AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de colimasson


Malgré un style imbuvable qui tient soit de la traduction, soit de la langue allemande, soit du titre de Prix Nobel de l'écrivain, Elfriede Jelinek a des choses à dire et ça sonne, bien que différemment, comme un Buko qui regrette tout, tout en n'en ayant rien à foutre de tout.


Puisqu'on ne se marie plus pour créer des liens sacrés, puisqu'on ne se marie plus pour fonder une entreprise à deux, puisqu'on ne se marie plus pour survivre misérablement ensemble, puisqu'on ne se marie plus du tout, il faut quand même bien que quelque chose vienne à la place de ce qui était là de tout temps dans notre civilisation. Dans cette histoire, un homme s'unit à une femme dans l'espoir d'obtenir la propriété. Il veut posséder. Pas la femme, il la possède d'emblée, il s'en fout. Non, il veut se baraque, et la femme le sait mais elle se dit : quand même, ce n'est pas possible, je vais lui donner ce qu'il ne sait pas encore vouloir, je vais être son illumination. La femme y croit, à l'amour, contrairement à l'homme qui peut s'en passer. Comme disait Lacan, l'amour c'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas et quand on aime, ça marche quand même, on accepte ce rien dont on n'a pas besoin avec bonheur, mais quand on n'aime pas ça énerve à un point pas croyable, on dit qu'il nous pompe vraiment l'air l'autre. L'homme finit par s'énerver, alors cette maison, quand c'est qu'elle est à moi ? Il n'a pas que ça à faire, il n'a pas qu'elle dans la vie, il a aussi son épouse (une épouse classique qui elle, au moins, n'éprouve plus la torture des sentiments puisque le mariage les a détruits pour toujours, une emmerde de moins) et Gabi, seize ans au compteur, elle finira d'ailleurs au fond d'un lac rempli de déchets ménagers.


« de nos jours, il va de soi que nous avons un métier et que nous sommes indépendantes. J'en ai écrit des choses là-dessus, et c'était parfaitement inutile. »


La femme libérée resterait ainsi une enfant éternelle. Son amour ne s'arrête jamais, mais ce n'est jamais pour le même. Son amour la fait souffrir à chaque fois, mais au moins elle ne pense à rien d'autre et elle accepte tout. Parfois, elle va même travailler. Comme ça elle peut quitter le dernier pour s'en chercher un autre sans être dans la dèche. C'est bien, oui, mais ça ne va sans doute pas changer grand-chose.


« Je récapitule mais, comme toujours, je n'arrive pas à tenir le fil et le laisse choir au dernier moment, boum : la femme veut se sentir en sécurité et pourtant libre. Elle veut sentir beaucoup d'autres choses encore, je suis désolée, ce n'est pas possible. Elle veut que ce type lui dicte sa conduite comme ses chers parents l'ont fait, je suis désolée, ce n'est pas possible. »
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}