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EAN : 9782021538878
192 pages
Seuil (15/09/2023)
4.1/5   255 notes
Résumé :
Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage.
Il a fait 10 ans de prison.
À sa sortie, rejeté par les siens, il prend la direction de Montréal où il rejoint rapidement une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles.
Il y rencontre les jumelles innuk Mary et Tracy, Jimmy le Nakota qui distribue des repas chauds au square Cabot, au cœur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais très envie de lire ce roman et puis avec l'interview de Michel Jean sur Babelio c'est devenu une évidence. Partir à la rencontre des peuples autochtones, de leurs histoires, de Montréal et plus particulièrement du Square Cabot et de ses sans-abris. Ce sont les ombres de Montréal, ignorées des citadins.
Tiohtiá:ke c'est l'histoire d'Élie qui a purgé une peine de dix ans de prison pour le meurtre de son père et est banni à vie de sa tribu. Il a peur du monstre en lui et cache son secret, au gré de ses rencontres et avec un coup de pouce du destin nous découvrirons une belle personne.
Michel Jean raconte l'histoire de ces peuples du Canada, on leur a pris leur terre, leurs enfants, on a tué leurs chiens (ça je l'ignorais) pourtant ils sont toujours là, se reconstruisent, réapprennent leur mode de vie ancestral, font face à l'alcoolisme, aux piqueries et au racisme.
Dans Tiohtiá:ke, ils n'ont rien mais sont là les uns pour les autres, et c'est peut-être le plus important cette entraide.
C'est aussi un rapport à la nature omniprésent :
« du gris et du bleu. du roc et de l'eau. Entre les deux, là où le continent s'arrête, vivent six cents âmes dans un décor dantesque.
Démesurée, la nature déconcerte ceux qui viennent du sud. L'horizon prend de la distance, impose un silence à la fois beau et terrifiant. »
Et puis c'est l'écriture de Michel Jean empreinte de poésie, qui témoigne d'une dure réalité mais est porteuse d'espoir.
Merci aux éditions Seuil et à sa collection Voix Autochtones pour ce coup de coeur.
#Tiohtiá:ke # NetGalleyFrance
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Tiohtià:ke un titre étrange? Il s'agit simplement du nom de Montréal en langue mohawk, un lieu habité depuis bien longtemps par les membres des Premières Nations, mais dans lequel ils sont présents, mais semblent devenus invisibles.

Condamné pour meurtre à 18 ans, l'Innu Élie sort de prison dix ans plus tard. Il ne peut cependant pas retourner dans sa communauté de la Côte-Nord, car la conséquence d'un meurtre y est le bannissement. Il se réfugiera dans la grande ville anonyme de Montréal où il peinera à trouver sa place. Mais il fera des rencontres précieuses, comme des jumelles du Grand Nord, des habitants d'un campement de fortune et des bénévoles généreux qui deviendront des amis qui l'aideront à accepter le passé et à affronter l'avenir.

Un roman qui n'est pas une grande oeuvre littéraire, mais qui n'en est pas moins un livre essentiel, car il met ses lecteurs et lectrices en contact avec des membres de différentes communautés des Premières Nations devenus à Montréal des « itinérants », des « sans domicile ». Il lève aussi le voile sur les difficultés liées à la consommation d'alcool et de drogue, sur les problèmes sociaux et les conflits familiaux dans les communautés isolées et sur le peu d'intérêt accordé aux victimes lorsqu'elles sont pauvres et vivent dans la rue.

Un texte qui refuse cependant de s'apitoyer et de chercher des coupables. Il faut plutôt trouver des pistes pour survivre et définir son identité sans idéaliser « la vie d'avant ».
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Vite lu, ce roman relatant la condition des Indiens du Québec, pas reluisante pour un sou !
Beaucoup boivent, sont violents, parce qu'ils ont perdu leurs racines : ceux qui se retrouvent à Montréal et ne peuvent en repartir, faute d'argent et de travail, et ceux qui sont restés parqués dans les réserves, sans plus avoir la possibilité de chasser et de se nourrir par eux-mêmes, dépendant de la charité des Blancs.

Nous suivons particulièrement quelques années de la vie d'un jeune Innu, après sa sortie de prison car condamné pour le meurtre de son père, jusqu'à sa rédemption, peut-on dire.

J'ai très moyennement aimé ce roman, alors que « Kukum » du même auteur m'avait vivement intéressée. Même si son style est clair et imagé, je n'ai pas trop adhéré à la narration qui, à mon humble avis, survole trop. Et puis tout est écrit au présent, ce qui donne un petit côté de distanciation, alors que, justement, je suppose que l'auteur voulait le contraire.

Le titre du roman est difficile à prononcer alors que la couverture est magnifique.
Mais si un jour je vais à Montréal, je penserai très certainement aux Autochtones, souvent dédaignés et méprisés par les Blancs, alors que ceux-ci leur ont fait tellement de mal !
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Tiohtiá:ke (Montréal) de Michel Jean est l'histoire d'Élie Mestenapeo qui, après purgé dix ans de prison pour avoir tué son père et chassé par son clan, deviens par la force des choses un itinérant à Montréal. L'auteur nous parle de ces enfants qui, mal aimé, en manque de devenir, finir par se retrouver en itinérance dans les rues de Montréal. Une belle et triste histoire que l'auteur nous offre sur ces gens qui étaient ici avant nous. Quand on m'enseignait l'histoire du Canada au primaire, on nous parlait des Hurons, des Iroquois et des Récollets venus en Nouvelle France convertir ces peuplades que l'on disait sauvage. Peut-être que ces peuples étaient plus près de Dieu que nous ne le serons jamais. Avec ce roman, j'ai découvert qu'ici au Québec, une multitude de peuples longtemps ignoré par nos élites et que nous commençons cinq siècles plus tard à découvrir. Un bon roman et la fable du vent et de la feuille donne la mesure du talent de l'auteur. D'autres lectures de cet auteur vont suivre, soyez en sûr.
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Montréal, de nos jours. Elie sort de prison. Il vient d'y passer une décennie, c'est un homme brisé qui n'a plus de repère et que personne n'attend : c'est donc dans les rues de la ville qu'il vivra désormais. Dans cette infortune il croise d'autres personnes que la vie a malmenées et continue de briser lentement. Comme lui, beaucoup de ces personnes échouées dans les parcs, les squats et les trottoirs de Montréal sont des Autochtones.

Au fil des pages de ce court roman, Michel Jean lance des upper cut avec des vérités crues sur le sort des descendants de ceux que le gouvernement canadien a envoyé dans les pensionnats.
J'ai été totalement captivée par ce récit que j'ai dévoré en deux jours. Non seulement parce qu'il aborde des thèmes qui me touchent particulièrement, mais aussi parce qu'il m'a donné l'impression de revivre ma lecture de Jeu Blanc - une de mes meilleures lectures en 2020 - avec la subtilité que Michel Jean commence son récit là où Richard Wagamese l'a arrêté, en choisissant de parler des descendants et des conséquences du traumatisme subit par leur aïeux sur eux. Familles dysfonctionnelle et hautement toxiques, addiction, violences conjugales, viols, incestes, tout ce que la société occidentale a de pire et que ces tribus n'avaient pas connu avant la colonisation : voilà l'héritage de la mission civilisatrice de l'homme blanc visible encore deux siècles après.
Et pourtant, ce roman reste plein d'espoir et laisse entrevoir la capacité de ces autochtones à la résilience en transformant leur souffrance personnelle et transgénérationnelle pour renaître à eux-même.

Si ce récit m'a parfois pris à la gorge avec ce narrateur omniscient très pertinent (des vacances appréciables de ce "je" narratif trop égocentrique et à la mode depuis quelques années à mon goût), confrontant et cru mais aussi intéressant car j'ai appris des choses sur l'histoire du Canada également. Certaines scènes du roman me révulsent encore (plus de quinze jours après sa lecture!) L'avenir me dira si elles me hanteront encore comme celles du roman de son défunt compatriote anglophone.
J'ai aussi aimé l'écriture directe et travaillée de Michel Jean qui lui donne une place et une voix à part dans le cercle des écrivains autochtones.

Désormais j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cet écrivain, et j'ai déjà beaucoup conseillé celui-ci.
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Plus l'hiver avance, plus le temps semble ralentir dans la rue. Quand le jour se lève enfin, la température ne monte pas. Élie a connu le froid dans le bois. Moins trente même. Mais en ville, l'air glacial s'insinue sous les vêtements les plus chauds et s'amuse à ronger les humains.
Marcher dans Montréal leur permet de se réchauffer, mais ils se résignent à chercher un abri plus sûr que leurs tentes. Tous les refuges sont pleins. L'humidité transperce les os, bleuit les chairs. Élie sent la peur le gagner. A-t-il passé au travers de tout ce qu'il a vécu pour mourir de froid dans une ville insensible ?
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Le paysage défile, et Élie caresse le bracelet en peau de caribou décoré de perles de verre que Lisbeth a fabriqué et qu'elle lui a donné ce matin à son départ. Autrefois, les femmes apprenaient cet art de leur mère et de leur grand-mère. Mais c'était avant que le gouvernement du Québec oblige les Inuit à abandonner leur vie nomade et les regroupe de force dans des villages où les maisons préfabriquées ont remplacé les igloos, où les monotoneiges ont pris la place des traîneaux et des chiens, et où les gens noient maintenant leur mélancolie dans l'alcool, la drogue et toutes les violences que l'homme blanc a apportées dans son sillage.
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3
PORT-CARTIER
La porte du pénitencier se referme derrière lui et il se retrouve seul pour la première fois depuis son incarcération. Le soleil jette à travers les nuages une douce lumière. Le temps humide s'est chargé des odeurs de foin.

" Vous avez payé votre dette à la société, Monsieur Mestenapeo "
Que savait ce juge à propos de sa dette ? Dix ans de réclusion, voilà le prix de sa liberté selon les Blancs . Pour les Innus, c'est le bannissement à vie de sa communauté. . Une sentence définitive . Jugé coupable du meurtre de son père, il ne pourra jamais retourner chez lui.
Debout face au vide, Élie respire à peine. Il aimerait pleurer, mais ses yeux restent secs. Même son âme lui refuge le droit au chagrin.
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5
LA VILLE
Pour Élie Mestenapeo, qui n'a jamais vu une grande ville , Montréal semble à la fois effrayante et décevante. Effrayante, car il n'a aucun repère. Tout ici lui est étranger. Décevante parce qu'elle n'est qu'une infinie succession de bâtiments anonymes, de rues sales et de visages indifférents à ce qui les entoure.
.... Des promeneurs et des touristes déambulent sans se presser sur la rue Sainte-Catherine , réservée aux piétons à cet hauteur. Jamais il n'a été entouré d'autant de monde et, pourtant, jamais il ne s'est senti aussi seul.
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Élie regarde la bouteille dans sa main. Il n'a pas bu une goutte d'alcool depuis dix ans. Depuis cette nuit-là. La dernière passée chez lui. Il retire le bouchon. Le liquide crépite au fond de sa gorge. Il repense à la prison où la drogue circule presque librement. Il en a pris à l'occasion, mais elle le perturbait plus qu'elle ne l'aidait à oublier, et il a fini par y renoncer. De toute façon, sur la réserve, il préférait boire plutôt que de fumer de la marijuana, comme beaucoup de ses amis le faisaient quotidiennement. Il avale une autre goorgée et, en fermant les yeux, il peut presque se retrouver sur la réserve, respirer le parfum des épinettes et celui de la mer.
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A l'occasion de la parution de 'Tiohtiá:ke [Montréal]' (Seuil), l'auteur Michel Jean nous présente en quelques mots son livre, à travers la critique d'une lectrice Babelio.
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