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EAN : 9782070406036
165 pages
Gallimard (01/03/2000)
3.42/5   84 notes
Résumé :
"J'ai été réveillé par l'irruption de deux inspecteurs de police dans la chambre.
Elle était là, elle remontait le rideau roulant. Dehors il faisait jour, j'avais dormi d'un trait. Ils m'ont sommé de m'habiller et de les suivre. - Pourquoi ? Ils m'ont jeté mes vêtements à la tête. - Dépêchez-vous. Quand j'ai été vêtu ils m'ont passé les menottes. Je me suis dit que je ne savais même pas son prénom. En sortant de l'appartement, j'ai vu son nom sous la sonnette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Encore un livre acheté un peu au hasard dans le cadre de mes études, en littérature contemporaine, dans la liste d'auteurs donnée par ma prof.


Mon avis :

La première règle du fight club: ne pas se fier à la couverture d'un livre, ce que je fais pourtant souvent. La deuxième règle devrait être de ne pas plus faire confiance au titre, c'est ce qu'Histoire d'amour nous apprend, presque dans la douleur.
La quatrième de couverture (= le résumé dans le premier message) fait déjà son petit effet, en nous offrant quelque chose de très éloigné de ce que le titre nous laissait imaginer. Dès lors, on s'interroge. Cet homme a-t-il été piegé, pourquoi, par qui? Comment va-t-il s'en sortir?

Avec mes suppositions, j'étais encore bien loin du compte.

On est propulsé très vite dans le roman, avec ce narrateur qui raconte à la première personne sans que l'on ne sache jamais son prénom.
"Un matin, je l'ai vue assise en face de moi dans le wagon de métro qui me ramenait du lycée. J'ai tout de suite compris qu'elle serait ma femme."
A nouveau, un instant de surprise. Alors c'est bien une histoire d'amour? On aurait presque pu y croire si cette introduction n'était pas tout de suite suivie d'une description hyper-sexuée de cette jeune femme. Très vite, on se trouve vaguement mal à l'aise, gené par ce regard sans détour que l'on est obligé de partager. Incapable d'aborder la jeune femme, il va la suivre à son arrêt, puis dans la rue, jusqu'à la boutique où elle travaille. Il n'osera pas rentrer, alors il attendra la fin de sa journée de travail, et il la suivra encore, jusque chez elle, dans son immeuble. Presque à sa porte, elle le remarquera, elle prendra peur, restera tetanisée. Il essaie de la rassurer, se présente, exprime son désir de la connaître... et prend le trousseau de clefs qu'elle tenait à la main, l'invitant à entrer dans l'appartement en sa compagnie. Il essaie de discuter, elle ne dit rien, effrayée. le viol se déroule dès la 7ème page, presque banalisé, le narrateur n'y voyant qu'une scène d'amour, sans jamais se rendre compte du mal infligé à sa victime.

Car Histoire d'amour, c'est un coup de foudre malsain, à sens unique. Notre narrateur est un prof tout ce qu'il y a de plus normal, on le découvre au fur et à mesure avec une vie sociale remplie, une situation paisible, un homme insoupçonnable en résumé. Et pourtant, habité par des pulsions qu'il ne peut réprimer, c'est un violeur-gentleman, qui se ment à lui-même, qui transforme son besoin de possession en désir de séduction et de conquête.
Il n'aura qu'une seule obsession, Sophie Galot, la "femme de sa vie". Après le premier viol, il fera deux mois de prison, jusqu'à ce qu'elle retire sa plainte pour une raison inconnue. Malgré ce séjour pénible, il n'aura de cesse de la traquer, l'attendre devant chez elle, forçant l'entrée, la retrouvant malgré les déménagements, allant la chercher jusque sur ses différents lieux de travail, allant harceler ses parents... A aucun moment, il ne se perçoit comme un violeur. Il veut la convaincre, qu'elle apprenne à le connaître, et si elle ne peut pas l'aimer, au moins, qu'elle s'efforce de l'endurer, car de toute façon, l'envie ultime qu'il ressent est insurmontable, elle n'aura jamais le choix.

Ce livre est effroyable, fascinant. On est très violemment projeté dans les désirs de cet homme, et c'est dérangeant, car on sent presque sa "bonne foi", on se demande jusqu'à quel point il y croit. On vit le roman avec lui, on le déteste, mais on le suit. Paradoxalement, Sophie n'ouvrira jamais la bouche de tout le roman, ou seulement à de rares occasions, par monosyllabes.
On se demande combien de temps ce manège pourra durer. On souffre pour cette femme silencieuse, qui abandonne progressivement, ne voit plus d'échappatoire.

J'ai dévoré ce livre, qui m'a totalement bluffée. J'ai adoré détester ce narrateur, j'ai vraiment apprécié que pour une fois, on nous offre de découvrir ce point de vue là. La virulence, cruelle, de notre "héros" est parfaitement effroyable, les jugements qu'ils portent sur certains de ses semblables, totalement méprisants. le choix du traitement du sujet est tranché, à aucun moment on ne se placera du côté de la victime, on n'aura jamais le droit de connaître directement son calvaire, on ne le devinera qu'à travers le plaisir que lui ressent.

Les dernières lignes du roman sont magistrales, d'une horreur superbe.



Ma note : 5/5
Bon, j'ai pas mal hésité pour la note, c'est très subjectif. C'est pas forcement un de mes livres préférés, mais c'est sans doute, parmi mes lectures récentes, l'une de celles qui m'a le plus surprise, voir choquée, j'étais totalement fascinée et revulsée, et rien que pour ça, je trouve que ça mérite le 5.



Je le conseillerais à... : Des personnes qui cherchent une vision rare et dérangeante, amorale, qui mène également à réflechir sur le côté obscure de la force des pulsions, d'une societé où le danger est de plus en plus camouflé, enrobé... Je le conseillerais aussi à tout ceux qui veulent essayer quelque chose d'un peu différent de ce que l'on voit d'ordinaire, car pour le coup, on peut difficilement faire mieux je pense.

Je le déconseillerais à... : Des gens un peu "sensibles", ou facilement choqués, même s'il n'y a pas de scènes insoutenables (les scènes sexuels tiennent sur quelques lignes, les termes sont sans détour mais jamais exagérés ni rien), l'idée seule peut suffire à mettre mal à l'aise je pense. L'absence de moral et la fin peuvent aussi déplaire. D'autres s'ennuieront peut-etre de la traque qui semble être sans cesse une répétition des mêmes rituels, gestes et phrases...
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L'histoire : un homme rencontre une femme, la suit jusqu'à chez elle et la viole. Il reste la nuit chez cette jeune femme, et le matin au réveil, se fait arrêter par la police puis passe deux mois en prison. Dès sa sortie, il retourne voir cette jeune femme.

En fait, tout au long du récit, cet homme est dans la négation : de ce qu'il fait à cette femme (puisqu'il continuera de la violer). En fait il se comporte comme si la jeune femme était consentante ; il la suit donc et s'acharne à la retrouver après chacun de ses déménagements, il lui rend visite sur son lieu de travail, va chez ses parents. A aucun moment il ne se remet en cause. Lorsqu'il va chez elle par exemple, il lui fait à manger, et la viole à chacune de ses visites. En fait il s'agit d'une traque permanente et tout au long du roman, nous n'avons QUE les pensées de l'homme, que ses paroles et l'on n'entend donc quasiment jamais la jeune femme se rebeller. le peu de fois où l'on lit qu'elle se débat physiquement, c'est pour aussitôt voir qu'il la bat par la suite. L'omniprésence de cet homme, de ses pensées, de ses paroles et de ses monologues est étouffante et écrasante. le peu de fois où il y a des "dialogues", en fait, n'est inscrite que la parole du narrateur et non de la femme. Il pose des questions, mais on n'a jamais la réponse de cette jeune femme. Sentiment très étrange. Roman assez glauque.

Deuxième roman que j'ai lu de Régis Jauffret. Celui-ci m'a amené à réfléchir à plusieurs choses, notamment, celui de l'éditeur. Sous quel critère un éditeur accepte de publier un livre ? L'ouvrage doit-il plaire à l'éditeur ? Car au final je trouve ça difficile de se lancer dans une publication si l'on n'est pas sûr que le roman sera apprécié par la grande majorité des lecteurs. Mais d'un autre côté, ne doit-on publier que des livres qui seront lus par beaucoup de personnes ? Et bien, non à mon avis. En fait juste après avoir refermé le livre, j'ai trouvé l'attitude du protagoniste tellement odieuse, étouffante et déroutante que j'ai trouvé cette histoire complètement tordue.J'ai pris un peu de recul par rapport à ce livre mais j'étais assez dépitée en lisant l'histoire, puis je me suis dit, qu'après tout, des gens comme le narrateur, existaient certainement, malheureusement.
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"Nous aurions pu faire connaissance, nous nous serions peut-être plu, et le début de notre histoire n'aurait pas été marqué du sceau de la détention."

Voilà, tout est dit, pas besoin d'en rajouter des tonnes. Ou alors juste quelques kilos. 500 grammes, ma bonne dame, j'vous assure, c'est une affaire ! ça s'rait bien, le livre au kilo, oué, ça s'rait bien.

Alors le narrateur, autant vous prévenir, âmes sensibles que vous êtes, a des tendances schizo-paranoïdo-psychopathe. On sent de suite qu'il ne va pas très bien. Enfin, pas dès les premières lignes, mais presque. Quand il aperçoit cette femme dans le métro, il a une réaction plutôt acceptable, il tombe sous le charme. Quand il descend à la même station qu'elle et qu'il la suit, il a une attitude un peu étrange, mais par amour que ne ferait-on pas ? Et lorsqu'il entre de force chez elle, là, l'on perçoit un pan de sa nature profonde.. Oui, ce n'est que le premier. La "victime", entre guillemets car la narration joue d'une ambiguïté extrême, portera plainte le lendemain, deux mois d'incarcération, et la plainte est retirée. Dans la plupart des cas, chez la plupart des gens, même pas bien finis, même si l'on est récidiviste, on ne cherche pas à reproduire immédiatement ce qui nous a coûté un peu de prison. Non. Sauf si l'on estime ne rien avoir commis de répréhensible.

Faut dire, la Sophie, elle est pas très claire non plus (certes, si elle s'appelle Sophie, ça n'est pas Claire). Elle ne répond jamais à ses questions, elle se "cache" sur son propre balcon lorsqu'il passe la nuit chez elle, elle pleure la plupart du temps, mais se laisse toucher, déshabiller, coucher, laver... Si elle était vraiment menacée, elle aurait rappelé la police non ?

"Je me demandais si je n'étais pas passé à côté de son intelligence, et si en l'abordant avec davantage de diplomatie je n'aurais pas pu faire la connaissance d'un personnage attachant, malicieux, à la place de cette pourpée sans intérêt qui se tenait sur la défensive." Il essaiera de s'en passer, il "l'oubliera" même l'espace d'une année, et puis l'obsession revient, toujours plus forte, elle doit vivre avec lui, il la piste, elle déménage, plusieurs fois, il la retrouve, allant jusqu'à harceler la mère. "Nous nous étions déjà vus plusieurs fois, il était anormal que ma présence l'effarouche. Elle aurait dû me saluer, et mener avec moi une conversation, au lieu de claquer des dents comme si elle se trouvait en présence du violeur qu'elle avait voulu voir en ma personne à notre première rencontre." Sophie coule dans ses circuits neuronaux, devient partie intégrante de ses entrailles. Jusqu'au jour où il s'installera chez elle. C'est comme ça que ça doit être. Elle finira bien par s'en apercevoir, par en prendre conscience. Elle finira bien par lui parler. Y a toujours moyen d'arracher un mot à celle qu'on aime.

Plus éprouvant moralement qu'Asiles de fous, Jauffret joue ici d'une ambiguïté presque insoutenable, nous dirige, pauvres funambules, sur le fil du rasoir, la folie d'un côté, l'horreur de l'autre. Une promenade à l'intérieur d'esprits trop à l'étroit dans leur boîte cranienne, dévoilant les limites et les gouffres, s'attardant la plupart du temps autour du point de non-retour...
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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"Un matin, je l'ai vue assise en face de moi dans le wagon de métro qui me ramenait du lycée. J'ai tout de suite compris qu'elle serait ma femme."

Ce roman de 150 pages est dérangeant, c'est sa force et son principal intérêt. le lecteur est bousculé : il condamne un narrateur pervers et égoïste ; il est partagé entre empathie et incompréhension pour une victime passive.

Ce récit cru d'un amour pathologique vous fera réagir.
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Première lecture d'un roman de Régis Jauffret, qui n'a pas du tout provoqué mon enthousiasme, pour dire le moins. Avec « Histoire d'amour », un titre a priori fleur bleue, mais qui devait comporter, je le croyais, des situations paradoxales afin d'avoir matière à réflexion. Or il n'en est rien ! Ce titre me dérange, car comment le considérer, car il s'agit du viol d'un personne moralement et physiquement !

Un poncif, pour les hommes le sexe est une pensée itérative. Or notre Homme proche de la quarantaine, cumule les signes de dépendance : perte de contrôle, fréquence, égoïste, situation qui empiète sur le reste de sa vie...Mais bien sûr il cultive son art, la manipulation, envers une jeune femme, qui ne s'exprime pratiquement pas dans tout le roman. Et pourtant elle subit des vexations chroniques, une violence physique. Notre Homme, comme de bien entendu revendique un amour solide, mais il convient de préciser qu'il s'acharne sur elle en la violant...Son leitmotiv sur cette femme, il représente son seul avenir possible, sentiment qui génère un sentiment très fort de possession.

Bon j'arrête là. Un total rejet de ma part devant les violences physiques et morales que Sophie subit, et ce avec une totale abnégation et une soumission intégrale. "Ce que l'on ne peut pas dire, il faut le taire" de Ludwig Wittgenstein. Certes, je pense que contrairement à cette maxime, le fleuve de la vérité peut et doit sortir de son lit.

Un récit provocateur voulu de la part de l'auteur ? Une lecture à appréhender au second degré ? L'auteur veut-il attirer notre attention sur un phénomène sociétal en profonde déliquescence ?
Un voyage dans les circonvolutions abjectes de la libido d'un adulte. Je n'ai pas la réponse.

Un constat, il me semble être passé largement à côté de ce roman. Et peut-être est-ce un bien...

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Son avarice de paroles cachait sans doute un psychisme squelettique, une intelligence naine et une impuissance absolue d’aimer. Elle était incapable d’éprouver un sentiment fort pour un homme, pour une femme. Elle aurait pu à peine s’occuper d’un chien, d’un chat, ou d’une souris blanche dans une cage.
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J'appréciais de la posséder là, dans un endroit insolite. Je suis sûr qu'elle éprouvait quand même une certaine joie à se sentir réduite à une ouverture qu'elle ne pouvait défendre, contrairement à une bouche qui peut serrer les dents.
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Je me demandais si je n’étais pas passé à côté de son intelligence, et si en l’abordant avec davantage de diplomatie je n’aurais pas pu faire la connaissance d’un personnage attachant, malicieux, à la place de cette poupée sans intérêt qui se tenait toujours sur la défensive.
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À cause d’elle, je perdais des tronçons de vie gros comme des trimestres, ou fins comme la nuit qui était en train de s’écouler. Sans parler des soixante jours de prison que j’avais subis par sa faute, et que je lui avais pardonnés depuis longtemps.
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Au réfectoire, je supporterais mes collègues racontant leur vie insignifiante entre deux fourchettes de purée. J’éprouverais une certaine joie à me taire, à ne participer que de la déglutition à ce moment lamentable.
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Vidéo de Régis Jauffret
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.
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