d'héritage familial, d'expériences, d'une quête avec et en soi-même. C'est ce que l'on découvre et que l'on chérit en suivant l'évolution d'Amin.
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Ce roman oscille entre impressionnisme et réalisme dont chaque coup de spatule éclaire une partie de la vie d'Amin Maalouf, qui, originaire du Liban, a grandi en Allemagne avec sa grand-mère, puis revient au pays, cette terre dévastée par les attentats, les guerres, les représailles, les alliances faites et défaites, où le souvenir qu'une grande culture cohabite avec le rêve de reconstruction.

Plusieurs grandes périodes de la vie d'Amin sont abordées d'une façon parcellaire, remontant en désordre dans la mémoire de l'homme qu'Amin est devenu. Il se pose en premier de nombreuses questions à propos de sa jeunesse, du retour au Liban où il faut tout réapprendre, accompagné de Jaffar, ce copain mystérieux qui l'emmène la nuit au sommet des immeubles en partie détruits par les bombes, et l'aide à rencontrer Sahar Sabia, cette jeune fille pour qui il va écrire une histoire au risque de la faire punir par ses parents avec qui il a eu des démêlés.
C'est aussi toute l'histoire de sa famille, à commencer par sa grand-mère qui l'élève seule suite au décès de sa fille et au départ de son mari.
Ce sont aussi tous les personnages qui gravitent autour de la famille, témoins et détenteurs de secrets.
C'est, bien entendu une tranche de l'histoire du Liban, des morts, des braves et des lâches.
Il est question de terre, de maison de famille, d'amis proches, de confidents.
Puis vient le temps des réponses, elles aussi parcellaires et désordonnées, dont certaines restent en suspens, d'autres transportent des parfums indéfinissables, d'autres encore des regrets.

Ce roman de Pierre Jarawan est rempli de poésie, de phrases mélodieuses qui ont réussi à traverser la traduction, de références historiques et politiques. Il s'agit du Liban, mais il aurait bien pu se passer dans n'importe quel pays en proie à l'invasion, le protectorat étranger, la révolution, les attentats, la religion, et tout ce qui fait que certains enfants ne connaissent pas la paix durant toute leur construction, et participent même malgré eux à des actes de violence.
Ce livre est long, très long, 460 pages… dont il est souvent difficile de suivre le fil du temps à cause de tous ces allers et retours qui tombent un peu au hasard, comme lorsqu'on tire sur les fils d'une pelote de vie complètement emmêlée et dont on ne sait pas quel bout va sortir.
Un livre à découvrir… malgré l'image de couverture qui n'évoque rien de l'intérieur.
Lien : https://dominiquelin.overblo..
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