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Critique de marina53


Mashteuiatsh, août 1936. Si Virginie et Marie ont été ravies, deux mois auparavant, de retrouver Pekuakami et ses vastes étendues tranquilles, après un hiver dans les bois et les montagnes, elles se réjouissent du voyage qui les attend, elles et toute la communauté Innue, vers leurs territoires de chasse hivernaux, sur les rives du lac Manouane. Malheureusement, c'est un bien autre voyage qui attend les deux jeunes filles. En effet, le gouvernement canadien ayant décidé de scolariser et d'éduquer les autochtones, certain du manquement, voire de la négligence de leurs parents. Si certains sont réticents ou que d'autres tentent de s'opposer ou de refuser, ils n'ont d'autre choix que de laisser leurs progénitures s'envoler vers Fort George, un pensionnat construit très loin de là, sur une île de la baie James. Là, ces tout nouveaux pensionnaires seront nourris et logés correctement et seront instruits par des missionnaires. du moins, c'est la promesse du gouvernement canadien. C'est entre ces murs que les deux jeunes filles feront la connaissance de Charles...
Montréal, 2013. Audrey Duval est avocate et s'est donnée pour mission de retrouver certains anciens pensionnaires afin qu'ils puissent toucher les indemnisations qui leur sont, aujourd'hui, dues. Si la tâche s'avère parfois compliquée, elle va se retrouver, cette fois, face à un problème plus mystérieux. En effet, il semblerait qu'on ait perdu la trace de trois personnes, parmi sa liste. Trois personnes qui ont disparu quasiment en même temps et seule l'une d'elle a été retrouvée au bout du monde. Marie Nepton...

Maikan, qui signifie loup en Innu, est le nom que les pensionnaires de Fort George donnait aux missionnaires catholiques. Un nom qui, de prime abord, donne une idée de ce que ces enfants pouvaient subir. Et pourtant, l'on est loin de s'imaginer, de penser ou d'entrevoir ce qui se passait réellement dans ces murs. Si le sujet, dramatique et sidérant, a déjà été abordé, aussi bien en littérature pour adultes ou pour la jeunesse, Michel Jean, en tant que membre d'une famille dont plusieurs ont fréquenté ce pensionnat (et à qui, d'ailleurs, il dédie ce livre), a su, avec ses mots puissants et lourds de sens, à la fois avec une étonnante douceur et une force incommensurable, dépeindre ce que subissaient ces enfants. Des enfants que l'on sait marqués à vie. Mais malgré ces mauvais traitements, ces viols, ces maladies non soignées, ces conditions de vie difficiles, cette violence omniprésente, scintillent toutefois ces lueurs que sont l'amitié entre Marie et Virginie, l'amour entre cette dernière et Charles, cette aide et ce soutien que tente d'apporter Jimmy ou encore cette volonté farouche d'Audrey. Si Marie, Virginie et Charles sont des enfants, parmi tant d'autres, que le gouvernement canadien a voulu assimiler, Michel Jean leur a, incontestablement, redonné une âme et une identité.

150000 enfants autochtones ont fréquenté ces établissements, plus de 4000 y sont morts. le dernier pensionnat n'a fermé ses portes qu'en 1996, en Saskatchewan. Les excuses des différents gouvernements canadiens face à ce génocide culturel et les promesses d'indemnisation sont-elles réellement suffisantes ?

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