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Critique de absolu


"Nous aurions pu faire connaissance, nous nous serions peut-être plu, et le début de notre histoire n'aurait pas été marqué du sceau de la détention."

Voilà, tout est dit, pas besoin d'en rajouter des tonnes. Ou alors juste quelques kilos. 500 grammes, ma bonne dame, j'vous assure, c'est une affaire ! ça s'rait bien, le livre au kilo, oué, ça s'rait bien.

Alors le narrateur, autant vous prévenir, âmes sensibles que vous êtes, a des tendances schizo-paranoïdo-psychopathe. On sent de suite qu'il ne va pas très bien. Enfin, pas dès les premières lignes, mais presque. Quand il aperçoit cette femme dans le métro, il a une réaction plutôt acceptable, il tombe sous le charme. Quand il descend à la même station qu'elle et qu'il la suit, il a une attitude un peu étrange, mais par amour que ne ferait-on pas ? Et lorsqu'il entre de force chez elle, là, l'on perçoit un pan de sa nature profonde.. Oui, ce n'est que le premier. La "victime", entre guillemets car la narration joue d'une ambiguïté extrême, portera plainte le lendemain, deux mois d'incarcération, et la plainte est retirée. Dans la plupart des cas, chez la plupart des gens, même pas bien finis, même si l'on est récidiviste, on ne cherche pas à reproduire immédiatement ce qui nous a coûté un peu de prison. Non. Sauf si l'on estime ne rien avoir commis de répréhensible.

Faut dire, la Sophie, elle est pas très claire non plus (certes, si elle s'appelle Sophie, ça n'est pas Claire). Elle ne répond jamais à ses questions, elle se "cache" sur son propre balcon lorsqu'il passe la nuit chez elle, elle pleure la plupart du temps, mais se laisse toucher, déshabiller, coucher, laver... Si elle était vraiment menacée, elle aurait rappelé la police non ?

"Je me demandais si je n'étais pas passé à côté de son intelligence, et si en l'abordant avec davantage de diplomatie je n'aurais pas pu faire la connaissance d'un personnage attachant, malicieux, à la place de cette pourpée sans intérêt qui se tenait sur la défensive." Il essaiera de s'en passer, il "l'oubliera" même l'espace d'une année, et puis l'obsession revient, toujours plus forte, elle doit vivre avec lui, il la piste, elle déménage, plusieurs fois, il la retrouve, allant jusqu'à harceler la mère. "Nous nous étions déjà vus plusieurs fois, il était anormal que ma présence l'effarouche. Elle aurait dû me saluer, et mener avec moi une conversation, au lieu de claquer des dents comme si elle se trouvait en présence du violeur qu'elle avait voulu voir en ma personne à notre première rencontre." Sophie coule dans ses circuits neuronaux, devient partie intégrante de ses entrailles. Jusqu'au jour où il s'installera chez elle. C'est comme ça que ça doit être. Elle finira bien par s'en apercevoir, par en prendre conscience. Elle finira bien par lui parler. Y a toujours moyen d'arracher un mot à celle qu'on aime.

Plus éprouvant moralement qu'Asiles de fous, Jauffret joue ici d'une ambiguïté presque insoutenable, nous dirige, pauvres funambules, sur le fil du rasoir, la folie d'un côté, l'horreur de l'autre. Une promenade à l'intérieur d'esprits trop à l'étroit dans leur boîte cranienne, dévoilant les limites et les gouffres, s'attardant la plupart du temps autour du point de non-retour...
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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