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Critique de Galirad


Suite à un étranglement par le cordon ombilical à la naissance, Alexandre Jollien est né lourdement handicapé. Pour lui, les gestes simples du quotidien accomplis sont, à chaque fois, des prouesses renouvelées. Il ne se pose pourtant pas en victime, mais ne peut s'empêcher d'éprouver une cruelle fascination pour le corps des autres hommes, investis à ses yeux, de la perfection dont il se sent privé.
Afin de parvenir à se libérer de son insatisfaction, voire de sa jalousie et de laisser plus libre cours à sa joie de vivre, il a commencé, il y a trois ans déjà, la rédaction d'un journal intime sur le thème des passions. Il ausculte et dissèque avec une honnêteté désarmante, ce qui est plus fort que lui, plus fort que nous, ce qui résiste au mental, comme la colère, la convoitise, la tristesse ou même l'amour, en un mot, les passions. Malgré sa connaissance des textes de maîtres à penser, tel que Sénèque, Montaigne, Spinoza ou Nietzsche, il reconnait sa difficulté à insérer la philosophie au sein de l'affectivité qui le dévore. Dans ce livre, le long de cent courts paragraphes, il part à la recherche du détachement et tente de trouver comment assumer ses débordements psychiques. Il s'observe, décrit tout ce qu'il ressent, même ce qu'il y a de moins valorisant en lui. Il raconte, au jour le jour, les exercices spirituels qu'il s'enjoint, pour tenter de se libérer du ravage causer par ses passions. Les réponses qu'il apporte alternent avec des remarques extérieures recueillies par le biais d'un micro-trottoir et de réponses que lui envoient des amis par SMS. Il confronte sa différence à la normalité tant désirée pour l'apprivoiser progressivement afin qu'elle cesse de l'obnubiler et de le faire souffrir.
A partir d'une expérience individuelle douloureuse, Alexandre Jollien, dans un style simple et plein d'une remarquable finesse, arrive à rendre compréhensible à tous, que chacun en soi, nous portons la capacité réelle à ne pas se laisser dévorer par les doutes et les passions C'est peut être parce que tous ces mots à écrire lui coûte un effort considérable de la conception à la transcription, qu'il parvient à les charger, chacun à leur façon d'un message positif et subliminal… Ce qui est fascinant dans ces quelque deux cent pages, c'est qu'un ouvrage aussi personnel puisse, pourtant, tenir de l'universel. Merci, Monsieur Jollien, d'avoir réussi à nous livrer ce maillage de pensées où se répondent, tout à la fois, celles de nos contemporains, les vôtres et celles issues de notre héritage philosophique collectif. Incontestablement, c'est du grand art que ne renieraient ni un Socrate et encore moins un Montaigne !
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