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Critique de OverTheMoonWithBooks


Montréal, de nos jours. Elie sort de prison. Il vient d'y passer une décennie, c'est un homme brisé qui n'a plus de repère et que personne n'attend : c'est donc dans les rues de la ville qu'il vivra désormais. Dans cette infortune il croise d'autres personnes que la vie a malmenées et continue de briser lentement. Comme lui, beaucoup de ces personnes échouées dans les parcs, les squats et les trottoirs de Montréal sont des Autochtones.

Au fil des pages de ce court roman, Michel Jean lance des upper cut avec des vérités crues sur le sort des descendants de ceux que le gouvernement canadien a envoyé dans les pensionnats.
J'ai été totalement captivée par ce récit que j'ai dévoré en deux jours. Non seulement parce qu'il aborde des thèmes qui me touchent particulièrement, mais aussi parce qu'il m'a donné l'impression de revivre ma lecture de Jeu Blanc - une de mes meilleures lectures en 2020 - avec la subtilité que Michel Jean commence son récit là où Richard Wagamese l'a arrêté, en choisissant de parler des descendants et des conséquences du traumatisme subit par leur aïeux sur eux. Familles dysfonctionnelle et hautement toxiques, addiction, violences conjugales, viols, incestes, tout ce que la société occidentale a de pire et que ces tribus n'avaient pas connu avant la colonisation : voilà l'héritage de la mission civilisatrice de l'homme blanc visible encore deux siècles après.
Et pourtant, ce roman reste plein d'espoir et laisse entrevoir la capacité de ces autochtones à la résilience en transformant leur souffrance personnelle et transgénérationnelle pour renaître à eux-même.

Si ce récit m'a parfois pris à la gorge avec ce narrateur omniscient très pertinent (des vacances appréciables de ce "je" narratif trop égocentrique et à la mode depuis quelques années à mon goût), confrontant et cru mais aussi intéressant car j'ai appris des choses sur l'histoire du Canada également. Certaines scènes du roman me révulsent encore (plus de quinze jours après sa lecture!) L'avenir me dira si elles me hanteront encore comme celles du roman de son défunt compatriote anglophone.
J'ai aussi aimé l'écriture directe et travaillée de Michel Jean qui lui donne une place et une voix à part dans le cercle des écrivains autochtones.

Désormais j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cet écrivain, et j'ai déjà beaucoup conseillé celui-ci.
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