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Critique de Cyril_lect


Il y a bien longtemps, alors que j'errais dans les travées du CDI du collège où je venais d'arriver, je suis tombé sur ces cinq titres de François Johan : Les Chevaliers de la Table Ronde.
Je les ai lu à l'époque dans une sorte de transe dévoratrice d'ouvrages. Ils me laissèrent une impression puissante. Non pas une lecture fondatrice, mais tout d'un coup une porte s'ouvrait sur quelque chose de beaucoup plus grand.

Ils furent les premiers d'une longue série d'ouvrages lus (et achetés)...
Je ne raconterai pas ici le contenu de ces ouvrages, nous les connaissons tous. Et pourtant, chaque nouvelle parution est une recréation car la matière arthurienne (ou de Bretagne) est avant tout une matrice à histoires. Lorsque Chrétien de Troyes fixe l'histoire de Perceval, il est déjà l'héritier d'une longue tradition orale dont on ne peut qu'imaginer qu'elle charriait déjà une multitude d'histoires toujours différentes, de versions toujours semblables et toujours renouvelées. Il faut se libérer du fantasme du texte originel dont tous les autres découleraient. Il n'y a pas de version "vraie" et toutes les autres seraient de plus ou moins bonnes adaptations. Chaque nouvel ouvrage s'inscrit dans une tradition d'écriture collective et chaque auteur est l'héritier des versions précédentes dont il reprend ou abandonne tel ou tel motif. On pourrait alors faire une longue liste de tous les auteurs qui, à un moment où un autre, ont repris à leur compte et ont enrichi l'univers arthurien en le modelant à leur vision du monde : J. Cocteau, G. Appolinaire, J. Gracq, M. Morpurgo, T.H. White, B. Cornwell, M.Z. Bradley...

Cette réception est renforcée par les extraordinaires images de Raymond Monneins. Il a composé des gravures qui renvoient à un monde "boschien". Ces gravures n'illustrent pas, elles sont énigmatiques, elles montrent tout en cachant, elles ne redisent pas le texte, elles l'évoquent. Elles propulsent l'imaginaire du lecteur, non pas dans l'univers convenu de la représentation médiévale, mais dans un monde mythique, au sens littéral du terme.

Je n'ai jamais compris pourquoi, depuis le début des années 90, cet illustrateur a été remplacé par d'autres qui ne lui arrivent non pas à la cheville, mais ne serait-ce qu'à l'orteil...

La suite sur le blog
On trouvera donc les textes de François Johan constamment réédités depuis une trentaine d'années. Je ne sais pas s'ils ont été "retouchés" depuis, et je n'ai pas vraiment envie de savoir.
En revanche, sur les sites de vente d'ouvrages d'occasions, on trouve encore (il suffit de changer le numéro de 1 à 5 dans la recherche pour trouver les cinq exemplaires) cette vieille et magique version, celle de François Johan et Raymond Monneins, dans la collection L'ami de poche, chez Casterman...
Alors par où commencer dans cette multitude de parutions ?
À ma connaissance, il n'y a pas de meilleure initiation à la littérature arthurienne que d'ouvrir un ouvrage de François Johan.
En cinq tomes, ils balisent un monde intemporel qui débute avec la naissance de Merlin et qui s'achève avec la mort d'Arthur.
Mais surtout, quelle langue ! François Johan est un magicien des mots : une langue brève et poétique, concise et évocatrice. Ici, tout n'est pas dit, le texte est comme un éclat, une réverbération, une inspiration dont on ne perçoit que l'écho. À rebours d'une conception de la littérature de jeunesse qui dirait tout simplement, François Johan ne dit pas tout, mais laisse tout apparaitre.


Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
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