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Critique de Peteplume


Ce roman retrace une histoire vraie, celle se l'arrière grand-mère de l'auteur, une femme exceptionnelle à bien des égards. Des couples mixtes entre un colon blanc et une amérindienne, il y en a sans doute eu beaucoup au Québec, probablement pas tous reconnus par la loi coloniale. Mais l'union d'un Innu avec une blanche, union, de surcroît, bénie par un prêtre catholique, ça doit être plus rare. C'est donc l'histoire d'un amour entre Thomas et Almanda, de l'adaptation de cette jeune fille de 15 ans à la vie nomade des Innus du Peribonka. C'est avec elle que j'ai appris que ces Innus remontent, quand l'été se termine, la rivière du même nom en canot et passent l'hiver à chasser pour leur nourriture et pour les peaux qu'ils monnaient au printemps quand ils redescendent à Pekuakami (comprenez au au Lac St-Jean). C'est un mode de vie dont j'ignorais tout et pour cause: c'est qu'il a disparu aujourd'hui pour faire place à la modernité, au « progrès », à la sédentarisation forcée de ces peuples qui vivaient, il y a encore un siècle, en harmonie avec la nature. L'exploitation forestière, la construction des barrages sur leurs rivières, l'instruction forcée de leurs enfants en français dans les pensionnats de sinistre mémoire concourraient à l'assimilation… Elle ne s'est jamais faite dans l'harmonie et les Innus et les autres peuples autochtones ont tout perdu: leur terre, leur liberté, leur culture. On comprend dès lors leur dérive dans l'oisiveté, l'alcool, la drogue, problèmes que l'auteur ne fait que suggérer comme la conséquence des politiques provinciales et fédérale.
Almanda m'a fait tomber en amour, j'ai appris avec elle à tirer la perdrix (sans en tuer plus qu'il ne fallait pour la subsistance), à fumer la pipe avec ses belles-soeurs, à tanner les peaux, à faire du perlage et d'autres objets traditionnels, à vivre en faisant confiance à la nature qui est généreuse pour qui la respecte, sans penser qu'une mauvaise passe pouvait survenir à tout moment. Almanda n'a pourtant pas eu la vie facile mais jamais elle n'a regretté d'avoir suivi son beau Thomas…
Tout l'art de l'auteur réside dans cette reconstitution narrée à la première personne, comme si c'était justement Almanda, autrement dit Kukum, son aïeule, qui nous parlait. J'ai passé un très agréable moment de lecture qui m'a rappelé dans une certaine mesure les récits de Louise Erdrich (issue, elle, de la nation Ojibwé) et m'a amené une certaine nostalgie et la pensée récurrente que « c'était mieux avant ».
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