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Claire de Oliveira (Traducteur)
EAN : 9782757800751
436 pages
Points (24/08/2006)
3.15/5   26 notes
Résumé :
Titre VO : Gier, publié en 2000.

Une jeune fille est retrouvée noyée dans un lac autrichien, ficelée dans une bâche. Du travail en perspective pour les gendarmes... Elle en fréquentait justement un dont la seule passion est la propriété, celle des femmes mûres vivant seules qu'il arrête sur les routes et séduit dans l'espoir de se voir léguer tous leurs biens. Satire d'un monde encore primitif, ce faux roman policier ne traite pas simplement de la g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Malgré un style imbuvable qui tient soit de la traduction, soit de la langue allemande, soit du titre de Prix Nobel de l'écrivain, Elfriede Jelinek a des choses à dire et ça sonne, bien que différemment, comme un Buko qui regrette tout, tout en n'en ayant rien à foutre de tout.


Puisqu'on ne se marie plus pour créer des liens sacrés, puisqu'on ne se marie plus pour fonder une entreprise à deux, puisqu'on ne se marie plus pour survivre misérablement ensemble, puisqu'on ne se marie plus du tout, il faut quand même bien que quelque chose vienne à la place de ce qui était là de tout temps dans notre civilisation. Dans cette histoire, un homme s'unit à une femme dans l'espoir d'obtenir la propriété. Il veut posséder. Pas la femme, il la possède d'emblée, il s'en fout. Non, il veut se baraque, et la femme le sait mais elle se dit : quand même, ce n'est pas possible, je vais lui donner ce qu'il ne sait pas encore vouloir, je vais être son illumination. La femme y croit, à l'amour, contrairement à l'homme qui peut s'en passer. Comme disait Lacan, l'amour c'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas et quand on aime, ça marche quand même, on accepte ce rien dont on n'a pas besoin avec bonheur, mais quand on n'aime pas ça énerve à un point pas croyable, on dit qu'il nous pompe vraiment l'air l'autre. L'homme finit par s'énerver, alors cette maison, quand c'est qu'elle est à moi ? Il n'a pas que ça à faire, il n'a pas qu'elle dans la vie, il a aussi son épouse (une épouse classique qui elle, au moins, n'éprouve plus la torture des sentiments puisque le mariage les a détruits pour toujours, une emmerde de moins) et Gabi, seize ans au compteur, elle finira d'ailleurs au fond d'un lac rempli de déchets ménagers.


« de nos jours, il va de soi que nous avons un métier et que nous sommes indépendantes. J'en ai écrit des choses là-dessus, et c'était parfaitement inutile. »


La femme libérée resterait ainsi une enfant éternelle. Son amour ne s'arrête jamais, mais ce n'est jamais pour le même. Son amour la fait souffrir à chaque fois, mais au moins elle ne pense à rien d'autre et elle accepte tout. Parfois, elle va même travailler. Comme ça elle peut quitter le dernier pour s'en chercher un autre sans être dans la dèche. C'est bien, oui, mais ça ne va sans doute pas changer grand-chose.


« Je récapitule mais, comme toujours, je n'arrive pas à tenir le fil et le laisse choir au dernier moment, boum : la femme veut se sentir en sécurité et pourtant libre. Elle veut sentir beaucoup d'autres choses encore, je suis désolée, ce n'est pas possible. Elle veut que ce type lui dicte sa conduite comme ses chers parents l'ont fait, je suis désolée, ce n'est pas possible. »
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Une fois encore Elfriede Jelinek règle ses comptes avec son pays, avec un esprit ironique (elle a sous titré son livre roman de divertissement) et corrosif, avec force et conviction. Elle nous dépeint la campagne de Carinthie, province d'origine de Georg Haider, ses habitants et leurs petits arrangements. Au centre du récit un homme, gendarme, Kurt Janisch. Obsédé par le désir de s'enrichir, de posséder, il se sert de l'attirance qu'il provoque chez des femmes seules plus très jeunes. Sa profession lui permet de savoir beaucoup de choses, qui possède quoi, qui n'a pas d'enfants, et d'entrer en contact. D'emblée il est en mesure d'instaurer une relation de domination, grâce à son uniforme, aux amendes qu'il inflige. Et il arrive à déclencher une forte attirance sexuelle, qu'il utilise au maximum, dans un rapport sado-masochiste, dans le but de se faire remettre de l'argent, et transmettre les biens.

Il a ce type de rapport avec une femme au moment des événements évoqués dans le roman, mais il a aussi engagé une liaison avec une jeune fille de moins de 16 ans, qu'il utilise aussi pour humilier sa maîtresse plus âgée, mais qui commence à lui causer du soucis : elle le menace d'ébruiter leur liaison. Il l'assassine et jette le cadavre dans un lac. Il finira par émerger, mais personne parmi les habitants ne semble avoir vu quoi que ce soit, ou eu le moindre soupçon à l'endroit de Janisch. Il faut dire que c'est lui-même qui interroge les habitants, ce qui bien évidemment ne délie pas les langues.

Ce petit résumé peut sembler relativement simple et logique, cela l'est beaucoup moins dans le roman. Celui se présente comme un monologue, d'une narratrice non identifiée (l'auteure ?) qui distille quelques informations sur la marche des choses, quelques faits tangibles, mais qui les entrecoupe de digressions diverses, de petits bouts de conversations, de ressentis de tel ou tel personnage, de références littéraires. Sans oublier de longues scènes décrivant les pratiques sexuelles de Janisch, la dépendance qu'il crée chez ses victimes. le tout dans une chronologie aléatoire, nous circulons dans le temps au gré des envies de la narratrice.

C'est forcément un livre déroutant, dérangeant, pas réellement plaisant à lire. Néanmoins, il laisse une trace, provoque des interrogations, peut susciter un débat. Mais j'aurais du mal à le conseiller, tant il demande un effort, et peut provoquer le rejet.
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Lividité, lucidité. avidité d'Elfriede Jelinek, c'est une réflexion sur le désir immodéré du corps de s'approprier d'autres corps : corps et biens, corps humains, cadavres d'animaux, corps liquides, corps solides qui puissent nous loger. L'homme dans cette histoire séduit des femmes seules, des femmes sans ressources avec ressources, dans le but de s'emparer de leur maison parce qu'il collectionne les maisons bien qu'il n'en ait pas une seule en sa possession. Comme dans le film de Lars von Trier, The House that Jack Built, il n'y va pas de main morte pour atteindre son objectif cet homme. Il en vient pour s'acheter la première maison de sa collection à vendre son corps (son âme, c'est déjà fait) au plus offrant. La sexualité cru(elle), à caractère pornographique, n'a en rien empêché l'obtention d'un Nobel.

En même temps, n'ayant lu qu'un seul livre de Jelinek, j'ai comme le pressentiment que l'ensemble de ses oeuvres fait corps, et que le Nobel ne peut être que mérité. En effet, dans avidité, on a quelques mises en bouche de la Pianiste, d'Enfants des Morts, de Lust, etc. Ce qui donne envie de lire l'ensemble pour voir ce qui les relie tous les uns aux autres ces livres. En fait, j'ai comme l'impression d'avoir lu un livre à qui on a retiré la vie, de m'être retrouvée avec un corps sans organes entre les mains. Aussi, je me demande si les organes ne sont pas éparpillés dans les autres livres de Jelinek. Il serait certes intéressant de recomposer ce cadavre, bien qu'il soit sans doute impossible de lui redonner vie, d'autant plus qu'il a pris l'eau ce cadavre. En effet, on apprend dès la quatrième de couverture d'avidité qu'« Une jeune fille est retrouvée noyée dans un lac autrichien, ficelée dans une bâche. ». A la Twin Peaks. Tout comme par une absence de vie, par un grand vide. Morbide.

Un cadavre emballé dans une bâche en plastique, normalement, il ne peut pas s'agir d'un accident ni d'un suicide. On se dit qu'on se lance dans un bon polar là. Et puis très vite, on se rend compte que Jelinek mène l'enquête oui mais pas vraiment sur le meurtre. D'ailleurs, elle en vient même à transformer le meurtre en suicide ET en accident ( mais par quel tour de passe-passe bon sang?) Et puis, l'auteur jette la responsabilité sur à peu près tout le monde. C'est un peu sa faute à elle, déjà, parce que l'auteur d'un polar ne tue-t-il pas ses personnages ? le lecteur n'est-il pas son complice ? Et puis c'est la faute de tous les autres personnages aussi, parce qu'ils ne sont pas intervenus mais l'auraient-il pu ? C'est aussi la faute de la société et l'Autriche en prend pour son grade. Quant à la bâche en plastique, n'est-elle pas l'auteur d'un crime ? Déjà le plastique, ça pollue l'eau du lac. Et le lac autrichien, on en parle de ce lac, plus que suspect, avec ses eaux dormantes, plus que morbides ? Tout est à décomposer chez Jenilek car tout se décompose, les éléments, les corps, les morts, les mots.
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Le plus rude de Jelinek . Une plongée dans une vision d'une noirceur extréme qui peut choquer les non avertis . Cette hstoire n'a aucune pitié , ne sombre pour autant jamais dans le glauque et reste en phase avec l'objectif de l'auteur qui est de délivrer le plus pertinent polaroid de l'ame humaine sous tout ces visages . Magistral mais attention , pour adultes avec réserve .
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Qui réussit à lire cette incessante logorrhée?
J'ai stoppé après 80 pages et j'ai pas envie d'y retourner.
Je n'arrête pas souvent un livre en cours de route mais là plouf !
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Pour bien s'y prendre avec les femmes, il faut connaitre le secret. Il n'est pas absolument nécessaire d'être médecin pour éventrer les gens, mais il est préférable de l'être si l'on veut dénicher le serpent logé dans le ventre, ce vilain serpent qui nous a jadis induit en tentation [...].
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Quand la gendarmerie veut obtenir des renseignements, elle n'a qu'à entrer d'un air autoritaire et elle n'est pas sans le savoir, elle qui sait toujours tout ; dans presque une maison sur deux se trouve une femme esseulée qui rêve d'ouvrir sa porte au premier venu ; s'il pouvait venir enfin, nous serions au moins deux, et plus tard, la mort viendra peut-être elle aussi. Et là, ce sera sympathique comme tout.
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Il suffit de poser la main sur la nuque ou le cou des femmes avec la tendresse d’un hypnotiseur et elles renversent la tête en arrière comme des chevaux, découvrent leurs dents et mouillent à tel point que de l’écume jaillit par tous leurs orifices. Nul ne les voit rêvasser à leurs amours défuntes. Mais tout le monde les voit aspirer à un nouvel amour que voici déjà. Quelle chance que j’aie tout de même pris la voiture. Ô voiture japonaise de classe moyenne et de couleur claire que l’on a vue sur les lieux du crime ! La langue pointe hors de la bouche ouverte, elle veut être matraquée par une autre langue, où est la limite ? Les lèvres veulent encore s’attarder longtemps à l’endroit où la chose s’est produite et échanger encore davantage de caresses, à croire que cela se passe comme dans un petit roman à l’eau de rose ; du fer-blanc contre des chaînes en or, des bagues et des bracelets, de même que l’on a donné de l’or pour du fer, où est la limite ?
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Ce moi féminin, oui, je vois maintenant que c’est un véritable moi ; depuis quelques années seulement, depuis qu’il y a une ministre spécialement pour lui mais que l’on a hélas remerciée, ce moi féminin est habitué, voire encouragé par les journaux à prendre des décisions de son propre chef. Il frappe alors une fois et jette son dévolu sur l’homme qu’il a sous les yeux, qui le dérange, fait couler des larmes et risque de tout casser sans même avoir besoin de palabrer. Il lui suffit d’être là. Je me bats pour toi, dit la femme. Non merci, il ne fallait vraiment pas, dit l’homme.
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Haïr n'est pas une bonne chose, mais commencez par me dire qui, et je pourrai vraiment déterminer si c'est bien ou mal. Certains y trouvent l'énergie dont ils ont besoin, elle vient tout droit du dieu de la guerre s'abattre comme mars en carême sur le corps de l'être humain jusqu'à ce qu'il s'en aille à vau-l'eau.
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