Le pays sans lune

Une grande déception que cet ouvrage, affublé sur les stands d'un bandeau "british award fantasy"... Et bien je voudrais bien dire deux mots aux jurés de cet 'award', parce que franchement, il n'est pas mérité ce titre.

Le style de l'auteur est laborieux. Déjà, le fait d'insérer au milieu du texte des phrases en italiques censées refléter les pensées des personnages mentionnés dans la phrase d'avant (souvent des quidams lambdas dont on nous donne des tranches de vie et/ou des pensées, pas souvent pertinentes, pas vraiment intéressantes) est déconcertant. Ca plus le fait qu'il n'y ait pas de chapitres, mais plutôt des bouts de pensées censées rythmer le récit (je suppose), mais ça donne à l'ouvrage une structure... Expérimentale, qui nuit tout à fait la lecture (car ce n'est pas seulement cosmétique, c'est aussi gênant...).

Pourtant, au final, l'histoire est plutôt pas mal, quoique classique, mais pour arriver à la lire dans la plume de cet auteur, il faudra déployer des torrents de patience, parce que la substantifique moëlle de l'intrigue est noyée dans des considérations chiantes (disons-le) ou la narratrice prend le lecteur à partie, et c'est franchement fatigant, et même pire, en ce qui me concerne, ça m'a sorti de l'histoire. Ca plus les réflexions de l'auteur/narratrice directement adressées au lecteur, et ça, c'est juste insupportable (du style : "blablabla, il regarde une image pornographique tombée d'un charriot, et c'est une image représentant seulement des hommes [WINK WINK], mais il aime bien ça car dans la société du pays sans lune on est bien plus tolérant que dans ton monde [à toi lecteur]"). Je ne sais pas ce que c'est que cette mode déplorable de donner des leçons de morale au lecteur, mais ça fait plusieurs livres que je m'inflige qui font ça et j'ai du mal à le supporter. S'il y a une histoire digne d'être racontée, racontez-la, sans prendre le lecteur à partie pour moraliser ou je ne sais quoi. En plus ces changement de style de narration arrivent comme ça sans crier gare...

J'oublie aussi le moment ou l'auteur, pour expliquer que les tortues de son univers sont télépathes, ne trouvent rien de mieux pour expliquer le concept que de faire dire à sa narratrice : "c'est un peu comme le téléphone pour toi" (c'est pas écrit pour toi lecteur, mais le ressenti est le même...). Qu'est-ce que c'est que cette fainéantise intellectuelle ? L'auteur pourtant a du talent, puisque l'histoire principale (celle du 4ème de couverture, qui m'avait traitreusement attiré vers l'ouvrage) est sympa, mais trop délayée dans des effets de style fatigants en plus d'être inutiles...
Bref. J'ai laborieusement atteint la moitié du roman à force de volonté, mais je cale, et je vais arrêter les frais là. En parlant de frais, je l'ai un peu en travers de la gorge, vu le prix de ce livre pocket... Certes il y a de nombreuses pages à lire, mais j'aurais préféré un livre plus court et plus digeste, pour le prix, parce que là j'ai l'impression d'avoir jeté un billet à la poubelle...

A éviter, si vous êtes assez inspiré pour lire les avis avant d'investir chez votre libraire...