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Critique de Syl


1676, Paris
Une petite fille, de huit ou neuf ans, est maintenue prisonnière par les meurtriers de ses parents tués sur la route. Depuis huit jours, elle est baladée d'une cellule à une autre. Mais un soir, elle parvient à s'échapper et fuir l'homme en noir. Dans sa fuite, elle se dirige vers les berges de la Seine et, dans un moment d'inattention, glisse et tombe dans l'eau fangeuse.

Pauline et Guillaume de Saint-Béryl sont les petits-enfants d'un nobliau tombé en disgrâce quelques trente ans auparavant. le chevalier de Saint-Béryl était au service du Petit-Louis le XIVème, lorsque Mazarin voulut l'évincer. Les sages conseils et le soutien du chevalier à son roi dérangeaient le ministre qui le fit révoquer pour « conspirations contre la reine ».
Au retour du marché des Halles avec leur gouvernante-guérisseuse Catherine, ils sont les témoins d'un accident étrange. Une fillette tombe dans la Seine et est aspirée par le courant de la rivière. Un homme en noir essaie de la rattraper, mais en vain. Guillaume se lance alors dans un périlleux sauvetage.

Lorsqu'elle reprend connaissance, la fillette se retrouve dans la maison du chevalier, mais ne se rappelle plus de rien, elle est amnésique. Réveillée et rétablie, elle doit être menée à l'asile des enfants trouvés. Mais Pauline refuse violemment car il est bien connu que seul un enfant sur dix survit. On l'appelle Cécile et les mystères qui la parent sont vite relégués au fin fond de la conscience. Cécile a les gestes d'une enfant éduquée, elle lit, écrit, parle l'espagnol et a autour du cou une médaille en or.

1680…
Les années passent, Cécile devient guérisseuse sous la tutelle de Catherine qui la perçoit comme sa propre fille, Pauline est destinée à se marier et Guillaume, après ses études, à s'enrôler dans l'armée. Il ne peut prétendre comme son cousin Thomas à une autre situation.

L'époque a été affaiblie par La Fronde et le pouvoir par « la poudre de succession » et les rivalités. Il n'y a pas que les hivers rigoureux qui font des victimes, la mode est au poison et à l'occultisme.
« La Voisin avait résolu à sa façon le problème des enfants abandonnés : son jardin était jonché des cadavres de bébés qu'elle sacrifiait lors de messes sataniques…
La folie du poison gagnait Paris. « Au bûcher ! » criait-on partout. Pas de quartier : la Bosse y était passée, ainsi que la Chéron, la Lepert et Belot. La Vigoureux morte sous la torture, la Trianon qui n'en finissait pas de donner ses complices… Mais la pire, la Voisin, avait nommé ses clients avant de rôtir, mettant toute la noblesse sur les dents. car les plus grands noms de France se voyaient éclaboussés par le scandale, jusqu'à Madame de Montespan, la favorite du roi : tous accusés d'avoir acheté des poisons ou des philtres ! »

1682…
Le roi fait déménager sa Cour dans un palais de toutes splendeurs, Versailles. de grands noms sont les artistes de ce chantier : Louis le Vau, André le Nôtre, Charles le Brun… C'est l'occasion pour Pauline, jeune fille de quinze ans, de faire son entrée dans le monde et cette idée taraude le grand-père désargenté qui prend alors la plume pour adresser à son roi une requête. Sa dignité a été souillée, mais pour ses petits-enfants il est prêt à quémander une faveur.

La réponse ne tarde pas. Un courrier du roi, fringant sur son cheval, vient apporter la lettre royale.
« Louis, roi de France, à Charles de Saint-Béryl.
Nous regrettons, monsieur, de ne pas avoir eu connaissance de votre malheureuse situation. Nous vous prions de croire que nous nous souvenons du dévouement dont vous fîtes preuve autrefois envers notre personne.
le porteur de cette missive vous remettra 10 000 livres en récompense de vos services passés, auxquelles s'ajouteront 2 000 livres de rente annuelle.
Il nous est en outre agréable de donner à Mlle Pauline de Saint-Béryl la charge de demoiselle de Sa Majesté la Reine, avec pension de 4 000 livres.
D'autre part, nous accordons le grade de sous-lieutenant de la garde écossaise à M. Guillaume de Saint-Béryl, avec pension de 6 000 livres.
Les intéressés rejoindront leurs postes selon les instructions ultérieures qui leur seront adressées.
Qu'il en soit fait selon notre bon plaisir.

Louis »


Dans l'humble demeure du chevalier, c'est l'effervescence bien heureuse des préparatifs d'une jeune fille qui part vers son destin. La tante, Madame de Fontfavier, la marrainera et la présentera à la Cour. Toutefois, pour Pauline qui se destinait à un avenir médiocre, cette aubaine est mêlée de tristesse. Elle devra quitter sa meilleure amie Cécile. Sauf si… il y aurait une solution ! Que Cécile l'accompagne en tant que femme de chambre…
« Je suis convoquée demain à Versailles pour être présentée à la reine.
– Ah ?
– Après, j'emménage dans ma chambre.
– Ah oui ?
– … Avec ma femme de chambre…, lança Pauline qui attendait sa réaction.
– Mais nous n'avons pas de servante, fit remarquer Cécile, tout sourire dans le noir.
– Non. Et cela va être dur d'en trouver une d'ici demain…
– Femme de chambre…, guérisseuse, c'est presque la même chose…
Pauline fit semblant de réfléchir une seconde puis elle lui tendit la main :
– Topez là, jeune fille, je vous engage ! »

Versailles…
L'une se travestit en demoiselle avec dentelles, rubans, mouches, coiffures, fait la connaissance d'illustres personnages, découvre des mets délicieux, café, chocolat, douceurs, danse à son premier bal, écoute monsieur Lully, assiste aux pièces de monsieur Molière… L'autre pénètre dans les couloirs de la domesticité, et perçoit l'envers du palais. Néanmoins, toutes les deux saisiront les conciliabules et les complots qui hantent la majesté des lieux. La marquise de Montespan, favorite du roi et mère de sept de ses enfants, cache derrière le masque de sa beauté, la méchanceté, la jalousie, le goût du pouvoir et de l'argent.
Les deux amies devront déjouer de multiples machinations, peut-être trouver le mystère qui empoigne les cauchemars de Cécile… l'ombre de l'homme en noir… et connaître l'amour…

Un roman passionnant pour les jeunes (et moins jeunes) gens. J'ai lu cette histoire avec un enthousiasme juvénile.
On traverse les rues de Paris, on se mêle à l'atmosphère, puis on longe les allées de Versailles, ses couloirs, secrets et fastueux. Versailles est une ville qui se bâtit, qui se pare. Ce chantier est aussi un terrain de mort. Louis XIV se languit et mène une cadence infernale aux ouvriers usés, jusqu'à prêter la Garde Suisse et l'armée à sa construction.
Dans ce livre, diverses intrigues sont suivies, mais la plus ténébreuse reste la conspiration de Madame de Montespan qui essaie de tuer l'enfant du Dauphin et de la Dauphine pour régler la succession au trône, en sa faveur. Histoires de poisons, de convoitises, d'enlèvements, de crimes, il n'y a pas un seul temps de répit. Bravoure, intelligence, sagesse, compassion, aventure, héroïsme, fougue, épées et dentelles, l'inspiration des jeunes filles et garçons ne peut que s'émoustiller.
Premier tome d'une série, je lirai avec grand plaisir la suite. L'auteur a un site où elle référence ses écrits, tous historiques… Annie Jay… et j'ai constaté qu'elle présentait un autre ouvrage « L'inconnu de la Bastille » qui raconte en 1789, la vie de Flore, une jeune fille sauvée par un inconnu lors de la prise de la Bastille. Sur une page, elle informe le lecteur de l'histoire de la Révolution qui est un excellent support au roman.
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